Ce mercredi soir, à l’occasion du rassemblement instigué par la Ligue des Droits de l’Homme, la secrétaire du groupe Amnesty International de Remiremont Françoise Remy a pris la parole pour évoquer notamment une « attaque à la liberté d’expression. » Retour sur un discours épris de pertinence, d’humanité et… de liberté dont voici le verbatim.
« Samuel Paty est mort pour avoir voulu enseigner à ses élèves l’esprit critique, la diversité de points de vue et les notions essentielles de liberté d’opinion, d’expression et de conscience, sans lesquelles il n’y a pas d’état de droit. En ciblant cet enseignant, son assassin a voulu s’attaquer à la liberté d’expression, pierre angulaire de notre société. Nous devons défendre sans relâche cette liberté. Elle autorise la critique d’une opinion, d’un courant de pensée, d’une religion, y compris à travers le blasphème. Elle implique donc d’accepter d’être choqué, perturbé, voire offensé.
Enseigner ces exigences est fondamental et cette tragédie doit renforcer notre détermination à protéger la liberté d’expression sous toutes ses formes.
Pour nous, Amnesty International, défendre le droit à la liberté d’expression, qui figure à l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, fait partie de notre mandat depuis la fondation de notre mouvement en 1961. En effet celui-ci a vu le jour grâce à un avocat britannique scandalisé par l’emprisonnement d’étudiants portugais, sous la dictature de Salazar, qui n’avaient commis d’autre délit que porter un toast à la liberté.
Pour nous, Amnesty International, défendre le droit à la liberté d’expression, qui figure à l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, fait partie de notre mandat depuis la fondation de notre mouvement en 1961. En effet celui-ci a vu le jour grâce à un avocat britannique scandalisé par l’emprisonnement d’étudiants portugais, sous la dictature de Salazar, qui n’avaient commis d’autre délit que porter un toast à la liberté.
Depuis, Amnesty n’a cessé de défendre ceux que nous appelons des « prisonniers d’opinion », c’est-à-dire des personnes emprisonnées pour leurs caractéristiques ( origine ethnique, sociale, couleur de peau par exemple) ou leurs convictions (religieuses, politiques ou autres). Nous intervenons aussi en milieu scolaire dans le cadre de ce que nous appelons « l’Education aux droits humains » à la demande de professeurs. Or justement le droit à la liberté d’expression est un des thèmes les plus retenus. Les élèves nous demandent alors : « Si on est libre, on peut tout dire ? » La réponse est non. L’article 20 du Pacte International relatif aux Droits civils et politiques de 1966 signé et ratifié par de très nombreux pays fixe clairement une des limites essentielles à cette liberté : « : « tout appel à la haine, nationale, raciale ou religieuse, qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence ». Et nous défendons un prisonnier d’opinion, seulement s’il n’a pas eu recours à la violence ou préconisé son usage. On ne peut donc pas tout dire ni tout écrire, contrairement à ce qui se fait sur les réseaux sociaux. Raison de plus pour apprendre aux élèves le discernement, la rigueur, bref l’esprit critique.
Dans le cas de notre collègue il s’agit d’un acte commis par un criminel, animé par une idéologie mortifère. Les éventuels complices devront répondre de leurs actes et être jugés dans le respect du droit. C’est à l’État de garantir à tous et toutes la possibilité de jouir de ces libertés sans crainte en particulier dans le domaine scolaire.
Dans cette période d‘instabilité et d’inquiétude, nous devons plus que jamais garder comme repères nos valeurs et principes, ceux de l’état de droit, de la justice, de la liberté et de l’égalité de tous et de toutes. C’est la seule manière de répondre à la haine, à la violence et à la discrimination. Le respect des droits humains doit plus que jamais rester notre boussole, même face aux attaques les plus odieuses.
Les droits humains nous protègent, protégeons-les. »
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