Mardi matin, Valérie Michel-Moreaux, préfète des Vosges, Sylvie D’Alguerre, conseillère de la Région Grand Est et Laurent Seguin, président du Parc naturel régional des Ballons des Vosges, avaient invité la presse et réuni les partenaires du plan de renforcement du Grand Tétras à la villa Monplaisir de Gérardmer.
L’occasion pour Mme la Préfète, avant de rentrer dans le vif du sujet, de rappeler brièvement la genèse et le montage de ce projet inscrit dans la déclinaison « Massif des Vosges » du Plan National d’Action en faveur du Grand Tétras. Aujourd’hui, ce projet de renforcement des populations de Grands Tétras (seuls une dizaine de spécimens recensés dans le massif actuellement) arrive dans sa phase décisionnelle et opérationnelle. « C’est le fruit d’un travail porté ici par le Parc des Ballons avec l’aide de la région Grand Est et du Groupe Tétras Vosges, et cela fait suite à de nombreux travaux, des ateliers de la DREAL et une large consultation, que ce soit auprès des scientifiques, des collectivités, des associations et des habitants. » a ainsi tenu à rappeler Valérie Michel-Moreaux.
Un projet évolutif
Mme la Préfète qui a également déclaré qu’il s’agissait d’un « projet ambitieux, sensible et pas simple » mais qui bénéficiera « d’un suivi scientifique sérieux et de qualité dans le cadre de cette expérimentation », le tout avec des bilans annuels et la possibilité également d’abandon avant les 5 années prévues par l’arrêté préfectoral si les résultats ne sont pas satisfaisants. Et c’est sans doute un élément important à retenir de cette réunion : la préfecture autorise par arrêté (qui sera publié dans les prochains jours, tout comme le rapport des consultations) cette expérimentation pendant 5 ans sur des sites « qui ont les caractéristiques requises pour accueillir les populations de Grands Tétras et qui ont fait l’objet de consultations ». C’est d’ailleurs dans ce sens que les premiers lâchés auront lieu uniquement au Grand Ventron dans un premier temps. Pour le Tanet/Gazon du Faing, il faudra donc patienter que le site remplisse toutes les cases… Ou pas, car le projet est évolutif, notamment au niveau des sites, a spécifié Mme la Préfète.
Plus de risque à ne rien faire
De son côté, le président du Parc des Ballons Laurent Seguin a évoqué une opération emblématique avec pour objectif de retrouver une certaine biodiversité et de restaurer un patrimoine écologique. Face à une espèce proche de l’extinction, « le parc ne pouvait rester inactif ! » Ce dernier a ajouté que la décision fut difficile, et ce d’autant plus que les communautés naturalistes et scientifiques semblent divisées sur ce sujet. « Mais à mon avis, on prend plus de risque à n rien faire que de tenter quelque chose. (…) Il ne faut pas négliger les oppositions et essayer d’apporter des réponses, de prendre des décisions au fil des années et des évolutions techniques » déclare le président du parc. Ce dernier semble avoir confiance en l’aspect mobilisateur et fédérateur de cette expérimentation qui va donc réunir de très nombreux acteurs du massif.
« Il n’y a pas que le Tétras et la route des Crêtes »
C’est d’ailleurs cet aspect fédérateur qu’a souhaité mettre en lumière Sylvie d’Alguerre tout en appelant à faire preuve « d’humilité face à ce projet et à son devenir » sachant « qu’il n’y a pas de vérité absolue, mais tout de même des signes encourageants concernant la capacité d’adaptation des Tétras au réchauffement climatique » par exemple. La conseillère régionale a également insisté sur le fait qu’il ne fallait pas oublier les autres enjeux environnementaux du massif où « il n’y a pas que le Tétras et la route des Crêtes » qui doivent être au cœur des débats et des plans d’action. Ce plan fait partie d’une démarche plus globale sur ‘ensemble du territoire. Autre point important abordé par l’élue, ce projet a une fonction « pilote » par rapport à d’autres régions qui se trouvent dans des situations similaires et attendent de pouvoir ou non s’inspirer de telles initiatives. Affaire à suivre…
6 commentaires
math
dans le dossier de presse de la préf de région le coût annoncé est de 200 000€ par an…donc 5 ans à 200 000€…c’est l’argent des contribuables…1 million d’€ , ça fait cher du coq et de la poule. Croyez vous que c’est un investissement nécessaire ? Pour que les touristes chanceux de les croiser soient émerveillés…Messieurs Munier surveillez cette installation réintroduction pour nous
THOMASK
Dans un article de VM, l’un des promoteur du projet Tétras évoque la fermeture de la route des crêtes pendant la période de réintroduction du grand tétras, sans aucune consultation de la population concernée , bien sûr.
