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samedi 23 novembre

Affaire Evelyne Rivat : 45 ans après, sa famille attend toujours des réponses

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En février, la famille d’Evelyne Rivat a installé cette pancarte en hommage à la jeune femme.

 

Le 26 mai 1978, Evelyne Rivat, une jeune femme de 19 ans originaire de Méménil, suit des études de secrétariat de direction à Mulhouse. Comme chaque week-end, elle doit rentrer chez ses parents qui tiennent un bar dans sa commune. Habituellement, elle fait le trajet en voiture avec un ami, mais ce jour-là, celui-ci est retenu au travail, la forçant à prendre le train. Son voyage va malheureusement prendre un tournant tragique.

 

Après un trajet en train jusqu’à Belfort, Evelyne rate sa correspondance pour Épinal. Elle décide alors de patienter au Buffet de la Gare, un bar de la ville. De là, elle tente de contacter ses parents pour les informer de son retard. Malheureusement, ceux-ci ne sont pas disponibles et c’est son oncle qui prend l’appel. Ce dernier note le numéro du bar pour que ses parents puissent la rappeler. Cependant, une erreur dans la transcription du numéro retarde les échanges. Lorsque ses parents réussissent enfin à joindre le bar, Evelyne est déjà partie. C’est la dernière fois que la jeune femme sera vue vivante.

Le 14 juin 1978, près de trois semaines après sa disparition, deux agents d’EDF découvrent son corps dans la forêt de Tannière, située à proximité des communes de Jarménil, Cheniménil et Archettes. Evelyne Rivat est retrouvée presque nue, le visage tuméfié et portant de nombreuses fractures. Le rapport du médecin légiste établit qu’elle a été violemment battue, mais ne permet pas de confirmer un viol, bien que la scène de crime, avec des vêtements éparpillés sur 150 mètres, semble le suggérer. En revanche, sa valise et son sac sont absents du lieu de la découverte.

L’enquête est rapidement lancée. Plusieurs témoins affirment avoir vu Evelyne au bar de Belfort, mais aucun ne peut préciser comment elle est partie. Un employé du débit de boisson se souviendra que la jeune femme a discuté avec des militaires présents eux aussi au Buffet de la Gare. Quelques jours plus tard, la valise et le sac de la victime sont retrouvés à plus de 70 kilomètres de la scène de crime, en contrebas d’un aqueduc à proximité de Quers. Les autorités se retrouvent face à de nombreuses questions sans réponses. Après quatre ans d’investigations, en 1982, un non-lieu est prononcé.

Quelque temps après, une lettre anonyme d’un corbeau relance l’affaire. L’auteur prétend connaître la vérité sur la mort d’Evelyne Rivat et désigne un homme, fournissant même son numéro de plaque d’immatriculation. Selon lui, Evelyne serait montée à bord du véhicule et le conducteur lui aurait fait des avances auxquelles elle aurait réagi violemment. Ce dernier l’aurait alors frappée. L’individu désigné par la lettre est rapidement retrouvé et interrogé. Mais la piste n’ira pas plus loin. Cependant, les enquêteurs s’interrogent sur l’identité du corbeau et se demandent s’il ne pourrait pas être le véritable coupable. Ils l’invitent à se manifester à nouveau, mais il ne donnera plus jamais signe de vie.

Une seconde piste est évoquée, celle d’un homme présent au bar des parents d’Evelyne à Méménil au moment de l’appel passé par la jeune femme à son oncle. Celui-ci se serait de nouveau présenté au bar le lendemain de la disparition d’Evelyne Rivat et présentait des griffures au visage.

Toutefois, la piste a été écartée : il paraissait incompatible que cet homme ait pu faire le trajet de Méménil jusqu’à Belfort le soir même tout en retrouvant Evelyne sur place, alors qu’à l’époque, les téléphones portables n’existaient encore pas.

Un autre témoignage est venu se greffer à l’affaire, celui d’une femme gérante d’un bar-discothèque localisé à Jarménil, à environ 3 kilomètres du lieu de la découverte du corps. Elle affirme avoir vu Evelyne Rivat accompagnée d’un homme le jour de sa disparition. Elle décrit les vêtements que portait la jeune femme le jour de sa disparition et l’homme qui l’accompagnait. Aujourd’hui, la famille de la victime souhaiterait accéder au dossier d’instruction pour retrouver ce témoignage et tous les éléments de l’enquête menée à l’époque pour refaire le parcours d’Evelyne, mais la demande faite auprès du Tribunal d’Epinal par voie officielle reste en suspend depuis le mois de mai 2024.

L’affaire Evelyne Rivat est marquée par l’absence d’ADN, une technologie qui n’était pas encore disponible à l’époque du crime. En 1991, un nouveau non-lieu est prononcé, plongeant la famille dans un profond désespoir. Pourtant, 45 ans après les faits, certains membres de la famille continuent de réclamer des réponses.

En Alsace, une autre affaire similaire s’est déroulée à la même période : Isabelle Fisch, retrouvée morte le 1er janvier 1978, un mois après sa disparition. Elle aussi était âgée de 19 ans et a été retrouvée dans une forêt. L’autopsie d’Isabelle Fisch révèlera qu’elle a subi un coup de poing à la tempe et son viol sera confirmé.

Ainsi, la possession du dossier d’instruction par la famille d’Evelyne Rivat permettrait de faire une demande de transfert au pôle Cold Case de Nanterre (cellule DIANE) pour que des analyses ADN soient effectuées sur les scellés si ceux-ci ont été conservés et pour éventuellement faire le lien avec d’autres affaires criminelles similaires.

Aujourd’hui, la famille d’Evelyne Rivat continue d’honorer sa mémoire. En février 2024, deux pancartes ont été installées à l’endroit où le corps de la jeune femme a été retrouvé : une première au bord de la route reliant les communes de Jarménil et de Cheniménil et une seconde, là où le corps d’Evelyne a été découvert. À l’initiative d’une cousine proche, ces pancartes comportant des photographies d’Evelyne permettent aux locaux de ne pas oublier cette affaire non résolue et maintiennent l’espoir d’obtenir un jour un témoignage, même 45 ans après.

La deuxième pancarte située au bord de la route reliant les communes de Jarménil et de Cheniménil.

Cold Case

Evelyne Rivat

Forêt de Tannière

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