Les forêts françaises, longtemps considérées comme un précieux allié dans la lutte contre le changement climatique, voient leur rôle de « puits de carbone » s’affaiblir. Selon les résultats 2025 de l’Inventaire forestier national (IFN) publiés par l’IGN, les forêts libèrent désormais plus de carbone qu’elles n’en stockent.
Un tournant historique, conséquence directe du réchauffement climatique, de la multiplication des sécheresses et de la hausse inquiétante de la mortalité des arbres.
Une forêt qui s’étend, mais qui s’épuise
Bonne nouvelle en apparence : la forêt française continue de s’étendre. Elle couvre désormais 17,6 millions d’hectares, soit 32 % du territoire – contre 16,2 millions en 2010.
Mais cette croissance cache une dégradation silencieuse. Les forêts subissent de plein fouet les canicules répétées, les maladies fongiques et les attaques d’insectes ravageurs. Résultat : la mortalité des arbres a augmenté de 125 % en dix ans.
Les essences les plus touchées sont bien connues :
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🌲 l’épicéa commun, victime d’épidémies de scolytes,
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🌳 le frêne, décimé par la chalarose,
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🌰 le châtaignier, affaibli par plusieurs maladies.
Aujourd’hui, 5 % du volume de bois sur pied correspond à des arbres morts.
8 % des arbres sont altérés
Selon l’indicateur DEPERIS, intégré à l’inventaire depuis 2021, 8 % des arbres français présentent des signes d’altération ou de dépérissement.
Les régions du Nord-Est sont les plus affectées, avec des frênes et des châtaigniers particulièrement fragilisés.
La croissance biologique des forêts a reculé de 4 % en moyenne depuis 2015, un signe clair du stress que subissent les écosystèmes.
Un puits de carbone en recul
Entre 2005 et 2013, les forêts françaises captaient environ 63 millions de tonnes de CO₂ par an.
Sur la période récente (2015-2023), ce chiffre tombe à 39 millions de tonnes, soit une baisse de près de 40 %.
Dans certains massifs, notamment à l’est du pays, la mortalité et les coupes sanitaires dépassent désormais la production naturelle. Cela signifie que ces forêts relâchent plus de carbone qu’elles n’en absorbent – un renversement inédit et préoccupant.
Les forêts plantées : un atout pour l’avenir
Toutes les forêts ne sont pas en déclin. Les forêts plantées, qui couvrent 2,3 millions d’hectares (14 % du total), jouent un rôle croissant dans la décarbonation de l’économie.
Elles sont deux fois plus productives que la moyenne nationale et représentent plus d’un quart de la production biologique totale.
Composées majoritairement de pins maritimes et de douglas, ces plantations fournissent 37 % du bois récolté et stockent durablement le carbone lorsqu’elles sont utilisées comme matériaux de construction.
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