Antibiotiques, antidouleurs…La pénurie de médicaments s’aggrave dans les Vosges comme dans toute la France.
Lors d’un passage en pharmacie, l’un des médicaments dont vous aviez besoin n’était pas disponible ? Le département des Vosges n’est pas épargné par la pénurie de médicaments.« Cela fait de nombreuses années que nous sommes confrontés aux ruptures médicamenteuses, mais en cette fin d’année 2022, nous arrivons à un paroxysme. » explique Antoine Sauce, pharmacien dans une officine dans les Vosges.
Les pharmaciens alertent depuis plusieurs semaines sur des ruptures de stock de médicaments. Selon l’ANSM, 2160 références de médicaments étaient concernées en 2021, contre 871 en 2018. En 2022, le phénomène s’est aggrové, puisqu’à la mi-août, les ruptures d’approvisionnement concernaient 12,5 % des références, contre 6,5 % en janvier, d’après le Gers (Groupement pour l’élaboration et la réalisation de Statistiques, un groupement d’intérêt économique des industries pharmaceutiques françaises).
De quels médicaments manquent les pharmacies vosgiennes en ce moment ?
Dans les Vosges, les pharmacies manquent essentiellement d’amoxicilline, qui est un antibiotique très commun, mais aussi de paracétamol, l’antidouleur commercialisé sous les noms de marque Doliprane, Dafalgan ou encore Efferalgan et plus particulièrement le Doliprane pédiatrique.
« Bien entendu, face aux ruptures, nous prévoyons des stocks en conséquence afin de fournir la population au mieux. Malheureusement les ruptures durent parfois trop longtemps pour que nous puissions faire tampon. » poursuit le pharmacien vosgien.
Pourquoi manque-t-on de médicaments ?
« Les causes sont multiples, Il y a par exemple de nombreux sirops antitussifs qui subissent des tensions d’approvisionnement à cause des épidémies massives de covid-19, de grippe, et autres infections respiratoires sur le plan international. Mais aussi et surtout des médicaments essentiels tels que les antibiotiques (amoxicilline en premier chef et de nombreux autres par effet domino), les corticoïdes par voie orale comme la prednisolone ou la bétaméthasone, et notre molécule antipyrétique (NDLR : contre la fièvre) irremplaçable : le paracétamol, surtout dans ses formes pédiatriques sirops et suppositoires. » commente le pharmacien vosgien.
80 % des substances actives utilisées pour produire ces médicaments sont fabriquées hors d’Europe, principalement en Chine ou en Inde. Dès qu’il y a une tension internationale sur les acheminements, ou la production, c’est toute la chaine qui subit le manque de médicament.
« Bien que l’assemblage des médicaments soit parfois réalisé sur le territoire français ou européen, les principes actifs sont majoritairement produits à l’autre bout du monde en Inde et en Chine. Sur une molécule donnée, il suffit qu’une de ces usines ait un problème pour que la production globale du médicament soit impactée pour tous les industriels. » poursuit Antoine Sauce.
Une triple épidémie qui n’arrange rien
Une pénurie accentuée par la triple épidémie qui touche le pays : grippe, Covid-19 et bronchiolite. Dans les pharmacie, les patients affluent avec des pathologies hivernales. La demande en médicaments est donc beaucoup plus forte.
Les pharmaciens doivent en permanence proposer une autre forme et ajuster la posologie.
C.K.N.
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