Aujourd’hui, il existe dans les Vosges deux maternités publiques de niveau 2, situées à une demi-heure l’une de l’autre : à Epinal et Remiremont. L’Agence Régionale de Santé a donc prévu de fermer la maternité de Remiremont.
Entre 2009 et 2015, les Vosges ont perdu 500 naissances par an. La clinique privée L’Arc en ciel représente autant de naissances (1300) que celles publiques d’Epinal (500) et celle de Remiremont (800) réunis. A Epinal, la maternité publique souffre de la concurrence du secteur privé. L’ARS (Agence régionale de Santé) pense donc que supprimer la maternité de Remiremont permettrait de donner un second souffle à Epinal.
« Sur le papier, avec 800 accouchements supplémentaires issus de Remiremont, le secteur spinalien pourrait enfin lutter contre le privé. C’est le vrai fondement de la décision, un pur jeu de vases communicants » commente le président du Conseil départemental des Vosges, François Vannson.
La construction du nouvel hôpital d’Epinal devait initialement intégrer des plans tendant à la création d’un plateau commun aux deux maternités juxtaposées. Mais l’ancien hôpital a revendu les locaux et l’hôpital se construit finalement seul. « Jamais le privé et le public n’ont pu durablement se rapprocher et je le regrette » atteste François Vannson.
Le projet de construction d’un « pôle mère-enfant », dont on parle depuis des années revient dans les discussions. Il s’agirait là aussi d’une coopération en laissant au privé les accouchements simples et en confiant au public la technicité des grossesses à risque, des accouchements difficiles et de la néonatalogie. « Cette proposition, donnant au privé le niveau 1 et au public le niveau 2, était la garantie d’une offre de soins de qualité » assure le président du Conseil départemental des Vosges.
La fermeture de la maternité de Remiremont entraînerait la suppression de la chirurgie gynécologique et en particulier de la chirurgie du cancer du sein. La Maison de naissance serait aussi touchée.
« Epinal connaît la même diminution en pourcentage du nombre d’accouchements que Remiremont pour la période 2010-2015. Il n’y a aucune raison de pénaliser Remiremont. Les raisons démographiques devraient plutôt conduire à supprimer Epinal, ce qu’on ne souhaite pas non plus » poursuit François Vannson.
Le seul minimal n’est pas atteint
L’attractivité de la maternité de Remiremont dépasse les frontières du département car elle impacte aussi la Haute-Saône.
Pour François Vannson, la question de la suppression d’une maternité dans les Vosges ne se pose même pas, puisque le seuil minimal d’accouchements de 300 naissances prévus par les textes est loin d’être atteint. « S’il n’y avait qu’une maternité à maintenir, la démographie commanderait en toute logique le maintien au minimum de celle de Remiremont » note-t-il.
Il tient aussi à rappeler qu’en cas d’urgence obstétricale, c’est la vie de l’enfant mais aussi de la mère qui sont en jeu. « Toutes les minutes comptent pour effectuer un acte chirurgical vital de type césarienne. En se rendant à Epinal, il y a une perte de chance pour la mère et l’enfant d’un moins 30 minutes ».
Un collectif est en voie de constitution et a d’ores et déjà réuni des milliers de signatures. Une association ad hoc est également en cours de constitution.
Le président Vannson il a tenu à rappeler que le Conseil départemental, compétent en matière de protection maternelle et infantile n’hésitera pas à agir. « Je me réserve par ailleurs le droit, en qualité de Président de la PMI d’intervenir en ce sens par toute voie juridique appropriée ».
Les experts rendront leur copie le 10 mars prochain.
C.K.N.
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