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dimanche 24 novembre

Les industriels lorrains exaspérés face aux possibles coupures de courant

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electriciteDans une lettre ouverte en date de ce mercredi 15 décembre, adressée au préfet de Région et aux préfets des départements lorrains, le président de l’UIMM Lorraine Hervé Bauduin relaie « la consternation et l’indignation des industriels lorrains par les informations relatives à de possibles délestages sur les réseaux électriques. »

« Tout d’abord ces informations sont imprécises et ne leur permettent en aucun cas de prévoir, d’anticiper les conséquences de coupures. Ils savent qu’elles seraient informées avec quasi-certitude la veille à 17 heures pour le lendemain. Dire dans les deux jours qui précèdent que peut-être il y aura délestage et qu’il y aura mais on ne sait pas dans quelle zone, c’est crier au loup sans l’avoir vu. Que voulez-vous sérieusement qu’un chef d’entreprise fasse de cette information ?

Habitués à gérer leurs entreprises avec rigueur et proactivité, ils s’étonnent de l’amateurisme qui caractérise le traitement de ce sujet. Lorsqu’ils posent des questions ils sont effarés de certaines réponses. Ainsi, par exemple, s’entendre dire qu’en ce qui concerne le personnel il ne pourra pas y avoir de recours au chômage partiel en cas de coupure montre tout simplement la réalité de la considération et de l’intérêt porté à l’industrie au-delà des discours lénifiants de soutien. L’industrie taillable et corvéable à merci reste une variable d’ajustement. Le tertiaire et le citoyen demeurent peu ou pas sollicités sauf par incantation. Ils en paieront les conséquences mais à moyens et longs termes. Il sera bien tard pour juger les coupables et on dénoncera les chefs d’entreprise avec une facilité coutumière.

Dois-je rappeler que depuis de nombreuses années des gouvernements, des ministres, ont saboté (il n’y a pas d’autres mots) la production d’électricité française, essentiellement nucléaire, qui avait l’immense avantage de fournir une énergie abondante, toujours disponible, compétitive (une des moins chères d’Europe et du monde) et très décarbonée, pour nous mettre à la remorque de pays comme l’Allemagne dont la politique énergétique est un fiasco complet ? En effet non seulement ce pays a dépensé des milliards d’euros dans cette politique, mais il reste de loin un des principaux émetteurs de CO2 équivalent par kWh produit et il a mis l’Europe dans une situation de dépendance à la Russie pour le gaz. Sans cette politique nous n’aurions pas les surcoûts actuels. Qu’a-t-on négocié en échange de cette soumission ? Quel dogme mortifère avons-nous promu ? peu nous importe.

Les chiffres sont là, têtus. Chaque jour, à chaque instant la France est un des plus faibles émetteurs de CO2 par kWh produit. Malheureusement nous devons maintenant importer de l’électricité ce qui dégrade notre bilan de CO2 par kWh consommé. Ajoutons que l’entreprise la plus polluante de notre territoire bien loin devant des industries du domaine privé, est la centrale Emile Huchet de Saint-Avold, récemment réouverte. Enfin l’industrie française a été dans les trente dernières années le principal contributeur de la baisse de consommation d’électricité. Elle n’a pas attendu des injonctions professorales pour travailler sa sobriété énergétique.

Aujourd’hui pour faire face aux conséquences de l’incurie de nos politiques énergétiques, on ne trouve pas meilleure idée que d’envisager de mettre en danger l’industrie, par ailleurs secouée et gravement menacée par les surcoûts de l’énergie auxquels ces mêmes politiques ont mené. C’est ce qu’on appelle la double peine !
Quant au principe des manœuvres envisagées, couper l’alimentation électrique en prévenant la veille une entreprise industrielle montre toute l’incompétence et la méconnaissance de la réalité du monde industriel de ceux qui en imaginent la possibilité. De la même manière que la conduite en ville d’un véhicule automobile est plus gourmande qu’une conduite sur route, à cause du démarrage à froid et des nombreux arrêts et redémarrages (application élémentaire des règles de la conservation de mouvement et de l’inertie) un arrêt de processus de production ou de systèmes de chauffage aura le même impact. Pire, après une coupure tous ceux qui l’auront subie redémarreront en même temps et créeront ainsi un appel de besoin électrique bien supérieur à celui qu’ils généreraient en restant en fonctionnement stable.

Ajoutons à ces évidences les risques sur les biens et les personnes au redémarrage d’installations généralement toujours sous tension. De plus dans beaucoup de cas un arrêt de deux heures se traduirait aussi par un arrêt réel beaucoup plus long à cause de remontées en température de bains de traitement, de fours de séchage ou de traitement, de redémarrage de machines avec le nécessaire réchauffement des huiles hydrauliques. Que dire des processus continus qu’il faudrait arrêter avant la coupure pour les vider et éviter la perte de l’en-cours de production, si le délai de prévenance le permet, et ensuite recharger pour reprendre un rythme de production normal. Dans ce cas on peut dépasser la journée d’indisponibilité des processus. Ce ne sont que quelques exemples. La liste exhaustive serait longue mais relativement aisée à faire pour quelqu’un qui comme moi est ingénieur de formation et a passé plus de quarante-deux ans à piloter des ateliers de production, à diriger des services techniques puis à diriger des entreprises industrielles, très exportatrices et soumises à la concurrence internationale. Ce dernier point est important, notamment dans notre région dont l’industrie est très exportatrice, avec des sites à capitaux étrangers importants.

Notre région produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Son industrie est sa colonne vertébrale économique et sociale. Elle est très exportatrice.
Elle est donc très fortement soumise à la concurrence mondiale. Par ailleurs elle supporte des charges beaucoup plus élevées que ses compétiteurs. Elle appartient en partie à des groupes étrangers (allemands surtout) et dépend de leurs décisions pour leurs investissements et pour leur avenir. Elle vient de perdre l’avantage compétitif du coût de l’énergie. Elle va subir les baisses d’activité dans la filière automobile consécutives à des plans non négociés de transition énergétique, mal planifiés et sans approche systémique.

Pour toutes ces raisons nous, industriels lorrains, sommes exaspérés et nous disons non aux coupures de courant pour les entreprises industrielles. Nous souhaitons réellement et sincèrement collaborer avec la puissance publique. Mais nous ne pouvons que refuser de participer à des simulacres de préparation. Nous laissons l’Etat et le réseau de distribution d’électricité assumer les conséquences des actions qu’ils décideront de prendre. Nous les dénoncerons publiquement avec faits et chiffres et nous envisagerons alors toute possibilité de recours. »

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