C’était sans doute la projection la plus attendue de cette édiction des Rencontres du Cinéma et pour cause : « Le Torrent » a été filmé en grande partie dans le secteur de Gérardmer pendant la période COVID et plusieurs locaux ont fait de la figuration dans ce thriller où l’on retrouve José Garcia, Anne Le Ny, André Dussolier ou encore Capucine Valmary, personnage central de l’intrigue.
Première question qui brûlait les lèvres du public à l’issue de la projection au casino, pourquoi avoir choisi la perle des Vosges pour le tournage du film ? « Je suis une fille de la mer. Je trouve que la montagne a quelque chose d’angoissant et de mystérieux. C’est un peu anxiogène et écrasant pour moi. Là, dans les Vosges, comme ce sont de vieilles montagnes, plutôt vallonnées, ça l’était un peu moins et il y avait quelque chose dans l’ambiance qui était évident, notamment avec cette brume que vous avez parfois. (…) Et j’avais envie de montrer des images qu’on n’a pas forcément l’habitude de montrer » précise Anne Le Ny. Le décor était planté et idéal pour un film tortueux et interrogatif : « Je n’avais jamais fait de film de genre, c’est amusant de travailler avec des contraintes. En l’occurrence sur un thriller avec une architecture très serrée. »
« Le Torrent » c’est donc cet événement qui survient et influe sur les choix cornéliens de certains personnages, ce sont les sentiments qui dévalent et une intrigue qui se précipite : « Ça tourne doucement au vinaigre. Il y a tout d’abord un décès, une chose terrible, puis le destin avec cette inondation. Cela permet de faire planer une menace forte sur les personnages, y compris l’enfant » commente la réalisatrice. Parmi ces personnages, celui de Lison interprété par Capucine Valmary : un personnage qui grandit au fil du temps, apprend l’empathie, la méfiance, la trahison qui est un thème central également. « Les vrais salauds sont finalement très rares. Le mal qui vient des personnes normales m’intéresse plus que le mal venant des monstres » explique Anne Le Ny. Un concept que l’on retrouve notamment dans le personnage de José Garcia qui glisse lentement vers l’obscurité. « Le Torrent » est donc lui aussi un film qui questionne et fuit le manichéisme, avec une intrigue assez classique mais bien ficelée, le tout dans les Hautes Vosges qui semblent se prêter à merveille au polar. Découvrir et redécouvrir des lieux bien connus à travers la caméra de professionnels est toujours délectable… Petit bémol, il va falloir s’armer de patience et attendre jusqu’en novembre prochain pour pouvoir le visionner dans les salles obscures !
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