Le 1er septembre 2025, Épinal vivra un moment de mémoire inédit. Dix pavés de la mémoire, appelés Stolpersteine, seront scellés dans les rues de la ville afin d’honorer neuf victimes juives de la Shoah et une Juste parmi les Nations. Cette initiative, portée par l’association Stolpersteine Lorraine et soutenue par des lycéens spinaliens, ambitionne de rendre visibles des destins restés trop longtemps dans l’ombre.
Une première dans la Cité des Images
Créées par l’artiste allemand Gunter Demnig, les Stolpersteine — littéralement « pierres sur lesquelles on trébuche » — sont de petits pavés en béton recouverts d’une plaque en laiton gravée du nom d’une victime du nazisme. Installés devant les dernières adresses connues, ils invitent les passants à s’arrêter, à se souvenir, et à faire revivre ces existences effacées.
À Épinal, dix de ces pavés seront posés dans le tissu urbain, lors d’une cérémonie rassemblant des élèves et enseignants de deux lycées publics, les autorités locales et les membres de l’association initiatrice du projet. Une démarche à la fois pédagogique et citoyenne, qui lie l’histoire locale à la mémoire universelle.
Dix noms, dix vies arrachées
Parmi les personnes honorées, neuf étaient juives, toutes déportées pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes liées à Épinal, mais dont les noms n’apparaissent pas sur le monument aux morts de la ville. Ces Stolpersteine leur rendront une présence :
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Szlama Rozenberg
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Paul Glicenstein et son épouse Cyrla Baron
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Yvonne Judas, épouse de Lucien Halbronn
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Ida Willard, épouse de Georges Halbronn
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Margot Wolff, épouse de Marcel Halbronn
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Hinda Rotenberg, épouse Rapoport
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Sara et Iser Israël Rapoport, enfants de Hinda
À leurs côtés, une dixième pierre rappellera le courage de Marie Antoinette Gout, résistante spinalienne déportée, reconnue Juste parmi les Nations. Elle sauva la vie de deux jeunes filles juives, Josette et Norah Hecker, en les cachant et les protégeant au péril de la sienne. Son nom, lui aussi, mérite de s’ancrer dans le pavé.
Une mémoire à faire vivre, ensemble
La pose de ces pavés ne serait pas possible sans le soutien citoyen. Une campagne de financement participatif est actuellement en cours sur la plateforme Ulule, avec un objectif de 1 335 euros à atteindre avant la fin août 2025. Chaque don, même modeste, contribue à faire revivre une mémoire enfouie, à graver dans le sol une histoire longtemps tue.
Au-delà de la symbolique, ce projet s’inscrit dans une volonté plus large : transmettre l’histoire, lutter contre l’oubli, et rappeler l’importance des engagements individuels face à la barbarie. Pour Épinal, il s’agit d’un premier geste fort, appelant peut-être d’autres pavés, d’autres histoires, d’autres souvenirs à honorer.
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