L’anthropocène, ou « ère de l’humain », constitue pour certains scientifiques une époque caractérisée par l’influence considérable et sans précédent de ce dernier sur la géologie et les écosystèmes. Le sujet est plus que jamais d’actualité et passionne Henri Cuny depuis plusieurs années, au point qu’il lui consacre un livre intitulé « Le bon, la brute et le tyran – Ce que l’Anthropocène dit de nous », paru aux éditions Maïa.
Originaire de Gérardmer, Henri Cuny est né en 1986 dans les Vosges. Après une licence et un master, il a réalisé une thèse en biologie végétale à l’Institut national de recherche agronomique (INRA) puis travaillé à l’Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) à Zurich. Ses recherches portaient sur la croissance des arbres en lien avec le climat. Il est aujourd’hui ingénieur à l’institut national de l’information et géographique et forestière (IGN) où il réalise des études sur la forêt française. Son cursus scientifique et son attachement viscéral à la forêt l’ont naturellement amené à se passionner pour l’Anthropocène, « l’époque dont nous sommes les sombres héros ».
« Ce sont des réflexions de longue date. (…) J’ai été assez tôt sensibilisé au concept d’anthropocène et à la problématique du changement climatique. Mais ce n’est que progressivement que j’ai pris conscience de ce que l’anthropocène et le changement climatique ne disent pas : l’activité humaine s’exerce dans le sens d’une altération de l’habitabilité de la planète et entraine un déclin de la vie des êtres « non humains ». Certains scientifiques n’hésitent d’ailleurs plus à parler de 6e extinction de la vie sur Terre ! Je pense que c’est une information capitale de notre époque. J’ai ressenti le besoin de libérer et de partager le sentiment d’urgence que j’éprouvais alors. J’ai donc commencé à écrire, sans vraiment savoir où tout cela allait bien pouvoir mener… » précise Henri Cuny lorsqu’on l’interroge sur ses motivations.
Et de poursuivre : « Dans le livre, je m’efforce de faire converger les connaissances acquises dans des domaines aussi divers que la paléontologie, l’anthropologie, la biologie, la psychologie, etc. pour mieux comprendre le cheminement qui nous a conduits à l’état actuel. J’ai donc fait la synthèse d’un grand nombre d’articles scientifiques. Toutes ces connaissances scientifiques permettent finalement de dresser le constat de l’anthropocène, à partir duquel je pose ensuite un certain nombre de réflexions et d’interrogations. Après, et je ne m’en cache pas dans le livre, je suis beaucoup influencé par les idées développées par Yuval Noah Harari dans son ouvrage « Sapiens : une brève histoire de l’humanité », qui est à mon avis fondamental pour bien comprendre l’origine de la puissance de notre impact sur la surface de cette planète« .
Comme le précise la 4ème de couverture, « ce livre explore la composante prédatrice de l’activité humaine dans une perspective globale et historique. D’où vient-elle ? Comment s’est-elle propagée au point de modifier les systèmes planétaires ? » « Le bon, la brute et le tyran – Ce que l’Anthropocène dit de nous » s’appuie fort logiquement sur des données chiffrées et pertinentes pour caractériser l’anthropocène. A titre d’exemple et pour mesurer l’impact de l’homme sur la planète, sur son environnement : la taille de la population humaine multipliée par 8 en 200 ans ; 70 % d’animaux sauvages en moins depuis 1970 ; près de 50 % de CO2 en plus dans l’atmosphère depuis 1850 et le début de la révolution industrielle ; 2 fois moins d’arbres sur Terre depuis les débuts de l’agriculture… « Alors qu’il a disposé de pouvoirs limités durant des centaines de milliers d’années, Homo sapiens a fini par devenir la principale force de changement sur Terre » résume la 4ème de couverture de l’ouvrage. Un essai qui tente de faire converger science et philosophie à travers deux questions essentielles : Qui sommes-nous ? Et que voulons-nous devenir ?
Le bon, la brute et le tyran : ce que l’anthropocène dit de nous – Henri CUNY – Éditions Maïa – 2023 –
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