5 films au menu ce mercredi du côté des rencontres du Cinéma à Gérardmer. Après la comédie projetée en ouverture, place à un thriller bien plus original qu’il n’y paraît et tourné en partie dans la région. Un excellent film qui joue avec les spectateurs et le sentiment de culpabilité, insinue le doute, triture l’amour et l’amitié…
Vous avez déjà un très bon thriller à voir dès le mois de Mai dans les salles avec « Une part d’ombre » qui met en scènes Fabrizio Rongione et Natacha Régnier dans le rôle d’un couple fédérateur et très amoureux, parents de deux enfants, entourés d’amis et qui ne résistera pas à une terrible épreuve : une accusation de meurtre à l’encontre du marie, David, coupable pas tout à fait idéal mais ambiguë, un personnage que le réalisateur a souhaitait ne pas définir de manière immédiate. « C’était l’un des enjeux du film : l’empathie pour le personnage. (…) Son ambiguïté, son ambivalence maintiennent le doute chez le spectateur qui obtient des informations, des éléments fragmentaires par le biais de l’entourage de l’accusé. On n’est pas dans polar classique où on suit une enquête par l’intermédiaire de la Police que l’on voit d’ailleurs très peu, c’était un choix de ma part » précise Samuel Tilman.
Des éléments fragmentaires qui apparaissent via de multiples flashbacks filmés en plans relativement larges faisant la part belle aux paysages locaux, en opposition avec des plans très rapprochés de la famille et des amis de David et son épouse. Une grammaire cinématographique voulue par le réalisateur et qui contribue à la construction du film et au fait que le spectateur objective les preuves à charge ou à décharge et prenne position bien souvent pour des raisons morales, à l’image de certains personnages d’ailleurs. C’est ce regard sur les autres, sur l’autre qui rappelle que c’est généralement ce qui se passe autour d’un fait divers qui impacte chacun d’entre-nous dans son relationnel.
Enfin, revenons-en, il y a toujours ce doute, cet horrible doute avec ce personnage sympa au premier abord et qui possède une part d’ombre en plus de porter la culpabilité, ou plutôt devrait-on dire une culpabilité ?… Ce père de famille qui prend tout d’abord l’accusation avec détachement avant de comprendre petit à petit qu’il devra se battre… Face à cela, des amis, des hommes et des femmes qui doivent aussi faire face à la révélation de ce côté obscure qui les touche au plus profond d’eux-mêmes, bien plus qu’ils ne l’auraient imaginé. Et enfin, comme si cela ne suffisait pas, il y a cette fin, ambiguë elle aussi, semi ouverte, mais qui ne vous laissera pas sur votre faim, on peut vous le garantir. Avec sans doute moins de moyens qu’un bloc buster du genre, « Une part d’ombre » devrait facilement se faire sa place au printemps. Vous apprécierez ce un film très travaillé, au rythme assez lent et pourtant terriblement captivant, un film très bien monté, avec un casting idéal, des acteurs bien dans leurs baskets et leurs personnages. A voir si vous aimez les polars, mais pas que !
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