Après la parution de mon article paru dans GI le 4 octobre dernier qui dénonçait l’hyper-urbanisation, l’ensemble des commentaires (à l’exception de ceux d’un gérômois qui se reconnaitra) approuvait mes dires et toutes les personnes avec lesquelles j’ai pu échanger verbalement m’ont manifesté elles aussi leur approbation.
La réglementation relative à l’AVAP (Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine), devenu depuis SPR (Site Patrimoniale Remarquable) a été approuvée en date du 27 janvier 2015 par le Conseil municipal tout comme le PLU (Plan Local d’Urbanisme) l’a été le 18 juin 2015.
Ce PLU a été légalement soumis à enquête publique, ceci dans le but déclaré d’informer la population, de recueillir son opinion et ses suggestions avant adoption définitive par nos représentants élus.
Si Laurence DENY et moi-même avions alors fait part de nos observations auprès du commissaire enquêteur, avec une pertinence, toute modestie gardée, que la vue frappante du bouleversement de notre environnement révèle aujourd’hui, il serait opportun de consulter le registre d’enquête pour connaitre et considérer, avec un regard éclairé par la réalité, tous les autres avis exprimés.
Cette réalité, d’un paysage et d’un cadre de vie détruits, laisse à penser que ce registre n’a pas été pris en compte lors de l’élaboration du PLU approuvé ainsi sans vraie concertation.
Il est nécessaire et urgent de modifier ce PLU comme l’ont fait avec lucidité et courage, soutenus en cela par la majorité de leur administrés, les maires des communes de MORZINE et du GRAND BORNAND
C’est une des décisions prioritaires que le collectif nouvellement constitué GERARDMER PATRIMOINE NATURE (https://gerardmerinfo.fr/2019/11/collectif-gerardmer-patrimoine-nature-actif/) souhaite voir prise.
L’hyper-urbanisation, et plus particulièrement des secteurs des coteaux, est la conséquence de l’application de règles d’urbanisme trop permissives et dont certaines sont, non seulement contradictoires entre PLU et AVAP, mais inapplicables sur le terrain, ce qui se démontre par des non-conformités visibles lors de la réalisation des constructions ou à leur achèvement.
Je pense particulièrement à la règle, principalement applicable dans ces secteurs, limitant à 1.00 m la hauteur des remblais-déblais et des murs de soutènement. Il suffit de regarder…
Le contrôle de conformité des travaux n’est pas obligatoire, disposition incohérente de la loi ELAN qui laisse toutefois le choix aux maires quant à ordonner ou pas ce contrôle.
Si contrôle il y a, celui-ci doit se faire dans les 3 mois qui suivent la déclaration d’achèvement des travaux car passé ce délai, les communes n’ont plus aucun recours possible envers les contrevenants.
A cela s’ajoute le fait que l’instruction des dossiers de demande de permis de construire ou d’aménager se fait avec la considération que l’engagement du pétitionnaire a seul valeur de droit.
C’est-à-dire qu’un dossier répondant, dans sa présentation, aux règles d’urbanisme ne sera pas rejeté quand bien même l’œil averti des membres de la Commission de l’urbanisme y verrait des incohérences. Quand j’avais évoqué le sujet lors d’une réunion en mairie le 28 février 2017 en demandant de façon abrupte s’il fallait tricher, il m’avait été répondu « c’est du déclaratif, on ne peut rien faire …».
Ces propos n’engagent que moi mais j’ai connaissance de 2 cas, copie des demandes et plans acceptés à l’appui, où j’affirme qu’il est impossible de ne pas voir la non-concordance de la représentation graphique présentée par rapport à la topographie du terrain et à sa relative exigüité.
Le 2ème cas, très récent, concerne un chantier qui vient de démarrer où l’architecte a pris un soin tout particulier à faire mention de la hauteur de remblai et soutènement sur les plans de façades alors que son plan masse (plan aérien) montre qu’il est impossible de limiter cette hauteur à celle, réglementaire, de à 1.00 m.
Je parle d’un constat et trouve regrettable qu’un professionnel, garant, à mon sens, par sa formation ou vocation de la beauté ou de l’harmonie du paysage en terme de nature et bâti, puisse choisir, même s’il faut vivre de son métier, de satisfaire l’appétit d’investisseurs en trahissant des valeurs et une éthique revendiquées.
Le collectif GERARDMER PATRIMOINE NATURE appelle les gérômois à se mobiliser pour que s’arrête la destruction de leur bien commun, pour que les atteintes bien visibles déjà portées à leur environnement ne s’étendent encore :
- Coteau des Xettes, le mal est fait, ça continue sur le Haut des Xettes
- Coteau de La Rayée, le mal est fait
- Coteau de la Haie Griselle, la spéculation immobilière le menace, c’est pour demain si la réglementation d’aujourd’hui continue à s’appliquer
- Le Bas de La Haie Griselle, c’est en train de se faire
- Les Gouttridos, c’est aussi en cours et avec une telle rapidité que la paysage se transforme, ou plutôt disparait, un peu plus chaque jour
- La Droite du Lac, c’est en cours
- Le Centre Ville, des ensembles nouvellement construits sans espace paysager, sans espace de vie, sans espace de vue
Il faut se mobiliser afin que les actions citoyennes du collectif, des comités de quartier et de toutes les personnes soucieuses elles aussi de protéger leur cadre de vie puissent mettre fin aux agissements des spéculateurs immobiliers qui détruisent notre patrimoine dans une compétition outrancière.
Si cela perdure, GERARDMER deviendra une cité urbaine quelconque, sans originalité, sans identité culturelle, une ville où la forme de tourisme qui prédominera sera celle qui voit un attrait dans les produits marketing vantés par les loueurs ou autres promoteurs, à défaut pour eux de pouvoir vanter une nature qu’ils auront détruite.
Vous pouvez contacter le collectif à cette adresse : gerardmer.patrimoine.nature@gmail.com
JC Crouvezier
0 commentaire