Hier, lors de la fête de la bio qui a eu lieu à Tendon, l’association pour la protection de l’environnement Vosges Nature Environnement a souhaité interpeller les sénateurs sir le projet d’interdiction des néonicotinoïdes au Sénat.
« Si je prends la parole ce matin, au nom d’associations de protection de l’environnement (ASVPP – ON et VNE), c’est pour exprimer notre indignation, dire avec de nombreux citoyens à quel point nous sommes choqués par l’attitude et le positionnement de nos deux sénateurs vosgiens lors des différents examens, au Sénat, de la proposition d’interdiction des néonicotinoïdes …
En effet, c’est tout d’abord Mr J PIERRE qui se fait surprendre en train de partager un « repas de famille » (comme l’a dit son collègue M Raison) avec le Pdt de Sygenta France (avec Bayer principal fabriquant de ces insecticides).
Ensuite c’est Mr Daniel GREMILLET qui monte à la tribune du Sénat le 4 fev 2015 pour défendre l’usage de ces poisons mortifères, au prétexte entre autres, que les doses utilisées ont fortement diminué..
Dans le cadre d’une mobilisation citoyenne nationale, VNE a interpellé par courrier nos deux sénateurs à 2 reprises : le 22 avril et le 22 mai 2015.
Dans ce dernier, nous avons invité Mr Gremillet à visionner l’intervention à la commission du développement durable de l’AN, du Dr BONMATIN spécialiste des neuro-toxique et chercheur au CNRS, pensant naïvement que nos représentants ignoraient peut-être le consensus scientifique qui se dégage aujourd’hui sur cette question.
D’une manière synthétique ce consensus scientifique international porte aujourd’hui sur :
- Le constat d’une utilisation massive et préventive des néonicotinoïdes.
- Leur transfert dans l’écosystème (seuls 2 à 20% pénètrent la plante)
- Leur longue persistance dans les sols (10 mois à plusieurs années)
- La forte contamination des eaux de surface et profondes
- Leur très haute toxicité sur les invertébrés (pollinisateurs mais aussi vers de terre et invertébrés aquatiques) à très faible dose (imidacloprine = 8000 fois + toxique que DDT)
- Leur haute toxicité sur les vertébrés (oiseaux mais aussi l’homme en bout de chaine…)
Bref les études s’accumulent et sont alarmantes.
Les conséquences de leur utilisation massive :
- Disparition progressive des pollinisateurs au coût économique et social énorme :
On estime en effet la valeur économique de la pollinisation naturelle des cultures entre 206 et 506 milliards d’euros.
- tous les invertébrés bénéfiques se trouvant dans le sol sont affectés, des micro-organismes aux vers de terre, comme tous les invertébrés aquatiques qui sont à la base de la chaîne alimentaire et de toute la biodiversité, qui sont ainsi menacés, avec des conséquences économiques la aussi catastrophiques.
- Enfin, la santé humaine n’est pas épargnée: de plus en plus d’études font apparaitre leur potentiel cancérigène, de perturbateurs endocriniens avec des effets inquiétants sur le développement du cerveau des enfants …
Notre démarche s’est révélée vaine puisque, malgré tous ces éléments d’information portés à leur connaissance ,nos deux Sénateurs se sont in fine prononcés contre la proposition d’interdiction, reprenant à leur compte les arguments des firmes productrices de ces pesticides, battus en brèche aujourd’hui par tous les scientifiques indépendants, volontaires et sans conflits d’intérêt.
«Il y a aujourd’hui un consensus scientifique sur la dangerosité de ces produits, sur la nécessité de les réduire fortement voire de les interdire. C’est très clair et seuls ceux qui ont des intérêts dans l’industrie le nient», avance Jean-Marc Bonmatin,
Par ce vote, nos Sénateurs confirment en quelque sorte se faire les relais des firmes agrochimiques, et de la FNSEA, chantres de l’agriculture intensive, sacrifiant l’intérêt général au profit de l’industrie et des céréaliers notamment.
Nous tenions donc aujourd’hui, dans le cadre de cette fête de la bio, à interpeller nos Sénateurs mais aussi tous les élus qui, à leur niveau de décision, ont la possibilité et la responsabilité d’agir pour d’une part, mettre un terme à cet empoisonnement généralisé qui nous mène dans le mur, et d’autre part promouvoir et soutenir les pratiques alternatives qui existent et qui ont fait leurs preuves tant dans leur capacité à nourrir la planète qu’à protéger durablement l’environnement et la santé publique. »
Jean-François FLECK
Pdt Vosges Nature Environnement
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