Comme on pouvait s’y attendre, le duo qui préside cette année le jury long-métrage du Festival International du Film Fantastique a lancé les réjouissances avec humour et sobriété (quoique…). Benoît Delepine aura été le premier des deux « présignols » à prendre la parole pour annoncer qu’il avait surtout peur du public présent sous ses yeux (« En fait, j’ai peur de vous ! »), voire même de ses petits camarades du jury. Une « peur » qui provoquerait selon ses dires une consommation importante de rafraîchissements alcoolisés… Une annonce faite avec nonchalance, approximation maîtrisée, provoquant les éclats de rires de la salle (à l’exception peut-être de quelques personnes n’ayant pas accès au second degré) avant de laisser son comparse proclamer l’ouverture officielle du festival. Un discours « plein d’émotion » annoncera lui aussi avec malice le speaker habituel de l’événement. Simple, efficace, après tout c’est bien pour voir des films que l’on se déplace à Gérardmer malgré les éléments qui se déchaînent avec ce vent et surtout cette poudreuse qui n’en finissait pas de tomber toute la journée… Mais on ne va pas se plaindre, au moins les festivaliers et les membres du jury auront le droit à un vrai décor de film d’horreur !
Quelques minutes auparavant, parole avait été donnée aux officiels : François Vannson pour le Conseil Départemental des Vosges qu’il préside, Yves Séjourné représentant la Région Grand Est, le président de l’association du festival Pierre Sachot qui a vanté la richesse et la diversité de l’événement, le légendaire Pierre Chouchan, éminence à l’origine du festival qui a fait l’honneur de sa présence, et bien sûr Jean-François Duval, l’élu gérômois qui a toujours grand plaisir a disséquer le thème de chaque édition le tout avec la verve qu’on lui connaît… Tomber dans la facilité n’est pas son genre, il n’avait donc pas souhaité atténuer la vision pessimiste évoquée par l’affiche, ni aborder les trop nombreux périls qui menacent l’humanité. Non, ce dernier sait garder son sang froid, il ne tenait pas à « tirer le serpent à sonnette d’alarme » et c’est tout à son honneur.
Après tout de même une petite excursion sur les terres de la divinité égyptienne Apophis et tout le mal qu’on lui connaît, puis un petit tour du côté du premier adultère de l’histoire de l’humanité, c’est d’Homo Sapiens qu’il fut question dans son allocution sinueuse, mais surtout pas tortueuse… Et plus précisément de révolution cognitive du Sapiens en question, révolution que l’on peut aisément transposer, selon lui, au microcosme du festival, lieu où se distille les histoires, où l’art joue un rôle essentiel dans cette dissémination, avec ses symboles, son imaginaire, ses lieux de cultes, ses sanctuaires, ses adorateurs, ses dieux, son panthéon, ses légendes… Festival qui est la preuve éclatante que nous sommes des Sapiens et que la révolution a (aura ?) bien lieu. Était-ce là une incitation à rejoindre la grande secte du festival de Gérardmer ? Il n’y a qu’un pas que l’on ne franchira peut-être pas. Est-ce là une invitation à s’amuser, contempler, méditer dans les salles obscures et les salles d’exposition, loin de tout obscurantisme ? Assurément !
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