Cette réintroduction étant planifiée sur 5 ans, cela entrainerait la fermeture de la route pendant cette période complétée probablement d’une période de durée indéterminée pour ne pas effrayer les quelques oiseaux qui auraient résistés à un environnement et un climat qui n’est plus le leur .
Parce que derrière cette couteuse initiative, les seuls bénéficiaires seront les escrologistes qui auront de manière détournée obtenus la fermeture de la route des crêtes .
Jean-Paul Petit
Malheureux oiseaux.
On pouvait penser qu’ils n’oseraient pas. Et ils ont osé. Malgré l’opposition de tous les acteurs compétents sur le sujet, une première phase d’expérimentation est en cours. La déportation a commencé. Les idéologues l’emportent sur les scientifiques.
Il reste à espérer que les pauvres tétras acquerront le talent des oies sauvages et s’en retourneront vite à tire-d’aile dans leur contrée natale. Ce serait leur façon d’entrer en résistance. La grande évasion.
Le plus probable est hélas pour eux une mort lente ou rapide due aux prédations animales ou humaines, tant il est vrai que notre minuscule massif vosgien, surpeuplé et bruyant, est totalement inadapté à la vie sauvage de ces animaux.
Et ce sont les mêmes gugusses qui viendront nous parler du bien-être animal. Révoltant.
Julie
Merci Mme la prefete de m’envoyer au casse pipe en pleine période de reproduction, contre l’avis de tous les spécialistes…signé le grand Tétras
Laurent Biewer
Article de Vincent Munier
Réintroduction du Grand Tétras ? la bêtise des Vosges !
Vous avez aimé les bêtises de Cambrai ? Apprêtez-vous à goûter à la bêtise des Vosges ! Une bêtise au goût amer, un bonbon au goût de sapin. Laquelle pourrait compléter le kit de goodies susceptibles, avec tee-shirts, mugs et porte-clefs, tous à l’effigie du grand tétras, de financer la réintroduction de l’oiseau sur la route des crêtes.
Un projet qui, j’en suis convaincu, relève de la pure bêtise. Comment ose-t-on imaginer qu’on puisse réintroduire le Grand Tétras dans les Vosges, dont il a aujourd’hui disparu, en utilisant des oiseaux capturés en Norvège ? Une idée qui est peut-être bien intentionnée, mais n’en est pas moins stupide, et que les institutions publiques comptent cependant mettre en oeuvre, malgré la conclusion largement défavorable de la communauté scientifique.
Il existe pourtant des précédents, qui devraient dissuader quiconque d’échafauder de tels plans. Dans le massif central, sur les plus de 600 oiseaux qui ont été relâchés en 25 ans, il n’est pas certain qu’un seul demeure encore vivant aujourd’hui ! Et toutes les tentatives de réintroduction de cet oiseau en Europe se sont soldées pareillement par des échecs (une seule a fonctionné en Ecosse avec des oiseaux scandinaves, il y a maintenant un siècle et demi – époque à laquelle le changement climatique et la surfréquentation touristique n’étaient pas encore connues).
Imaginer renouveler l’expérience dans les Vosges, s’obstiner à vouloir manipuler le vivant de la sorte, en jouant les apprentis sorciers, n’est rien d’autre qu’un déni de réalité.
