“Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.”. Tel était l’une des visions que se faisait Arthur Rimbaud de sa condition. Ce dernier justement, qu’on ne présente plus, a été longuement évoqué ainsi que ses textes, samedi après-midi à la médiathèque, où se réunissaient le graveur Jean-Pierre Lécuyer et le poète Richard Rognet, à l’occasion d’une rencontre pour le Printemps des poètes. Deux amis de longue date, qui, accompagnés de Nadine Ronsin, grande lectrice et amie de ces derniers, étaient ainsi venus présenter leurs œuvres respectives et évoquer, face à la quinzaine de personnes présente, la complémentarité de leurs arts.
Le poète vosgien Richard Rognet tout d’abord, était venu présenter son dernier livre. Une commande de Gallimard pour fêter le cinquantenaire de la collection « Poésie/ Gallimard », qui regroupe ses deux derniers recueils de poèmes : « Elégies pour le temps de vivre » suivi de « Dans les méandres des saisons ». Un ouvrage au sein duquel vous découvrirez selon ses mots, « une poésie qui s’enracine dans ce que la vie a de plus multiple ». « Des poèmes qui s’inscrivent dans les méandres des saisons » aussi, tient à préciser ce natif du Val d’Ajol, qui confie s’inspirer en grande partie des si beaux paysages vosgiens. Pour ce poète, membre de la prestigieuse Académie de Mallarmé depuis 1991, et lauréat des tout aussi prestigieux prix Marc Jacob et Apollinaire, la poésie est une matière inépuisable. La sienne autant que celle des autres, qu’il a lu lors de la rencontre. Et notamment quelques vers d’Arthur Rimbaud, sur lequel il a d’ailleurs écrit plusieurs poèmes réunis dans l’ouvrage « La jambe coupée d’Arthur Rimbaud ».
Un poète qui a également inspiré le second artiste présent, le graveur Jean-Pierre Lécuyer. Dans son œuvre « Voyelles », il reprend sous forme de gravures les poèmes du jeune poète que fut Rimbaud, tiré du recueil du même nom. Un travail qu’il présentait également lors de la rencontre, avec, à l’appui, une exposition de ses gravures et de ses outils, à laquelle il ajoutait ses explications et son œil d’expert. On y découvrait sa passion, indispensable pour ce métier, et son amour de la gravure et des estampes, qu’il décrit comme « des images multiples, qui s’échangent facilement ».
Et comme une rencontre en appelle souvent une autre, les deux artistes vosgiens ont brièvement évoqué la parution courant 2017 d’un livre qu’ils ont co-réalisé. Entre poèmes et gravures, ce recueil intitulé « Arbres » sera divisé en quatre grandes parties, une pour chacune des saisons. Preuve s’il en fallait encore une, de la possibilité d’allier les arts.
A.M.
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