Pub
S'abonner à la newsletter
Pub

vendredi 20 septembre

Jeu-concours au musée départemental d’Epinal pour mettre en lumière un tableau

Il suffit de réaliser une oeuvre à partir de la description du tableau

0 commentaire

0

Écouter cet article

Le Conseil Départemental et la Société des Amis du musée organisent un concours intitulé « Liberté d’ Expressions » destiné à mettre en lumière un tableau qui doit faire son retour au Musée mais dont l’identité est pour le moment tenue secrète.

En effet, avant que le tableau ne soit officiellement exposé au public, la Société des Amis des Musées et de la BMI en collaboration avec le Musée Départemental d’Art Ancien et Contemporain proposent aux sculpteurs, peintres, vidéastes, dessinateurs et photographes de réaliser une œuvre à partir de la description du tableau faite par le poète Richard Rognet* et la romancière Jeanne Cressanges**.

Les œuvres réalisées pourront être déposées à la billetterie du musée départemental d’art ancien et contemporain à Epinal jusqu’au 1er juin 2015.
La remise des prix aura lieu le jeudi 18 juin à 18h30 au musée départemental.

Les récompenses :

Pour les moins de 18 ans :
Le 1er prix, toutes disciplines confondues, recevra 500 euros en bons d’achat

Pour les plus de 18 ans
Le 1er prix, toutes disciplines confondues recevra 1 000 euros.

Le texte de Jeanne Cressanges**

Il était une fois… L’aube d’une journée de début de printemps met un soupçon de rose dans un ciel nuageux au-dessus de collines encore grises. A peine une promesse de feuilles sur les branches d’arbrisseaux embués de brume. Elle, elle s’est échappée de sa tour aux fenêtres closes, vêtue d’une longue chemise d’un gris bleuté presque transparente sur laquelle elle a jeté une tunique blanche qui laisse deviner de beaux seins, un ventre et des cuisses tels qu’on les voit chez les grandes Vénus romaines. Elle n’a même pas pris le temps de se chausser, laissant à nu ses pieds dont l’un fâcheusement déformé chez une femme aussi jeune. Aurait-elle essayé de porter le soulier de satin  qui comprime les élans des sens ?  Pourquoi cette hâte à sortir ? Avait-elle rendez-vous hors de la ville qu’on devine au loin, encore  pétrifiée de sommeil sur  l’île  d’une rivière ou d’un lac, avec cet homme d’or et de pourpre, un jeune faucon porté sur son gant ? Lui, il était en avance, sans doute. Sa tenue est soignée, des bottes noires au chapeau rouge en passant par une robe qui semble sortir des mains d’un orfèvre et une barbe blonde bien taillée. Relevant d’une main son manteau, il s’apprête  à plier le genou devant elle. A moins qu’il ne cherche à lui dévoiler une jambe puissante…Ne nous égarons pas. Si, au sujet de l’oiseau, je parle d’un « jeune faucon » c’est que la façon dont l’homme le tient m’a rappelé l’affaitement pratiqué autrefois par les nobles mais, à première vue, ce drôle de volatile m’a paru être un pigeon…Et pourquoi n’en serait-ce pas un qu’il va tendre à la Belle en hommage d’amour ?
Qu’on ne dise pas qu’une fois de plus mon imagination romanesque m’égare ! J’ai des preuves de ce que j’avance. Voyez comme la dame le regarde, troublée,  main posée sur le cœur! Si elle tend vers lui une sorte de palme c’est bien pour cueillir l’oiseau,  acceptant ainsi son gage d’attachement.
Mais quel est donc ce personnage de second plan en habit ecclésiastique qui, agenouillé derrière eux, mains jointes, semble surveiller le jeune seigneur ?  Voilà qui confirme mes dires. Cet homme de Dieu s’effraie de voir les jeunes gens réunis et supplie le prétendu fauconnier de ne pas franchir la faible distance qui le sépare de sa dame. Mouvement qui pourrait le conduire à la prendre dans ses bras pour déposer pigeon et baisers dans le doux nid de sa gorge…Cet amour serait-il interdit ? A-t-il une épouse en son logis ? Serait-elle mariée ? N’imaginons pas le pire : l’adultère…Une différence de rang social entre lui et elle ? Certes, il a plus noble allure qu’elle, mais elle porte couronne ! Sans doute ce moine ou chanoine ou curé a-t-il  l’expérience de la vie – celle des autres. Il sait que le désir peut conduire au péché de chair entre célibataires de même condition. Elevant entre eux le mur de ses prières, il souhaite leur éviter le faux pas. Mais peut-il empêcher l’oiseau de remplir son amoureuse mission réduisant à néant ce  barrage de saintes paroles ?
Lui a un prénom insolite. Passe encore ! On trouve bien des Adelphe, des Venceslas, des Bénard dans le calendrier, mais elle ! Je ne peux me  résoudre à l’appeler ainsi. Je la nommerai Barbara. Nous sommes enfin en pays connu. Voici la dame en noir, pour une fois de clair vêtue, chantant  de sa voix grave qui bouleverse l’âme : « Mon plus bel amour, c’est toi ! » Comment pourrait-il résister à un tel aveu ? Foin des prières, des distances, des prudences : ces deux là vont s’aimer !
Surtout, ne prenez garde au titre du tableau. Les peintres sont d’aimables hypocrites. Pour enivrer leurs pinceaux, eux-mêmes et nous, spectateurs de leur théâtre intérieur, en toute quiétude et rassurer les bien- pensants, ils donnent des noms de dieux ou déesses, de saints ou de saintes, à des corps dont les beautés, les grâces ou les déchéances ne  sont pourtant dues qu’à leur nature humaine. Les « vierge allaitant l’enfant » leur ont permis de nous faire jouir de bien craquants décolletés ! Et voyez leurs si séduisants « saint Jean-Baptiste » alors qu’on sait qu’il était moche et pouilleux. Je ne parlerai pas de leurs « sainte Marie-Madeleine » qui, le plus souvent, feraient damner un saint ! Quant à la date à laquelle cette toile a été peinte, ignorez-la. Si elle est d’hier, elle est d’aujourd’hui, puisque ce tableau nous amène encore à nous raconter des histoires.
Le poème de Richard Rognet*

Nous sommes paisibles, nous le voulons,
obstinément, nous ne crierons pas,
nous ne gémirons pas devant la noirceur
qui guette nos seuils, nos maisons,
nos chambres où tant de rêves
ont murmuré avec nos paroles vivantes,
nous connaissons le prix
d’un bouquet rapporté
d’une promenade, léger bouquet
qui porte en lui l’épaisseur
des prés et celle des nuages,
nous savons que la vie ne se reconnaît pas
dans l’usure des jours accumulés
sur nous, nous savons aussi
qu’un regard hostile, une parole
de travers, un coup mal détourné,
peuvent rendre à jamais une prière vaine,
mais nous restons paisibles,
trop d’impasses nous ont fourvoyés
ou jetés au-devant d’une nuit
dont nous ne voulons pas
qu’elle souille et trahisse
nos ultimes aurores.

Richard Rognet
Informations pratiques :

Musée départemental d’art ancien et contemporain
1, place Lagarde
88 000 Epinal
Tél. : 03 29 82 20 33
Mail : musee-mdaac@cg88.fr

Les Amis du Musée et de la BMI
BP 359
88 009 Epinal cedex
Mail : amis-des-musees-epinal@orange.fr

Règlement déposé chez SCP Gassmann, Pepe et Gilles, huissier de justice, 20 quia des Bons Enfants 88 000 Epinal

0 commentaire

Laisser un commentaire