En ce dernier jour de festival, dans une des salles du Grand Hôtel, le romancier Jérémy Fel était venu présenter son premier livre « Les loups à leur porte » à l’occasion d’une rencontre animée par le journaliste et critique littéraire Baptiste Liger.
Beaucoup le compare déjà à Stephen King, le maître en la matière. Jeremy Fel, 36 ans, est une des bonnes surprises de la dernière rentrée littéraire, et signe avec son roman « Les loups à leur porte », une plongée dans le grand bain plutôt réussie. Ancien rédacteur de scénarios pour court-métrages, ce passionné de fantastique s’est d’abord lancé dans l’écriture de nouvelles, qu’il a ensuite décidé de regrouper pour établir son roman.
Pour ce livre, difficile de faire un pitch. Plus un patchwork de nouvelles qu’un roman à proprement parler, on découvre dans chaque chapitre une intrigue et des personnages différents. Et si au début vous ne voyez pas le lien entre celles –ci, vous serez surpris au fil des pages de découvrir qu’elles sont en réalité toutes imbriquées entre elles et liées par un même fil conducteur, à la façon d’une toile d’araignée pour reprendre l’expression de l’auteur. C’est d’ailleurs pour lui un des plus grands intérêts du roman comme il aime à le préciser. « Découvrir des détails, des indices, ou des personnages qui renvoient à une précédente histoire dont on croyait qu’elle n’avait aucun lien, voilà où réside la magie », résume le romancier. On suit ainsi ce livre, chapitre par chapitre comme on le ferait avec une série télévisée, et c’est là toute sa force. Le résultat des plus visuels, parvient à plonger le lecteur dans l’intrigue, à la manière d’un film. Un atout pour ce roman que l’auteur doit certainement à son ancien métier de scénariste, où il s’agissait alors d’écrire pour que cela soit vu. Entre la France et les Etats-Unis, Jérémy Fel joue et use des clichés du genre, empruntant autant à Blue Velvet de David Lynch qu’à Halloween, sans s’y perdre pour autant.
Travers humains
Omniprésent dans notre société et dans tout être humain, à plus ou moins haute dose, le mal, dans ce qui a de plus violent, voilà le thème de ce roman selon son créateur. Oscillant entre psychologique, thriller et horreur, Jérémy Fel pointe dans son œuvre toutes les déviances de l’« animal humain », pour reprendre ses termes. A travers les différentes histoires qui jalonnent le livre, on suit ainsi la vie de personnages, tous plus différents les uns des autres, mais tous unis par ce même mal et par cette violence. Certain y sont confrontés malgré eux, quand d’autres au contraire sont le mal, et l’abritent. Au fil de ces histoires, c’est finalement tous les travers de l’être humain que l’auteur met en exergue. Comme il le dit lui-même, « l’homme est capable du pire comme du meilleur, mais surtout du pire, et on le voit tous les jours ». Des histoires de kidnapping d’enfant, aux personnages compulsifs, ou encore des drames qui surviennent dans la cellule familiale, tout ou presque est passé en revue. La cellule familiale, certainement le sujet de prédilection du jeune écrivain, omniprésente dans le livre et qu’il décrit comme « endémique à toutes sortes de mal et de violences ».
Mais si son roman fait face à de si bonnes critiques, c’est parce Jérémy Fel parvient à éviter l’écueil d’une caricature du genre humain, et vient apporter de l’humanité justement, à ces personne déviantes ou mauvaises. Car l’Homme est avant tout un tout complexe, ou cohabitent le bien est le mal. Ce mal, fil conducteur de l’ouvrage et dont le titre « Les loups à leur porte » est immanquablement imprégné. Comme le romancier tient à le souligner il faut prendre ici le mot « loup » comme une métaphore du mal, qui même dans des familles apparemment calmes et sans histoires, est néanmoins à leur porte, tapis dans l’ombre et prêt à apparaître. Et d’ajouter à cette explication la célèbre citation de Thomas Hobbs « l’Homme est un loup pour l’Homme », qui résume selon lui parfaitement les travers humains qu’il expose dans son roman.
A.M.
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