Jeudi 11 décembre, l’UIMM Lorraine tenait une conférence de presse à Thaon-les-Vosges pour alerter sur l’écart croissant entre les discours politiques en faveur de la réindustrialisation et la réalité vécue par les entreprises. Alors que la réindustrialisation est omniprésente dans les campagnes électorales et les déclarations publiques, les industriels lorrians décrivent un quotidien marqué par les fermetures de sites, la hausse des coûts, la multiplication des normes et une incertitude persistante affectant les recrutements et l’apprentissage.
La Lorraine, où près d’un emploi sur cinq relève de l’industrie — un poids largement supérieur à la moyenne nationale (13 %) — demeure l’un des territoires les plus industriels du pays. Pour l’UIMM, cette force productive essentielle est aujourd’hui fragilisée. « Ici, l’industrie n’est pas un slogan : elle est vécue, incarnée, et elle doit rester un pilier de notre économie », rappelle la présidente de l’organisation, Nathalie Vaxelaire.
Des contradictions insoutenables
L’actualité récente, marquée notamment par la disparition de plusieurs unités de production comme le site Novasco à Hagondange, illustre selon l’UIMM le décalage entre les discours volontaristes et les décisions politiques. À cela s’ajoutent des annonces de taxes supplémentaires, un empilement réglementaire et des procédures souvent interminables pour ouvrir ou développer un site industriel.
Cette situation « n’est plus tenable », résume Nathalie Vaxelaire, citant également les mots d’Éric Trappier : « On ne peut pas saluer l’industrie d’une main et creuser sa tombe de l’autre. »
Quatre décisions jugées prioritaires
Pour redonner à l’industrie lorraine l’élan qu’elle mérite, l’UIMM a présenté quatre orientations urgentes, qu’elle souhaite voir intégrées dans les politiques publiques sans délai.
1. Restaurer la compétitivité
L’organisation réclame une fiscalité allégée et stable, considérant que produire en France « coûte déjà cher ». Elle appelle notamment à :
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réduire les impôts de production,
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alléger durablement les charges industrielles,
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garantir un cadre fiscal stable sur la durée des investissements.
Sans un regain de compétitivité, estime-t-elle, la réindustrialisation restera un vœu pieux.
2. Renforcer la souveraineté industrielle
Selon l’UIMM, la France doit impérativement créer de la valeur sur son territoire, en soutenant la R&D, la modernisation des équipements et le développement de nouvelles lignes de production. Les fonds publics doivent, selon elle, cibler prioritairement la capacité à produire et à innover en France.
3. Simplifier le lancement des projets
Les délais administratifs et l’inflation normative contraignent lourdement l’implantation ou l’extension des usines. L’UIMM demande :
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un moratoire sur les nouvelles normes,
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des procédures unifiées et des délais garantis,
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davantage de pouvoir décisionnel aux territoires.
Chaque mois perdu, relève-t-elle, est un avantage donné à des pays concurrents.
4. Miser massivement sur les compétences
L’industrie lorraine continue de recruter, mais manque de main-d’œuvre qualifiée. L’UIMM plaide pour un soutien renforcé à l’apprentissage, des financements pérennes pour la formation et une meilleure orientation des jeunes vers les métiers industriels. Former et faire évoluer les compétences est, selon elle, un préalable à toute ambition industrielle.
Une alerte, mais aussi un appel au sursaut
Pour les dirigeants de l’UIMM Lorraine, maintenir une industrie forte est une question de souveraineté, mais aussi de justice territoriale. Quand l’industrie recule, rappellent-ils, ce sont les territoires qui s’appauvrissent et l’économie nationale qui s’affaiblit.
« Produire en France n’est pas un slogan, c’est un choix politique et un engagement collectif », affirment-ils en conclusion. L’enjeu, selon eux, n’est plus de multiplier les déclarations mais de prendre, enfin, les décisions qui permettront à l’industrie lorraine — et française — de rester un moteur économique, social et technologique.






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