Hier vendredi 10 octobre 2014, le tunnel Maurice Lemaire, long de 6950 mètres – le plus long tunnel routier situé sur le territoire national – était fermé à la circulation dans le but de procéder à un exercice civil d’envergure.
Pour se faire, une situation de crise avait été imaginée :
Le sous-préfet de Saint-Dié-des-Vosges Yves Camier (à gauche) prenant connaissance de la situation.Un bus TER assurant la liaison Vosges – Alsace, avec à son bord 3 passagers, s’est mis à dégager une légère et inhabituelle fumée à peine quelques instants après être entré dans le tunnel, côté Lusse. Il poursuit sa traversée, durant laquelle 8 véhicules légers circulent également dans le tunnel.
La fumée s’accentue et le chauffeur dudit bus est contraint de s’arrêter. Une fois fait, des flammes sortent du compartiment moteur en émettant d’importes fumées noires et opaques. Un incident qui s’est produit à 19h10. De plus, le bus a diffusé un important volume de fumée blanchâtre sur son trajet, provoquant une baisse notable de la visibilité.
Cet incident est suivi d’un sur-accident, survenu à 19h57 côté vosgien, à plus de 2 kilomètres du premier : un conducteur et son passager, réfugiés dans le rameau d’évacuation prévu à cet effet – conséquence directe du premier incident – décident de regagner de leur propre chef leur véhicule afin de sortir du tunnel. Après avoir effectué un demi-tour, ils se dirigent vers la sortie Lusse.
Au même moment, 10 usagers réfugiés dans un autre rameau d’évacuation décident à leur tour de le quitter et de rejoindre leurs véhicules respectifs en empruntant la voie de circulation, malgré la présence d’une fumée assez dense. Ces derniers sont fauchés par le véhicule qui décida de faire demi-tour, qui termine quant à lui sa course contre un poste de secours.
Un scénario très réaliste, partant d’un fait anodin (une légère fumée se dégageant d’un bus) pour se terminer en véritable drame. Une manoeuvre organisée annuellement par le maître de l’ouvrage – la société APRR – et les services d’intervention, impliquant ces derniers ainsi que les personnels du tunnel, conformément à l’article R.118-3-8 du code de la Voirie Routière.
L’objectif en ce 10 octobre 2014 était de tester les dispositifs « ORSEC Tunnel Maurice Lemaire » et « ORSEC Nombreuses Victimes » (ORSEC NoVi), ORSEC signifiant Organisation de la Réponse de Securité Civile. Il était également question de tester le travail des services de secours dans un environnement obscur, la prise en charge des victimes, la chaîne d’alerte ainsi que la remontée d’information. L’occasion était aussi pour APRR de tester l’insonorisation d’un abri, qui a fait l’objet d’une réfection et dont les parois doivent permettre d’absorber les bruits environnants et ainsi améliorer les échanges entre les occupants et l’opérateur du poste de commandement d’APRR.
À savoir qu’un opérateur est en poste 24h/24h et 7j/7j, et que dans l’éventualité d’un accident tel que celui qui a été simulé, un second est immédiatement appelé ainsi qu’un cadre d’astreinte pour piloter les opérations pour APRR, comme ce fut le cas hier soir, dans le but de gérer ce type de situation de crise de manière la plus réactive possible.
Le tunnel dispose par ailleurs d’une voie parallèle permettant l’intervention le plus rapidement possible des véhicules tunnelisés et l’évacuation des victimes, de même que 16 rameaux d’évacuation, comprenant pour chacun d’entre eux un sas et une salle de transit, dénommée « abri », lieu sécurisé qui peut accueillir jusqu’à 46 personnes.
Des manoeuvres qui ont mobilisées de très gros moyens, puisque les dispositifs ORSEC pré-cités ont été engagés, ce qui représente les effectifs suivants :
23 plastrons – essentiellement du personnel d’APRR et des sapeurs-pompiers des environs – 167 sapeurs-pompiers, dont 91 venant des Vosges et 76 d’Alsace, une dizaine de gendarmes vosgiens et haut-rhinois, les membres du corps préfectoral, le service défense et de protection civile ainsi que le bureau de la communication des Préfectures des Vosges et du Haut-Rhin.
Le PCO (Poste de Commandement Opérationnel) était installé à Lusse, dirigé par le sous-préfet de Saint-Dié-des-Vosges Yves Camier, présent sur les lieux seulement 13 minutes après avoir été prévenu de l’accident. Ce dernier a par ailleurs rappelé que le but premier de ce type d’opération est de sauver des vies, dans l’éventualité où un accident surviendrait réellement. Le COD (Centre Opérationnel de Défense) était activé en Préfecture des Vosges et était dirigé par Fayçal Douhane, sous-préfet et directeur de cabinet du préfet des Vosges. Du côté haut-rhinois, le COD et le centre inter-services étaient localisés à Sainte-Marie-aux-Mines.
Saint-Dié Info
0 commentaire