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vendredi 20 septembre

Urbanisme : « ce qui devait arriver arriva »

Article de Jean-Claude Crouvezier

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chantier

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La révision du PLU en 2015 avait fait l’objet d’un rapport remis à M. Le Maire par M. LALEVEE Bernard en sa qualité de Commissaire enquêteur.

J’avais adressé un courrier à ce dernier en date du 9 février 2015, courrier  faisant part point par point d’observations sur la réglementation édictée par le PLU précédent (invalidé pour un vice de procédure administrative) dont j’espérais qu’il puisse être revu avec une prise en considération des éléments d’analyse que j’avais développés comme l’avaient sans doute fait d’autres personnes.

Il n’en a rien été, si ce n’est une correction apportée à l’article 6 en zone UB, comme m’en informait

  1. Le Maire dans sa réponse écrite en date du 22 juin 2015.

Il se révèle malheureusement que le « désastre annoncé » dans mon courrier, dont le contenu suit cet article, s’est produit. C’est ce qui m’amène à réagir publiquement.

Résultat d’une prise de décision sans véritable concertation: tout individu qui a des yeux pour voir, investisseurs ou promoteurs compris, quand bien même ces derniers aient pu profiter d’une réglementation permissive à l’excès en terme de densification des constructions, ne peut que constater aujourd’hui la défiguration des coteaux et de façon plus générale de notre environnement.

Devant ce constat, l’objectivité doit amener à une réflexion de fond : faut-il continuer, pour l’intérêt financier de quelques-uns, ou arrêter, pour le bien-être de tous ?

A ce propos, je salue le courage d’opinion d’ Anne HUART qui au regard de sa profession d’hôtelière et de son lien induit avec le tourisme, en appelle à l’arrêt de l’hyperurbanisation dans son article paru le 25 septembre dernier.

Je partage sa position et l’affirme publiquement, conscient du fait que je serai la cible du « tribunal populaire » constitué, pour sa majorité, des défenseurs de leur propre intérêt intervenant pour beaucoup avec la virulence et l’irrespect que leur permet un courageux anonymat.

Je sais déjà, par exemple, que certaines personnes diront que les investisseurs ou promoteurs immobiliers sont le moteur de l’économie locale et le remède à la désertification des commerces et des écoles. Peut-être …, même si investir et faire la promotion ne reflètent pas forcément l’intention louable de vouloir faire vivre tout le monde.

Je leur réponds que le point de saturation est atteint : saturation des équipements publics, saturation des réseaux publics, saturation même de l’offre locative saisonnière.

La commune de GERARDMER, dont il faut se rappeler qu’elle a obtenu le label FAMILLE PLUS, ce qui suppose l’engagement premier de valoriser l’accueil des familles et des enfants en vacances, ne s’honore pas à devenir la ville accueillant les fêtards et autres manifestants pétaradant.

Parlant d’équipements et réseaux publics, le financement des travaux, nécessaires à leur adaptation au flux grandissant des touristes, coûte à la collectivité et donc à ceux-là mêmes qui subissent les désagréments causés par les bandes de potes venus faire la bringue.

Bien sûr, il ne s’agirait pas non plus d’empêcher les gens de faire la fête mais de ne pas permettre l’installation d’équipements en extérieur dont on sait qu’ils créeront inévitablement des nuisances pour les riverains. Et puis, franchement, même si c’est l’indispensable atout vanté par les loueurs, se tremper le cul dans un spa, dans les germes ou autres substances laissés par les utilisateurs précédents, ne me semble pas être la condition d’une fête réussie.

Cela dit quand ces équipements existent, ils sont vendus et évidemment utilisés comme l’ont fait une partie de ma famille et ses amis lors de la soirée de mariage d’un de mes fils dans un chalet loué à GERARDMER.

Je parle de fête familiale pour dénoncer un autre fait : la construction de ce chalet, initiée par un promoteur localement connu, a fait l’objet d’une demande de permis de construire, documents à l’appui en ma possession, déclarant une résidence principale et ne mentionnant pas la piscine intérieure existante.

J’ai pu y constater des manquements aux règles de sécurité avec des risques certains pour les occupants, pensant particulièrement au feu et au risque étendu de propagation avec des constructions, si rapprochées les unes des autres que lorsque l’on est sur la terrasse, on a l’impression d’être sur celle du chalet voisin.

L’exemple parfait, si je puis dire, de la densification à l’excès est le Village Expo créé dans l’épingle de la Mauselaine. Quelle originalité ! Des chalets et des équipements tous semblables recevant une clientèle touristique qui, expérience faite aussi de la promiscuité, ne sera assurément que de passage…

Il est bien d’autres endroits où le paysage a été détruit et s’il est malheureusement trop tard pour « réparer le mal », les politiques seraient inspirés de prendre des décisions courageuses, ce qui peut-être veut dire désintéressées, pour faire changer les choses et en l’occurrence modifier la réglementation d’urbanisme.

