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dimanche 22 septembre

Un cordonnier spinalien condamné à vendre son commerce

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René Gilbert Marolle dit Rémy, installé à Epinal depuis 1997

Le cordonnier René Gilbert Marolle dit Rémy, est installé dans le rue De Lattre de Tassigny à Epinal depuis 2008. Dans la vitrine de sa boutique, une grande banderole « condamné à vendre ». Celui-ci doit mettre sa boutique en vente à cause de la suppression  de son allocation handicapé par la MDPH, La Maison Départementale des Personnes Handicapées.

La situation est kafkaienne ! René Gilbert Marolle dit Rémy ne décolère pas. Il a perdu sa pension d’adulte handicapé, obtenue en 2003 suite à plusieurs accidents du travail car il fait trop d’heures dans son commerce de cordonnerie selon la MDPH, La Maison Départementale des Personnes Handicapées. « Ça fait 40 ans qu’on m’embête constamment. On me reproche même de ne pas prendre de congés. Je n’arrive pas à comprendre qu’on n’encourage pas les gens à travailler. On préfère avoir des gens assistés » commente l’artisan installé depuis 2008 dans la rue de Lattre de Tassigny et depuis 1997 à Epinal.

Contraint de cesser son activité et de revendre

Son allocation de 540 euros lui a donc été retirée en octobre 2016. « Pour eux, je fais trop d’heures, ils voudraient que je fasse 15 heures par semaine, mais c’est impossible. On ne peut pas fermer un commerce comme cela » explique le cordonnier qui a demandé à voir le texte de loi sur ce sujet, mais n’a toujours pas réussi à se le procurer.

L’artisan a envoyé une lettre ouverte au Président de la République pour lui expliquer sa situation.

René Gilbert Marolle a aussi contacté les élus locaux : Michel Heinrich, Stéphane Viry et même François Vannson, qui a téléphoné personnellement pour l’assurer de sa compréhension.

Le cordonnier a du mal à joindre les deux bouts avec peu de recettes de son commerce et se retrouve donc contraint de le vendre pour retrouver son allocation. « Je veux travailler pour subvenir à mes besoins, mais on m’en empêche. » déplore-t-il. Un acheteur s’est manifesté pour reprendre le commerce. L’artisan reste dans l’attente d’une réponse du Président de la République, Emmanuel Macron et de la MDPH.

C.K.N.

La lettre ouverte envoyée aux politiques :

« Affligé d’une sanction irréversible suite à la décision que la MDPH a prit à mon encontre, je me soustrait à vous demander si dans vos programmes électoraux vous n’avez pas une fois de plus oubliés ces personnes que l’on qualifient d’handicapés plutôt que fragilisées physiquement et que l’on met indignement dans des cases. Pour ma part je ferais trop d’heures, de quoi je ne sais pas, je sais seulement qu’elles ne me permettent pas d’en vivre. Je vous détaille mon cas , sachant pertinemment ne pas être le seul malheureusement. Et vous dans votre programme vous envisagez quoi pour nous citoyens français dans le besoin?

1978, accident de travail, licenciement en 1979 pour inaptitude à mon poste, décision de la médecine du travail. Je retrouve un emploi succinctement à la MVM de Mattaincourt comme ouvrier, suite aux multiples interventions chirurgicales réparatrices de l’accident de 1978 je suis à nouveau remercié en 1984 après décision de la médecine du travail malgré tous les efforts dans mon travail afin d’obtenir le poste de responsable. Je retrouve un emploi de stagiaire pratique en mécanique auto et moto période durant laquelle de nouvelles interventions chirurgicales me sont imposées. En 1986 à nouveau remercié par la décision de la médecine du travail.

Puisque tous les emplois que j’ai pu contracter m’étaient refusés par la médecine du travail je prends la décision d’ouvrir un commerce soit la gérance d’une station service FIna. J’ai du suivre une formation à Paris pour obtenir le droit d’exercer. Tout était pour le mieux, hélas un grave accident de la route arrive en Novembre 1989. Comas stade 3 dépassé pendant 1 mois et demi ainsi que multiples fractures. Mon affaire subit mon absence et bien malgré moi j’ai du cesser toutes activités le 17 Décembre 1990 afin de suivre une dure rééducation. Malgré tout, mon ambition reste la même, je dois subvenir à mes besoins et celui de mon enfant. Je retrouve un poste en Mars 1991 comme simple ouvrier chez Feu Vert et je terminerais une fois de plus remercié en Janvier 1997 toujours suite à une décision de la médecine du travail. En Avril de cette même année, mais avec 2 enfants et un troisième à venir, je n’ai pas le choix je dois travailler.

J’achète un fond de cordonnerie, je lutte, je m’acharne, et je survis malgré tous les obstacles entre d’autres interventions chirurgicales. En 2003 l’aide tant attendue m’est accordée. On reconnait mes efforts face à la difficulté et l’allocation d’adulte handicapé m’est versée. mais là, dérisoire, je fais trop d’heures. Heures de quoi? J’ignore, je sais seulement que je ne peux en vivre,  la seule certitude reste pour moi cet acharnement à me poser dans une case.

Je vais donc vendre mon commerce, à perte vu la conjoncture, mais comment estimer 20 longues années de sa vie à travailler pour travailler, se donner un but, montrer à ses enfants, à ses petits enfants pour quand même se faire descendre. Là je ne rentre plus dans les cases.

Espérant un minimum d’échos de votre part , une éventuelle solution à mon désarrois, recevez mes salutations des plus distinguées. »

René Gilbert Marolle

 

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Epinal

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Un cordonnier spinalien condamné à vendre

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