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dimanche 24 novembre

Le festival International du Film Fantastique rendra hommage à Eli Roth

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img39La 26e édition du FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FANTASTIQUE DE GÉRARDMER qui se tiendra du 30 janvier au 3 février 2019, rendra hommage à :

L‘œuvre d’Eli Roth est l’une des plus passionnantes du cinéma américain contemporain. D’abord parce qu’elle a l’élégance de se cacher derrière ce qu’il est convenu d’appeler les conventions du genre, ensuite, et surtout, paradoxalement donc, parce qu’elle ne semble pas attacher plus d’importance que cela à l’impératif du frisson cinématographique du samedi soir.

Eli Roth est né à Boston, en 1972. Il réalise, dès l’enfance, des petits films en super huit marqués par son goût pour le cinéma de terreur. Après des études de cinéma à l’université de New-York, il réalise quelques courts métrages d’animation, témoignant de sa passion pour les classiques de l’épouvante. Il occupe plusieurs métiers dans l’industrie du cinéma avant de réussir à faire financer son premier projet. CABIN FEVERson premier long métrage, tourné en 2002 avec un budget minuscule, s’amusait avec les règles du slasheren remplaçant le tueur maniaque, massacrant méthodiquement le casting, par un virus redoutable. Cette trouvaille décentrait l’attention du spectateur sur des personnages mus par l’égoïsme et la phobie de l’autre. La maladie infectieuse se voyait affectée d’une signification métaphorique limpide.

Il collabore au projet GRINDHOUSE (BOULEVARD DE LA MORT) de Quentin Tarantino en 2007 en réalisant un pastiche hilarant de bande annonce de films slasher des années 1970. L’auteur de RESERVOIR DOGS lui donnera ensuite un rôle important dans son INGLORIOUS BASTERDS. C’est pourtant avec ses deux longs métrages suivants qu’Eli Roth allait provoquer une déflagration dans le paysage du film d’horreur moderne. HOSTEL (2005) et HOSTEL – CHAPITRE II (2007) ne sont pas des titres supplémentaires et indifférenciés d’un cinéma d’épouvante de consommation courante, pas non plus une variation opportuniste sur la mode du torture pornet de ses variantes. Ce sont d’impitoyables fables morales, cruelles et subtiles à la fois, sur le devenir d’un individu à qui le monde moderne et sa technologie semblent promettre la satisfaction de tous les désirs. En imaginant un lieu où la mise à mort est devenue une possibilité touristique comme une autre, le diptyque HOSTEL dévoile l’horreur d’une réalité où le prédateur, stimulé par ce qu’il croit être sa supériorité culturelle, trouvera toujours plus prédateur que lui. L’ethnocentrisme de l’Amérique, qui ne voit dans le monde extérieur qu’un terrain de chasse et un lieu érotique ou inquiétant, fait l’objet d’une critique impitoyable et sarcastique en même temps.

Cette capacité de transformer ce qui est l’autre en un cliché instantané, en objet de désir ou de terreur exotique explique également, sans doute, le projet de THE GREEN INFERNO en 2013 pastiche de film d’exploitation qui pousse à un haut degré d’incandescence cette vision impitoyable, dans un fabuleux éclat de rire.

Eli Roth est un trouble-fête du cinéma d’aujourd’hui, un garnement qui s’amuse à gâcher l’ambiance avec jubilation pour révéler son obscénité, la fadeur atroce du rêve petit bourgeois de l’Américain moyen. C’est dans KNOCK KNOCK (2015) que s’affirme le plus ouvertement la volonté iconoclaste de se livrer à un véritable jeu de massacre. Fonctionnant sur la hantise de l’invasion d’un espace domestique par des intrus mal intentionnés (d’une certaine façon c’est l’inverse de la structure des HOSTEL qui montraient la manière dont les Etats-Unis s’imaginent des droits sur le reste du monde), le film tournait à la comédie noire. Saccages, détournements obscènes et destruction littérale du décor d’une existence marquée par le narcissisme tout autant que par une culpabilité sourde, caractérisent ce brûlot filmique.

Avec Eli Roth, le cinéma d’horreur devient un précis de théorie politique sauvage.

Jean-François Rauger Directeur de la programmation de la Cinémathèque française

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