Serpent de mer, chat qui court après sa queue, on peut appeler la pollution de la Cleurie comme on veut, mais le constat s’impose de lui même si les autorités ferment les yeux. C’est ce qui se dégage de la réunion d’information qui se tenait ce vendredi soir en mairie que l’on devait à Eric Defranould du groupe d’opposition municipale Gérardmer Solidaire qui avait invité pour la circonstance Jean-François Fleck et Jean-Pierre Gand du collectif rivière propre.
Salle bien pleine pour cet exposé dont il ressort que la Cleurie est bel et bien bourrée de polluants à commencer par les plus importants de tous c’est-à-dire les pesticides glyphosate et l’AMPA dérivés du fameux RunUp, cher au groupe industriel américain Monsanto spécialisé dans les biotechnologies agricoles.
Depuis une vingtaine d’années de gros efforts ont été réalisés par les industriels du blanchiment mais les deux composants ont fait une arrivée massive depuis environ 10 ans.
» L’esprit qui nous anime est le même qu’il y a quelques années » concède Jean-François Fleck « mais si personne ne fait rien, ça peut durer encore longtemps. Il nous faut aujourd’hui des relais afin d’interpeller les pouvoirs publiques. Il existe des solutions, mais nous sommes dans une situation de blocage. Nous avons bien eu une table ronde avec le Préfet en mars 2016 mais nos demandes de recherche plus poussées sur d’autres pesticides et plus dangereux que le glyphosate ont été rejetées en préfecture et par les blanchisseurs. Nous avons été obligés d’en réaliser nous mêmes ».
Les taux relevés dans la Cleurie sont énormes pour des ratios de 5 à 60. La concentration est unique en France pour une rivière qui bat visiblement tous les records. « Et la pollution des boues » poursuit Jean-François Fleck « si on ne cherche pas ce qu’il y a dedans, on ne trouvera jamais mais on continue les épandages alors qu’on sait pertinemment que c’est une autre pollution qui s’installe ailleurs ».
Les écologistes sont bien conscients des difficultés rencontrées par les blanchisseurs et préconisent de responsabiliser l’ensemble de la filière pour des produits d’importations, c’est-à-dire des cotons dont les traitements contiennent des polluants méconnus. » Les investissements afin de lutter contre la pollution de l’eau sont connus, chers, mais peuvent être subventionnés en grande partie. Tout est possible il faut maintenant qu’il existe une volonté commune d’avancer. »
Seul industriel dans la salle avec une partie de ses collaborateurs, Séverine Crouvezier a rapidement pris la parole consciente des problèmes engendrés par son industrie.
« Je confirme bien l’origine des tissus fortement traités, c’est-à-dire du Pakistan, de Chine dont on ignore tout des produits utilisés » note-t-elle » En ce qui concerne le coton bio, malheureusement ce n’est pas la solution. Il n’existe pas et on sait qu’il est bourré également d’OGM pour une filière qui appartient encore une fois à Monsanto. On peut être industriel du blanchiment, très sensibilisé et impliqué dans l’amélioration de la pollution de l’eau et de l’air. C’est mon cas et forcément inquiète du maniement des substances dangereuses. Inquiète pour la planète mais aussi pour mes employés au nombre de 60. Il faudra que la société change ses habitudes, évolue, au risque d’aller dans le mur surtout quand on sait qu’une machine à laver familiale rejette dans la nature 4 tonnes de polluant et autres produits très dangereux chaque année. En ce qui nous concerne la seule solution actuellement, c’est l’Ultra filtration. C’est couteux, 1,5 millions d’euros, mais subventionnables. Par contre le coût de fonctionnement est énorme soit 250 000 € par an. Avec un résultat de 85 000 € en 2016, on ne peut pas le supporter »
La réunion publique a permis d’informer et sans doute de voir plus loin. Les élus locaux et les associations de défense de l’environnement devraient interpeller le Préfet des Vosges afin que la Cleurie coule des jours plus propres, même si l’on sait que la qualité de ces eaux ne sera aujourd’hui jamais parfaite….A moins que !
0 commentaire