Le 18 avril, au centre de loisirs de Nayemont-les-Fosses près de Saint-Dié, a eu lieu une soirée d’échanges sur les migrations internationales et de rencontres avec cinq migrants habitant Gérardmer et avec l’association « ccfd-Terre solidaire ».
Après avoir présenté à un public d’environ 25 personnes le déroulement de la soirée, Doris a donné la parole à Dominique qui a expliqué l’origine de cette conférence.
En souhaitant changer de banque pour ne plus cautionner des projets sans éthique (destructeurs de l’environnement, participant à l’exploitation inadmissible d’êtres humains ou d’animaux,e, etc.) le prêt de notre argent, Dominique s’est tournée vers le Crédit Coopératif, banque pionnière de l’épargne solidaire et du refus de soutenir des projets indignes des valeurs humaines et des droits de l’Homme et de la Femme.
Le crédit coopératif soutient les projets du CCFD-Terre solidaire, et c’est ainsi que Dominique a découvert cette association qui cumule toutes les valeurs qui lui tiennent à cœur et qui correspondent aux 4 axes de travail de cette association. Ces axes ont été développés en première partie de soirée par Aurélie, salariée du CCFD à Nancy, et par Rohullah, réfugié afghan, bénévole au CCFD.
Comment Rohullah a-t-il connu cette association ?
À Gérardmer, un groupe debénévoles, dont fait partie Dominique, donne des cours de « français langue étrangère », aux migrants, le français étant une condition vraiment nécessaire à leur intégration.
Mais pour favoriser celle-ci, devenir bénévole dans une association peut ouvrir leur horizon.
C’est ainsi que Rohullah a eu envie d’apporter ses connaissances et son expérience professionnelle de spécialiste en migrations internationales au CCFD-Terre Solidaire.
Et c’est aussi ainsi que s’est construite cette conférence qui a déjà, en partie, été présentée au Grattoir à Gérardmer et dont voici les différentes étapes :
1) Aurélie a d’abord présenté l’association : celle-ci travaille dans 80 pays, avec plus de 500 partenaires locaux (des associations en accord avec ses valeurs), partenaires qu’elle soutient en respectant leur mode de fonctionnement et leur indépendance, selon l’adage « mieux vaut apprendre à quelqu’un à pêcher, plutôt que de lui donner du poisson ».
Les 4 axes de travail du CCFD-Terre solidaire sont :
– développer l’autonomie alimentaire et le respect de l’environnement (agroécologie, agroforesterie),
– lutter pour la justice économique (et en particulier contre certaines multinationales qui détruisent tout),
– Agir pour la paix et le vivre ensemble,
– migrations internationales, défense du droit à migrer.
Puis Aurélie a proposé un quiz au public, des questions portant sur les a priori concernant les migrants.
Exemples :
– Les migrants coûtent-ils plus cher en aide et prestations sociales qu’ils ne rapportent ? Oui ou non ?
Réponse : NON, car tous ceux qui travaillent sont une source de revenus (contributions sociales) et tous, par ce qu’ils dépensent, apportent les taxes correspondantes sur les produits achetés ici.
(Source OCDE).
– De quel continent sont issus la majorité des migrants dans le monde ?
Réponse Asie. Le Mexique est le premier pays de départ, suivi du Bangladesh, de l’Afghanistan puis des Philippines.
– Quel pourcentage de la population mondiale représentent aujourd’hui les personnes se trouvant hors de leur pays de naissance ?
Réponse à peine 3 %.
Ce quiz est très intéressant car il corrige un grand nombre d’idées fausses propagées de sources non fiables.
2) Faizi, réfugié afghan bénévole au CCFD-terre solidaire lui aussi, a présenté son parcours de réfugié, venu à pied de l’Afghanistan ,puis a parlé de son travail au ministère à Kaboul où il travaillait sur la défense du droit des femmes.
Il a également décrit l’arrivée des talibans à Kaboul et l’effondrement correspondant pour les Afghans.
3) Rohullah a présenté rapidement l’Afghanistan, puis son propre parcours et le récit d’un journaliste canadien qui a accompagné son ami afghan obligé lui aussi de fuir son pays.
Le public a pu partager avec émotion le ressenti de ces migrants, ressenti que l’on ne peut vraiment connaître qu’en devenant soi-même un migrant, car quitter définitivement son pays pour changer totalement de culture et de repères, est une forme de tsunami intérieur..
Ensuite, Rohullah a présenté l’association (« Aftab-Soleil pour l’Afghanistan ») qu’il a constituée pour soutenir la population de son village d’origine et, en particulier, pour construire une école pour les 15 petits villages, situés à 2500m d’altitude, et qui cumulent toutes les difficultés : le froid, l’isolement dû à la neige en hiver, le manque de nourriture, l’absence de dispensaire médical, la discrimination ethnique.
Cette école intègrera filles et garçons à égalité (les talibans autorisent cela jusqu’à l’âge de 13 ans) et le bâtiment sera une protection en hiver.
Le bâtiment est déjà bien avancé grâce aux dons de la diaspora afghane.
Il nous a expliqué pourquoi une petite association peut être plus efficace qu’une ONG.
dont l’argent est essentiellement consacré aux villes, afin de satisfaire cette population plus nombreuse que celle des villages, qui sont alors délaissés.
Enfin, Rohullah a parlé de son expérience au CCFD-Terre Solidaire et de tout ce qu’il y a découvert d’exceptionnel dans la manière d’appréhender les problèmes et leur apporter une solution.
La soirée s’est terminée par de nombreuses questions aux intervenants, ainsi qu’aux autres membres de lanouvelle petite équipe géromoise de migrants bénévoles au CCFD :
Tsira géorgienne, Salia et Mohamed, mauritaniens qui ont effectué la traversée en bateau jusqu’aux Canaries et vu des compagnons mourir sur ces embarcations, et être jetés à la mer (à ce jour, plus de 50 000 corps ont été sortis de la Méditerranée ,d’autres ne seront jamais retrouvés).
Ce fut une soirée très émouvante, au plus près de certaines réalités, ce qui, quelque part, transforme notre approche des problèmes de migration.
Pour mieux connaître le CCFD-Terre solidaire :
https: //ccfd-terresolidaire.org/?utmsource=chatgpt.com
Et la petite équipe géromoise « terre-solidaire »( déjà constituée de 5 élèves du cours de français) peut venir présenter une mini-conférence sur les actions du CCFD-Terre Solidaire, ou tenir un stand, lors de manifestations.
De même pour Rohullah et une présentation de l’Afghanistan et de « Aftab soleil pour l’Afghanistan » !
D.C
