Photographie générée avec l’IA.
Les résidents de l’EHPAD L’accueil de Remiremont ont partagé leur expérience et leur regard sur l’évolution du travail et des rôles genrés au fil des décennies. À travers leurs témoignages, se dessine une époque où la répartition des tâches entre hommes et femmes était bien définie, mais où les changements progressifs ont bouleversé certaines normes établies. Il y a quelques semaines, nous vous livrions le point de vue des femmes, aujourd’hui, voici la vision des hommes.
Des métiers marqués par le genre
Lorsqu’ils étaient plus jeunes, ces hommes occupaient des postes variés : égoutier, peintre, menuisier, chef d’atelier dans le tricotage, militaire, dessinateur industriel, constructeur, contremaître principal à l’hôpital, employé de banque, ou encore papetier. Certains domaines étaient clairement masculins, comme la construction et le dessin industriel, où la présence féminine était quasi inexistante. En revanche, dans la papeterie, les femmes étaient nombreuses, notamment dans le tri des billets de banque.
Si dans certains secteurs, hommes et femmes se côtoyaient à parts égales, leurs rôles restaient bien distincts. « Il y en avait, mais elles ne faisaient pas le même métier », confie un ancien employé.
Des inégalités de salaires et de reconnaissance
À l’époque, les inégalités salariales entre hommes et femmes étaient une réalité bien ancrée. « Les femmes étaient payées moins que les hommes, sauf dans les bonnetiers où elles avaient les mêmes salaires », expliquent certains témoins. À l’hôpital, en revanche, la parité salariale semblait respectée.
Dans l’armée, les femmes étaient présentes mais cantonnées à des rôles spécifiques, exclues du statut de militaire dans les zones de conflit comme l’Algérie ou l’Afrique. La banque connaissait également des écarts de salaire, tout comme la papeterie, où le revenu dépendait en partie des primes de rendement.
La perception des femmes dans le monde du travail
Si certaines femmes étaient perçues comme étant à égalité avec les hommes, d’autres témoignages relatent des résistances et des préjugés persistants. Dans certaines familles, les garçons étaient mieux considérés et encouragés à poursuivre des études, tandis que les filles étaient davantage préparées à l’intendance de la maison.
Dans la papeterie, les rivalités entre femmes étaient parfois marquées : « C’était difficile au niveau du caractère, elles étaient plus pointues. Les femmes se crêpaient le chignon. » Toutefois, certaines ont réussi à gravir les échelons et à devenir chefs d’atelier.
Une évolution progressive des mentalités et des métiers
Au fil des années, de nombreux métiers autrefois exclusivement masculins se sont ouverts aux femmes : l’armée, la police, le transport routier, la cuisine, ou encore les services techniques. « Une femme au volant d’un camion, c’est plus sérieux », note un résident.
L’évolution technologique a également joué un rôle : « Les machines ont changé énormément, elles sont plus modernisées, ce qui facilite l’accès à certains métiers. »
Toutefois, des barrières persistent. « Monter les échelons reste difficile pour les femmes, et certains secteurs comme le bâtiment leur sont encore peu accessibles. »
Un message pour les jeunes générations
Les résidents s’accordent sur un point : des progrès ont été réalisés, mais il reste du chemin à parcourir. Ils encouragent les jeunes femmes à persévérer : « Il faut être patient, avoir plus de tolérance et ne pas hésiter à entrer dans des métiers encore masculins. »
Mai 68 a marqué un tournant en assouplissant certaines règles, mais sans changement radical. La mentalité a évolué, notamment en milieu urbain, où les avancées ont été plus rapides. Cependant, certains regrettent que la société ait perdu en structure et en entraide : « Autrefois, c’était mieux sur les principes. »
En définitive, ces témoignages reflètent un monde du travail en constante mutation, où les femmes ont su s’imposer malgré les obstacles, et où la question de l’égalité professionnelle reste d’actualité.
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