Les responsables diront : « Nous ne faisons qu’appliquer la loi ». Certes, mais si les lois ALUR, ELAN ou autres textes élaborés au gré des changements de pouvoir suppriment la notion de COS, ou de rapport surface bâtie – surface terrain, je n’ai pas vu, à la lecture des articles, ceux qui empêcheraient une commune de réglementer les prospects ou interdire des équipements ou installations susceptibles de nuire à l’environnement.

Sur les prospects, il était clair que les règles suivantes édictées par le PLU, dans la zone UB notamment, amenaient à la densification et elles ont été validées. Il est permis de construire:

  • en mitoyenneté sur 2 limites contiguës d’un terrain
  • sans notion de distance entre 2 bâtiments sur un même terrain
  • avec la distance minimale de 3.00 m selon le RNU par rapport aux limites mitoyennes alors que celle-ci était de 5.00 m auparavant

Je vois comme une incohérence le fait de valider des dispositions contraires à l’esprit développé par la réglementation SPR (Site Patrimonial Remarquable – ex AVAP), réglementation en application sur une grande partie de la commune et dont il est écrit, sur le site consacré de la Mairie :

« Le site Patrimonial Remarquable s’applique désormais pour garantir le maintien de l’unité paysagère et urbaine sur le territoire communal ». Ces mots ont-ils un sens ? Chacun peut visuellement en juger aujourd’hui.

Les citoyens sont en droit de croire en la volonté des Elus pour assurer la protection du bien commun, dans les faits et pas par les promesses électoralistes à venir

JC Crouvezier

————————————————————————————

LALEVEE Bernard

Commissaire enquêteur titulaire

Mairie

46, rue Charles de Gaulle

88400 GERARDMER

Courrier déposé en mairie de GERARDMER le 10 février 2015

Affaire :

Enquête publique sur le projet de PLU de la commune de GERARDMER

Objet :

Observations diverses

Gérardmer, le 9 février 2015

Monsieur,

Je comprends que la nouvelle enquête publique que vous avez pour mission de mener ne puisse raisonnablement s’orienter vers une refonte complète en raison du fait que bon nombre de projets ont été lancés avant l’invalidation du PLU mais il me paraitrait opportun que certaines des règles édictées puissent être reconsidérées dès lors qu’elles ne toucheraient pas à la possibilité effective de construire.

L’étude et la réalisation de plusieurs projets conçus dans le respect du PLU alors en vigueur ont mis en évidence l’incohérence voire l’absurdité de dispositions réglementaires qui, pour certaines, se contrarient.

Il est bien de vouloir préserver le cadre naturel mais restreindre voire empêcher le bâti en zones non urbaines n’y suffit pas surtout  si, par excès inverse, tout est permis en zones urbaines avec des constructions les unes sur les autres et un impact visuel très préjudiciable à l’environnement.

Mes remarques portent principalement sur les zones urbaines ou péri-urbaines pour lesquelles certaines des règles définies amèneront, comme cela peut déjà être constaté en plusieurs endroits, à une détérioration du paysage.

Zone UB

1) Caractéristiques des terrains : Non réglementé

Disposition permissive au regard du fait qu’il n’est fait aucune mention de surface minimale pour bâtir avec pour conséquence des surfaces paysagères et plantations réduites à « peau de chagrin ».

2) Implantation des constructions par rapport aux voies et emprises publiques : La façade sur rue des constructions principales doit être implantée dans une bande comprise entre 0 et 6 m de l’alignement

  • Une façade édifiée sur la limite pose un problème évident de sécurité à l’entrée et sortie des véhicules comme des personnes
  • Une façade édifiée sur la limite réduit la possibilité de créer en suffisance des places de stationnement
  • Une façade sur rue est-elle appropriée quand les chasse-neige doivent se mettre à l’œuvre, plus encore quand il n’y a pas de trottoir ?
  • Un recul, imposé pour toute la longueur de la façade principale, amène à un piètre rendu architectural avec une ligne de façade monotone qui pourrait ou devrait avoir, selon son orientation, une partie en décrochement pour abriter une terrasse ou permettre le retournement de véhicules pour qu’ils s’engagent toujours en marche avant sur la voie publique

Le bon sens appelle à un recul de 5.00 mètres minimum ne s’agissant cependant pas d’éliminer une règle d’implantation sur limite qui est elle adaptée, au contraire, à des projets d’immeubles collectifs situés au cœur de la ville avec un alignement sur les bâtiments existants.

