Lundi soir, le maire de Gérardmer avait réuni un conseil d’exploitation de la station de ski auquel étaient également invités les représentants des socioprofessionnels locaux ainsi que le directeur de l’ESF locale Thierry Bastien. L’objectif était de faire avec eux un premier bilan, un point étape avant d’évoquer la future orientation de la station et recueillir leurs avis éventuels.
Dans le contexte économique et environnemental actuel, le point d’équilibre financier ne peut plus être atteint. Et si Stessy Speissmann Mozas a affirmé sa volonté d’effectuer une transition en douceur et « une sortie propre du produit neige« , il va falloir agir vite car, cette année encore, il sera nécessaire de piocher dans le budget général de la Ville pour subvenir aux besoins du budget annexe des pistes après une mauvaise saison d’hiver. Une de plus ! En effet, il faut se rendre à l’évidence et c’était d’ailleurs en grande partie l’objet de ce conseil : le modèle d’exploitation de la station de Gérardmer est devenu obsolète, la faute à un mauvais cocktail, particulièrement indigeste, à une succession d’événements indésirables…
Un rachat qui pèse encore sur l’encours de la dette
C’est ainsi que l’évoquait ce mercredi le premier magistrat, rappelant tout d’abord que la station avait été reprise en 2008 pour un coût s’élevant à 11 millions d’Euros (non négociable). Entre 2008 et 2017, de nombreux investissements ont dû être réalisés pour maintenir et améliorer l’offre pour un montant d’environ 13 millions d’Euros. Un emprunt avait été nécessaire à l’époque pour le rachat qui pèse encore aujourd’hui (fin de l’échéance du remboursement en 2036) avec un encours de la dette globale de la station qui s’élève à 16 millions d’Euros, soit 1,5 millions d’Euros à rembourser chaque année.
« Le Préfet va probablement mettre le holà »
Les mauvaises saisons successives ont également fait mal : pas de neige en 2019-2020, puis la période COVID avec notamment un prêt contracté pour passer 2020-2021 et l’obligation de combler le manque à gagner sur les dernières saisons en piochant dans le budget général de la commune pour un montant total de 3 millions d’Euros. « Le Trésorier était d’ailleurs présent lundi à ce sujet. Le fait de réinjecter de l’argent de la commune sur la station doit être exceptionnel. En 2023, ça va pourtant être pareil et le Préfet va probablement mettre le holà. Et de tout façon, moralement, cela pose problème, car à ce moment-là ce sont les impôts des Gérômois qui servent à combler ce déficit, car si le budget de la station est mis à mal, c’est le budget général qui est mis à mal et ce que nous mettons là-haut (à la station NDLR), c’est aussi ce que je ne peux pas utiliser en bas, pour refaire des routes ou des trottoirs, en aides ou en subventions etc. » explique le maire de Gérardmer.
Un modèle obsolète et un point d’équilibre qui ne peut plus être atteint
Selon les chiffres de la comptabilité de la commune, que semble confirmer une étude commandée à un organisme privé, dans le contexte actuel prenant en compte dérèglement climatique, inflation et crise énergétique (sans oublier l’augmentation des charges salariales évoquée lors du dernier conseil municipal), le point d’équilibre pour la station (rappel : ski alpin et nordique) nécessiterait un chiffre d’affaire de 5 millions d’Euros auxquels il faudrait ajouter 500 000 Euros d’investissements récurrents et entretiens courants. Soit un total de 5,5 millions d’Euros. Les projections pour une excellente saison de ski sont de de 5 millions d’Euros, ce qui ne sera pas atteint en 2023, loin s’en faut, et qui ne pourra à priori plus être atteint en l’état actuel des choses. « Il n’y a pourtant pas de luxe là-haut, mais il fallait que chacun prenne en compte ces chiffres, prenne conscience de la situation et qu’en conclusion, le modèle actuel ne fonctionne plus » poursuit Stessy Speissmann Mozas.
Trouver une nouvelle gouvernance ?
Des pistes de réflexion ont néanmoins été avancées lundi soir, que le maire résumait ainsi : transformation et diversification de l’offre en la faisant évoluer vers quelque chose de plus global avec également un modèle plus économe et une diminution progressive du nombre de pistes. Une évolution de la politique tarifaire doit être envisagée également, et pourquoi pas trouver une nouvelle gouvernance en attirant de nouveaux partenaires publics et privés. « Dans certaines stations en Autriche, les socioprofessionnels reversent également un pourcentage de leur chiffre d’affaires à la station... » conclut Stessy Speissmann après ce premier tour d’horizon des éventuels remèdes à appliquer…
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