La doreuse Anne Dufala embellit les œuvres par la noblesse de l’or. A l’occasion des journées européennes du patrimoine, elle expose son savoir-faire au musée départemental d’art ancien et contemporain d’Epinal.
La dorure est une pratique qui demande de la patience, de la rigueur et beaucoup de dextérité manuelle. Installée dans les Vosges à Deyvillers, la doreuse Anne Dufala est passionnée par les objets qu’elle restaure. « Il y a une vingtaine d’étapes à chaque fois pour mener à bien un ouvrage. On n’a pas le droit à l’erreur » explique la doreuse.
Le savoir-faire de la dorure à la détrempe s’utilise uniquement sur le bois, enduit de plusieurs couches de colle de peau de lapin et de la craie. « La colle de peau de lapin est ancienne. Elle est aqueuse et réversible, c’est ça qui nous intéresse dans la restauration d’objets. La craie c’est un pigment très fin, beaucoup plus que le plâtre par exemple. » commente Anne Dufala.
Ces deux mélanges vont former un enduit qui sera très fin et sur lequel, on va pouvoir coller la feuille d’or. « 70% de notre métier c’est de la restauration des enduits. Commence ensuite le travail de dorure » atteste la doreuse qui va détremper les enduits chargés de colle avant d’appliquer la feuille d’or.
« C’est très difficile à travailler »
« On fait bien attention à ne jamais toucher la feuille d’or. C’est très difficile à travailler. On utilise le souffle pour l’aplatir, avec le pinceau, on vient rechercher l’électricité statique de la joue pour la transporter sur l’objet. Elle pèse un micron et est extrêmement volatile. » explique la doreuse qui est émerveillée à chaque fois par les objets qui passent entre ses mains. « On a envie de revoir la pièce dans un bel état. »
Une technique inventée par les doreurs français pour Louis XIV
Au XIXème siècle va apparaître une deuxième technique appelée la mixtion. Elle permet de dorer une plus grande surface, mais offre une finition matte. « La technique de la dorure à la détrempe a été inventée par les doreurs français pour Louis XIV. » note Anne Dufala. Avec cette technique, le but recherché, c’est la finesse extrême. « On peut faire plusieurs finitions brillantes » poursuit-elle.
En France c’est au XIVe siècle que les premiers cadres font leur apparition, mais c’est au XVIe siècle que l’on commence à y mettre de l’or en feuille. Il faudra attendre le XVIIe siècle et le XVIIIe pour qu’elle soit employée plus couramment.
C.K.N.
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