3) Implantation des constructions les unes par rapport aux autres sur une même propriété : Non réglementé

Les effets dévastateurs de cette disposition sont, je le répète, déjà visibles avec des balcons situés à moins de 2.00 mètres d’un bâtiment existant, avec une vue plongeante chez le voisin mais aussi une vue d’ensemble bouchée par cette proximité.

Si l’on peut comprendre la volonté des élus d’instituer des règles visant à donner la possibilité de construire à un plus grand nombre de personnes, leur analyse se devrait de prendre en compte les conséquences de la surdensité du bâti en terme de vie au quotidien, tant pour la tranquillité des occupants que pour la préservation d’un environnement qui est celui d’une petite ville de montagne et non d’un grand centre urbain.

Il serait intéressant d’analyser la nature des opérations qui ont profité de cette disposition pour vraisemblablement s’apercevoir qu’elle a profité, plutôt qu’à des jeunes couples locaux désireux d’accéder à la propriété, à des propriétaires ou investisseurs qui ont construit des maisons ou logements à destination locative saisonnière, sans vrai souci du bien être et de la tranquillité des occupants.

L’autre conséquence de la proximité du bâti est le risque accru de propagation en cas d’incendie avec, en plus, des espaces d’accès pour les services de secours réduits voire condamnés entre 2 bâtiments qui se touchent presque.

4) Emprise au sol : Non réglementé

Mêmes conséquences affectant l’environnement et le paysage pour une disposition qui, comme celle-ci, permet une densification trop importante.

Zone UC

1) Caractéristiques des terrains : Non réglementé

Même remarque que celle concernant la zone UB

2) Implantation des constructions par rapport aux voies et emprises publiques : La distance – comptée horizontalement de tout point de la construction au point de l’alignement le plus rapproché – doit être au moins égale à la moitié de la différence d’altitude entre ces 2 points, sans pouvoir être inférieure à 3 m.

 Là aussi, un recul de 5.00 mètres minimum, permettant notamment le stationnement de véhicules,  semble plus approprié.

3) Implantation des constructions les unes par rapport aux autres sur une même propriété : Non réglementé

Même remarques que celles concernant la zone UB

Zone UE

1) Caractéristiques des terrains : Non réglementé

Même remarque que celle concernant la zone UB

2) Implantation des constructions les unes par rapport aux autres sur une même propriété : Non réglementé

Même remarques que celles concernant la zone UB

3) Emprise au sol : Non réglementé

Mêmes conséquences affectant l’environnement et le paysage pour une disposition qui, comme celle-ci, permet une densification trop importante

Zone UH :

1) Caractéristiques des terrains : Non réglementé

Même remarque que celle concernant la zone UB à la différence que l’emprise au sol est elle limitée

Zone UL :

1) Caractéristiques des terrains : Non réglementé

Même remarque que celle concernant la zone UB

2) Implantation des constructions les unes par rapport aux autres sur une même propriété : Non réglementé

Même remarques que celles concernant la zone UB

3) Emprise au sol : Non réglementé

Mêmes conséquences affectant l’environnement et le paysage pour une disposition qui, comme celle-ci, permet une densification trop importante

Zone UV :

1) Caractéristiques des terrains : Non réglementé

Même remarque que celle concernant la zone UB

2) Implantation des constructions par rapport aux voies et emprises publiques : La façade sur rue des constructions principales doit être implantée dans une bande comprise entre 0 et 6 m de l’alignement

Même remarque que celle concernant la zone UB, sur la règle d’alignement avec le bâti existant qui ne devrait logiquement s’appliquer qu’à des projets d’immeubles au centre ville

3) Implantation des constructions les unes par rapport aux autres sur une même propriété : Non réglementé

Même remarques que celles concernant la zone UB hors, bien sûr, pour ces mêmes projets d’immeubles

3) Emprise au sol : Non réglementé

Mêmes conséquences affectant l’environnement et le paysage pour une disposition qui, comme celle-ci, permet une densification trop importante

J’espère que les observations développées pourront être prise en considération dans votre analyse du projet de PLU.

Ces observations émanent de l’expérience concrète d’un professionnel de la construction préférant voir préserver le caractère paysager naturel de GERARDMER plutôt que profiter, par le potentiel de clientèle qu’elle pourrait lui apporter, d’une réglementation trop permissive menant elle à la défiguration de la ville.

Vous remerciant de votre compréhension de la démarche entreprise,

Je vous prie de croire, Monsieur, en l’expression de mes meilleurs sentiments.

Jean-Claude CROUVEZIER

 

 

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