Alors que l’on se dirige tout droit vers une nouvelle baisse des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage, les élus des CMA dont celle des Vosges expriment leurs plus vives inquiétudes sur l’avenir de cette formation qui a pourtant fait toutes ses preuves.
Le réseau des CMA alerte sur les risques comme sur les conséquences dramatiques que cette nouvelle baisse ne manquera pas d’avoir sur l’apprentissage dans l’artisanat.
Si CMA France est favorable à une régulation de la dépense afin de garantir la soutenabilité du système, nous défendons également l’idée que l’apprentissage dans l’artisanat est un investissement pour l’avenir. C’est la raison pour laquelle le calcul des niveaux de prise en charge des formations doit s’appuyer sur l’élaboration d’une stratégie et d’une méthodologie, et non sur un seul pourcentage de baisse pondéré permettant d’aboutir à un certain niveau d’économie.
En effet, ce mode de calcul arithmétique et unilatéral ne permet pas :
– De valoriser la performance des formations et leur impact sur l’emploi des jeunes, alors que toutes les études montrent que ce sont les formations de premier niveau de qualification qui ont l’impact le plus fort sur l’emploi ;
– D’élaborer une véritable stratégie de formation répondant aux besoins de certains secteurs (branches) ou territoires ;
– De mesurer l’impact sociétal : maintien de l’emploi, de l’activité, et donc de l’attractivité ;
– De prendre véritablement en compte les effets de l’inflation dont l’impact est majeur : entre 2021 et 2023, le coût de la formation des apprentis a augmenté de 18 % dans notre réseau.
France compétences a diffusé le 7 juillet une liste de recommandations avec l’objectif de conduire à une baisse globale de 5 % de la dépense de financement de l’apprentissage. Or, très concrètement, cette nouvelle baisse, cumulée aux différentes augmentations de charges, va engendrer pour la plupart des formations dispensées un déficit que notre Centre de Formation des Apprentis ne sera pas en mesure de supporter !
C’est donc la qualité de l’apprentissage, mais aussi et surtout l’existence même de notre Centre de Formation des Apprentis, et de ses 15 sites de formation, qui est directement menacée. Alors que le gouvernement affiche la volonté d’atteindre le million d’apprentis à l’horizon 2027, cette décision vient en totale contradiction avec l’objectif !
S’il faut faire des économies, et nous ne le contestons pas, nous pensons qu’il faut d’abord intervenir sur les formations qui dégagent le plus de profits et produisent le moins de bénéfices en matière d’insertion dans l’emploi. C’est précisément ce que préconise la Cour des comptes dans son tout récent rapport.
Par conséquent, nous demandons :
– Le report de la baisse des niveaux de prise en charge (NPEC) ;
– L’ouverture d’une réelle concertation sur le financement de l’apprentissage en France, afin de définir des niveaux qui soient à la fois soutenables et conformes aux objectifs stratégiques précisés par l’État et les branches professionnelles.
« La réforme de la formation professionnelle de 2018 a été porteuse d’un essor sans précédent pour l’apprentissage. Notre engagement dans cette voie a porté ses fruits de manière significative. Malgré la crise sanitaire et économique, nos effectifs n’ont cessé de croître, positionnant notre Centre de Formation des Apprentis régional comme premier formateur de Nouvelle-Aquitaine avec 12 700 apprentis formés en 2023. Ce projet de baisse, tel que présenté par France compétences, aura pour conséquence de mettre un coup d’arrêt à la formation professionnelle dans une période où pourtant de nombreux secteurs sont en tension. Il y a un risque majeur de casser un outil performant qui a pourtant fait toutes ses preuves. Il est urgent de revoir la méthode de calcul envisagée. Des solutions existent et des économies sont possibles. Il convient d’ajourner la baisse envisagée et d’ouvrir une réelle concertation sur le financement de l’apprentissage en France. L’apprentissage est une chance pour notre société et notre pays. Il est impératif de préserver sa dynamique », souligne Joël Fourny, président de CMA France
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