L’émotion et l’indignation demeurent vives dans le Doubs après l’abattage, mardi, d’un troupeau de 83 bovins sur l’exploitation de Cédric Lhomme, dans un contexte de lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Malgré la mobilisation syndicale et citoyenne, les bêtes – dont certaines étaient âgées de seulement quelques jours – ont été euthanasiées sur décision du tribunal administratif de Besançon. Une issue que la Confédération paysanne qualifie aujourd’hui de « massacre injustifié ».
Une mobilisation massive, mais impuissante
Dès l’annonce de la décision, Cédric Lhomme avait lancé un appel à la mobilisation pour empêcher l’abattage de son troupeau. Les syndicats agricoles, dont la Confédération paysanne et la Coordination rurale, ont relayé cet appel, dénonçant une stratégie sanitaire « aveugle » et « disproportionnée ».
Près de 300 manifestants, encadrés par 175 gendarmes, se sont ainsi rassemblés sur l’exploitation située dans le Doubs. Mais malgré cette mobilisation, les opérations d’abattage ont été menées à terme.
« Des vaches, des jeunes génisses et des petits veaux, dont l’un de moins d’une semaine, sont morts », a déploré mercredi Laurence Lyonnais, éleveuse et porte-parole de la Confédération paysanne pour le Doubs et le Territoire de Belfort, interrogée sur RMC.
Un troupeau vacciné mais éliminé
L’indignation est d’autant plus grande que, selon la porte-parole, les animaux étaient vaccinés depuis 38 jours contre la DNC. L’un d’eux a néanmoins été diagnostiqué positif. La politique sanitaire française prévoit qu’en cas de détection d’un ou plusieurs animaux malades, tout le troupeau soit dépeuplé, une mesure jugée « insupportable » par les syndicats.
Le tribunal administratif, saisi en urgence par les organisations agricoles pour tenter de suspendre l’abattage, a toutefois rejeté leur recours. Dans son ordonnance, la juridiction indique que la vaccination aurait été réalisée trop tardivement pour prémunir efficacement le troupeau et éviter un risque de propagation aux élevages voisins.
La Confédération paysanne réclame une alternative : la quarantaine
Pour la Confédération paysanne, cette stratégie gouvernementale manque à la fois de discernement et de proportionnalité. Le syndicat réclame depuis plusieurs semaines l’exploration de mesures alternatives, notamment la mise en quarantaine des cheptels concernés, plutôt que leur élimination systématique.
Un choc pour toute la profession
Dans le Doubs comme ailleurs, cet épisode ravive les inquiétudes des éleveurs déjà frappés par les crises sanitaires successives. Au-delà de la perte économique, les syndicats mettent en avant la violence psychologique que représente l’abattage d’animaux sains, élevés parfois depuis plusieurs années.
Pour la Confédération paysanne, ce nouveau cas illustre les limites d’une politique sanitaire trop rigide, qui ne tient pas suffisamment compte du terrain ni de l’avis des éleveurs. Le syndicat appelle désormais à une révision urgente du protocole national, afin d’éviter que d’autres exploitations ne subissent, à leur tour, des décisions qualifiées de « dévastatrices ».







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