Parce qu’il faut bien voir les choses en face : les Vosges ne sont plus faites pour le Grand Tétras ! C’est un oiseau très exigeant, à plusieurs titres. Or aujourd’hui, les conditions sur le massif ne sont absolument plus réunies pour l’accueillir.
Ce n’est pas par hasard que l’espèce vient de s’éteindre ici. J’en suis évidemment le premier meurtri. Il m’a tant enseigné sur la forêt !
J’ai consacré des centaines de nuits en affût pour apprendre à le connaître. Et mon père, lui, a voué sa vie au Grand Coq depuis les années 70. De quoi donner un peu de légitimité à notre opinion sur le sujet. A savoir qu’aller extraire de Norvège, dans leur habitat naturel, des oiseaux qu’on va condamner à mourir à petit feu dans nos forêts vosgiennes, relève de la pure hérésie et constitue une aberration éthique.
Car de quoi a besoin le Grand Tétras pour voir sa population survivre ?
D’hivers (c’est une espèce boréale), de quiétude (condition absolue de sa reproduction), de forêts riches et variées.
Et qu’est-ce que les Vosges ont à lui offrir dans ces domaines ?
L’hiver ? Les Vosges n’en ont plus ! Réchauffement climatique oblige, il ne neige quasiment plus sur le massif. Ce qui permet aux prédateurs d’y prospérer (martre, renard, autour… et surtout sanglier), sans parler des tiques en février et autres parasites.
La quiétude ? Les Vosges attirent de plus en plus de touristes, en particulier hors sentiers depuis quelques années (nos pièges photos posés depuis plus de 10 ans sur les sites à Grand Tétras peuvent hélas en attester). Les zones de quiétude, en soi tout à fait insuffisantes, ne sont même pas respectées.
Les forêts riches en essences variées, et d’arbres d’âges différents ? Sur la question, des efforts ont certes été réalisés par l’ONF, en lien avec le GTV (Groupe Tétras Vosges). Ce travail est à poursuivre quoi qu’il en soit. Tirons parti de ce que nous a appris cet oiseau, même en son absence désormais, pour améliorer la qualité et la résistance de nos forêts. L’urgence en est particulièrement aiguë pour endurer les épisodes de sécheresse successifs subis ces dernières années et qui vont fatalement s’accentuer.
Notons au passage que pour y pourvoir, pour remplacer sapins et épicéas qui se meurent ici, on va devoir importer des essences d’arbres originaires du Sud. Il y aurait un paradoxe, une ironie absurde, à vouloir y introduire des oiseaux qu’on serait, eux, allé chercher dans le grand Nord !!!
La zone de répartition du Grand Tétras n’a cessé de se déplacer vers le Nord. Il disparaît inéluctablement de l’Europe du Sud. C’est un fait. Un fait incontournable. Irréfutable.
Alors retrouvons enfin la raison ! L’heure n’est pas aux grandes opérations de communication aussi vaines que dispendieuses (des centaines de milliers d’euros tout de même !). Opérations qui illustrent de façon tout à fait exemplaire notre acharnement à vouloir maîtriser le vivant, quoi qu’il en coûte ! En soi très discutable d’un point de vue philosophique…
L’heure est venue, au contraire, de relever des défis plus qu’urgents. Très concrètement : limiter les conséquences néfastes de la surfréquentation touristique ; améliorer la qualité de nos forêts ; anticiper le réchauffement climatique ; favoriser le retour du lynx et du loup pour pallier la surdensité des herbivores sauvages.
Bref, faire en sorte que nos Vosges ne se réduisent pas à un vaste terrain de jeu pour une espèce – la nôtre – au détriment de toutes les autres.
vm
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Une consultation est ouverte jusqu’à ce dimanche 24 mars pour recueillir les avis à propos de ce projet de réintroduction, n’hésitez pas à participer ici :
https://www.vosges.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Enquetes-publiques-et-consultations-du-public/Consultation-dematerialisee-du-public/Consultation-publique-sur-le-projet-de-renforcement-du-Grand-Tetras-sur-le-massif-des-Vosges
Tamalou88
avec l’argent public ils sont capable de tout, heureusement que les dinosaures ont disparus.