Par Afp
Les députés ont décidé jeudi de désigner par avance Strasbourg comme capitale de la future grande région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine dans un geste d’apaisement vis-à-vis des élus alsaciens mécontents de ce projet.
Dans le cadre de la deuxième lecture du projet de délimitation des régions, les députés ont adopté à l’unanimité un amendement, présenté par le socialiste alsacien Philippe Bies, stipulant que «par dérogation, Strasbourg est le chef-lieu de sa région».
Pour que cet amendement puisse être soutenu par les UMP alsaciens, les socialistes et le gouvernement ont accepté qu’il ne fasse pas référence explicitement à la nouvelle région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine votée dans la nuit au sein de la nouvelle carte des 13 régions et qui est violemment contestée par l’opposition.
C’est une dérogation par rapport au texte qui prévoit que «le chef-lieu définitif de la nouvelle région soit pris par décret en Conseil d’Etat avant le 1er juillet 2016 après avis du conseil régional» de la nouvelle région.
Cette avancée «conforte le rôle particulier de Strasbourg» en tant que capitale européenne, siège du Conseil de l’Europe et du Parlement européen, s’est félicité dans un communiqué le maire (PS) de Strasbourg, Roland Ries, qui faisait allusion au rôle de «capitale européenne» de sa ville.
La classe politique alsacienne s’était inquiétée depuis plusieurs mois à l’idée que Strasbourg puisse perdre son statut de capitale régionale, ce qui n’aurait pu que la fragiliser dans son combat pour conserver le siège du Parlement, face aux attaques d’une majorité d’eurodéputés qui souhaitent regrouper toutes les activités parlementaires à Bruxelles.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a une nouvelle fois assuré aux élus alsaciens que le gouvernement voulait donner à Strasbourg «le statut qu’elle mérite» et qu’elle «soit confortée dans son rôle de capitale européenne».
«C’est un sujet qui ne concerne pas les seuls Alsaciens (…) c’est un sujet national» et «une question européenne, compte tenu de la place particulière de Strasbourg comme ville de réconciliation, après les horreurs de la guerre», avait-il affirmé mercredi soir.
Cette désignation implique implicitement que Strasbourg abritera bien la préfecture de région. Le lieu de l’hôtel de région restera en revanche déterminé par le conseil régional, tout comme le ou les lieux de tenue des réunions du conseil régional.
Une perspective déjà évoquée il y a quelques semaines par le président (UMP) du Conseil régional d’Alsace, Philippe Richert. Le risque, avait-il expliqué, est que le siège de la future grande région à Strasbourg ne soit qu’une «coquille vide», avec des fonctions de direction installées de facto dans une ville moins excentrée, comme Metz ou Nancy.
M. Richert s’est dit jeudi par ailleurs «très déçu» par le vote de l’Assemblée concernant la carte des régions. Cette fusion à trois régions «est une bêtise» relevant d’un «découpage purement politicien», décidé «en dépit du bon sens», a-t-il dit à l’AFP.
Ce mariage entre trois régions «n’était pas la solution que nous préconisions», a observé à ce propos M. Ries, mais «il faut désormais avancer et travailler dans l’intérêt des habitants de Strasbourg, de la métropole, de l’Alsace et de la future région».
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