Ce jeudi après-midi, le préfet des Vosges, Yves Séguy, s’est rendu à la mairie du Val d’Ajol pour échanger avec des éleveurs sur la question de la gestion des activités agricoles en présence du loup. L’année dernière, un animal avait provoqué de nombreux dégâts sur le territoire de la commune.
Les départements des Vosges et de la Haute-Saône ont en effet connu en août et septembre derniers une série d’attaques attribuée au loup surnommé « Billy » ayant conduit à la mort de nombreux ovins et bovins. La rencontre de ce jeudi était l’occasion d’évoquer les opérations liées à la présence du loup sur le secteur et d’échanger sur l’adaptation des élevages aux nouvelles délimitations des zones d’éligibilité aux mesures de protection des troupeaux pour 2021. Des experts dans le domaine étaient présents, de la DDT (Direction Départementale des Territoires) à l’OFB (Office Français pour la Biodiversité). Après avoir fait la présentation de l’historique de la réintroduction de l’espèce en France, ils ont retracé sur une carte le parcours du « loup du Val d’Ajol », de l’Allemagne aux Vosges, en passant par les Pays Bas, la Belgique, le Luxembourg. L’animal a causé des dégâts importants sur son passage : ici une cinquantaine de moutons tués, deux veaux un peu plus loin.
« Billy », comme on l’a surnommé, avait un comportement tout à fait atypique. « C’est une bête de chasse, une bête de compétition », explique Hervé Donel, lieutenant de louveterie. Les tirs d’effarouchement n’ont pas été suffisants. « Aucune incidence ». Le prédateur revenait dans la stabulation quelques minutes plus tard. L’utilisation de dispositifs lumineux n’a pas été plus efficace. « Il regardait à peine ». Au final, dans la nuit du 22 au 23 septembre 2020, le loup a été légalement abattu sur le territoire de la commune du Val-d’Ajol. « Je pense que mon prédécesseur a pris la bonne décision », affirme Yves Séguy. « Ce tir était tout à fait justifié », étant donné les circonstances, le comportement de l’animal. Selon le Préfet des Vosges, il faut programme de régulation qui doit permette de composer entre défense de l’activité agricole et la préservation des espèces protégées. « Sur notre territoire, il faut qu’on soit d’une vigilance de tous les instants ».
Un « en même temps » qui ne satisfait pas tout le monde. « Il y a un moment, il faut faire des choix », affirme Philippe Clément, président de la FDSEA des Vosges. Ce dernier pointe le coût de la protection contre les attaques du prédateur. « On demande que la main ne tremble pas », affirme Jérôme Mathieu, président de la Chambre d’Agriculture. Et quand c’est nécessaire, « il faut aller au tir de prélèvement ». La détresse psychologique des éleveurs est évoquée, ainsi que les conséquences sur le reste des troupeaux. Jean Yves Poirot, éleveur à La Bresse, a dû faire face à de très nombreuses attaques. Un problème « de plus en plus récurent », selon lui. Si l’animal ne s’attaque en principe pas à l’homme, l’éleveur craint la possibilité d’un comportement inverse. « Quand ça arrivera à un enfant, et bien ce sera trop tard ». L’élevage de Frédéric Mathiot a également été attaqué. « Tous les matins, on arrive la peur au ventre », affirme t’il. « On se disait : il va sans doute revenir (…) En quinze jours, il avait fait trois attaques ». La troisième fois, heureusement, aucune bête n’a été tuée. « J’ai allumé la lumière, le loup a dû se sauver ».
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