Les magistrats, greffiers et avocats se sont mobilisés ce mercredi midi devant le palais de justice d’Epinal. Ils étaient 80 à réclamer des moyens dignes pour la justice et à dénoncer le malaise profond de la profession. Une mobilisation rare et historique.
La mobilisation, qui a un caractère national, témoigne du malaise qui règne au sein de la justice. Trois semaines après une tribune dans le journal « Le monde » où les jeunes magistrats ont dénoncé leur mal-être, les magistrats, greffiers et avocats se sont rassemblés devant le palais d’Epinal pour lire une motion écrite la veille en assemblée générale.
« Nous nous associons aux constats faits dans la tribune parue dans Le Monde le mardi 23 novembre 2022 et signée à ce jour par 7 025 magistrats, greffiers et auditeurs de justice dénonçant les conditions de notre travail et les souffrances qu’elles engendrent, faisant suite au suicide d’une jeune collègue ». Une collègue de 29 ans de la juridiction de Béthune. Les mots sont posés, forts.
Nous regrettons, dénonçons, exigeons
Dans cette motion, ils regrettent aussi la perte de sens de leur mission au service de la justice ainsi que les attaques répétées à l’encontre des magistrats notamment à des fins politiciennes. Ils déplorent le manque de personnel magistrats-greffiers, qui au regard des pays du Conseil de l’Europe et du calcul au nombre d’habitant, devraient compter 64 et non pas 23 juges et 220 contre 74 greffiers et fonctionnaires. Des sous-effectifs qui ont des conséquences sur les délais imposés aux justiciables, aux audiences tardives et surchargées.
Ils remettent en cause l’instrumentalisation politicienne des « états généraux de la justice » qu’ils refusent de cautionner. Ils dénoncent une accélération de la rationalisation violente et déshumanisante, un chemin déjà bien balisé par le sort qu’à connu l’hôpital.
Soutien du barreau d’Epinal
Charline Olivier, élue lundi élue présidente de l’Union des Jeunes Avocats du barreau d’Epinal, collaboratrice au cabinet Lorraine défense et conseil, a réaffirmé au nom des membres de l’association son soutien au mouvement et a salué l’ampleur de la mobilisation. « L’ampleur inédite de la mobilisation de ces personnels de justice doit alerter la société sur les difficultés connues de longue durée. Les avocats rappellent que les premières victimes de l’état du monde judicaire sont les justiciables ».
0 commentaire