Le célèbre tableau « Job raillé par sa femme », chef-d’œuvre du peintre lorrain Georges de La Tour, s’invite dans l’espace public spinalien… mais pas comme vous l’imaginez. Jusqu’au 30 avril, les trottoirs de la « Cité des Images » accueillent une série de photographies étonnantes qui détournent avec poésie et audace cette œuvre du XVIIe siècle.
Douze portraits grandeur nature ont investi les panneaux publicitaires habituellement dévolus à la consommation, pour y insuffler un souffle d’humanité et de réflexion artistique.
Tous ces clichés reprennent la posture et la mise en scène de « Job raillé par sa femme », dans une atmosphère crépusculaire, éclairée à la simple lumière vacillante d’une bougie.
Un atelier participatif et inclusif
Ce projet original est né d’un atelier participatif organisé en octobre dernier par le MUDAAC (Musée départemental d’art ancien et contemporain d’Épinal), gardien de l’œuvre originale. Il a été conduit sous l’œil sensible du photographe professionnel Denny Hohmann, qui a su capter toute l’intensité des regards et des gestes de ses modèles.
Parmi la quarantaine de portraits réalisés, douze ont été sélectionnés pour cette exposition à ciel ouvert. Et ce ne sont pas des mannequins professionnels qui ont pris la pose, mais des habitants d’Épinal et des environs, de tous âges et de toutes conditions : enfants, adolescents, familles, personnes âgées en Ehpad, mineurs non accompagnés soutenus par l’association ADALI, ainsi que des personnes en situation de handicap du foyer ADAPEI88. Tous ont revêtu des costumes d’époque pour se glisser, le temps d’un cliché, dans la peau de Job ou de sa femme.
Une relecture contemporaine d’un chef-d’œuvre baroque
À travers cette démarche, le MUDAAC et Denny Hohmann offrent une relecture contemporaine et inclusive de l’œuvre de Georges de La Tour. Le face-à-face silencieux entre Job et sa femme devient ici une métaphore du lien, de l’endurance, du regard porté sur l’autre, à la lumière des enjeux d’aujourd’hui.
Cette initiative artistique s’inscrit dans une volonté de rapprocher l’art du quotidien, en le sortant des murs du musée pour l’inscrire dans le tissu urbain et social. Elle interroge aussi sur la manière dont nous réinterprétons notre patrimoine à travers les expériences et les visages d’aujourd’hui.
Une exposition éphémère, à voir jusqu’au 30 avril
Visible dans toute la ville jusqu’à la fin du mois, cette exposition invite les passants à porter un autre regard sur leur environnement, et à s’arrêter, le temps d’un instant, devant ces portraits habités d’histoire, de lumière et de vie.
Un jeu de correspondances visuelles et émotionnelles s’instaure entre le passé et le présent, entre le tableau et la photo, entre Georges de La Tour et les Spinaliens d’aujourd’hui.
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