Qu’est ce que la démocratie directe ?
Un exemple de village qui fonctionne ainsi et quelques anecdotes bien encourageantes et sympathiques, présentés à Gérardmer, par le Maire et une habitante de Menil la Horgne, commune située à côté de Commercy.
Vendredi 11 avril, lors d’une réunion organisée à la mairie par l’association Gérardmer Écologie Solidarité, une trentaine de Gérômois ont découvert une commune de 189 habitants dont le maire et son conseil municipal ne décident plus rien, excepté en tant que citoyens au même titre que les autres citoyens, électeurs ou contribuables qui participent aux assemblées citoyennes, car ce sont ces habitants qui prennent toutes les décisions !
Comment cela fonctionne-t-il ?
Quelles questions peut-on se poser par rapport à ce type de démocratie ?
Une boîte à idées est à la mairie.
Une assemblée citoyenne est proposée tous les 2 ou 3 mois environ.
Sa durée est de 2 heures.
L’ordre du jour est construit par 3 personnes (différentes à chaque fois) qui choisissent dans la boîte à idées les sujets qui seront débattus.
À ceux-ci s’ajoutent bien sûr les sujets obligatoires que doit traiter le conseil municipal.
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Chaque sujet donne lieu à un débat où chacun peut argumenter sur sa position (analyse du problème et solutions éventuelles) par rapport au sujet.
Les sujets choisis ne sont pas de petits sujets.
Un exemple : la commune a décidé la construction d’une éolienne (budget de 10 millions d’euros) sur son territoire pour atteindre l’autonomie énergétique.
Les solutions qui ressortent du débat sont donc votées.
Lorsque le vote se révèle être presque à cinquante-cinquante, il est reconduit afin qu’il n’y ait pas un trop grand nombre de personnes insatisfaites. On a reconsidéré alors le problème afin de trouver un consensus satisfaisant pour une plus grande majorité.
Les jeunes non majeurs peuvent participer aux débats et, parfois, éventuellement voter selon la nature du sujet.
Une charte de bon comportement et respect des autres (écoute et prise de parole sans agressivité) existe : par exemple, si quelqu’un fait preuve d’agressivité dans les mots ou le ton, il peut, suite à deux avertissements, être exclu.
Mais… dans ce village, personne n’a été exclu, car très vite, les habitants ont appris à s’écouter, et par conséquent à se connaître mieux, au-delà des préjugés et des étiquettes.
Anecdote : un habitant très politisé « à gauche » est même devenu ami avec une personne qui vote « extrême droite » et il a expliqué qu’ils peuvent maintenant échanger et dialoguer ensemble sans s’agresser, ce qu’ils n’auraient JAMAIS imaginé avant de travailler ensemble dans ces assemblées citoyennes !
Autre anecdote… :
Les jeunes du village ont demandé le revêtement d’une pelouse pour pratiquer le basket et d’autres sports. Certains habitants pensaient qu’ils avaient déjà la chance d’avoir une pelouse dans un beau village et n’avaient pas besoin de plus. Après l’assemblée citoyenne, le vote a été favorable à la construction du revêtement.
Début de celle-ci : un habitant rencontre le maire et l’apostrophe. Dialogue :
– Tu vois où va notre argent ? « Bravo » !
— Tu es venu à la réunion pour donner ton avis ?
– Non.
— Alors, de quoi tu te plains ?
Depuis, cette personne qui ne venait jamais aux réunions vient à toutes les assemblées !
Et le maire ajoute : « Avec la démocratie directe, cela devient très confortable d’être maire ! »
Remarque de celui-ci : en démocratie directe, il faut quand même, aussi, savoir accepter de perdre et de voir prise une décision contraire à ce qu’on attendait.
Combien de personnes viennent ?
35 à 80, cela dépend des sujets et, bien sûr,
de la disponibilité des gens.
Comment cette démocratie directe s’est-elle établie dans ce village ?
Le maire avait été maire pendant l’avant-dernier mandat, ceci selon un mandat classique. Le maire suivant lui a demandé de lui succéder. Le maire actuel, qui entre temps avait relu les principes de l’origine de la démocratie chez les Grecs et savait qu’elle se pratiquait aujourd’hui dans quelques communes d’autres pays, a été d’accord, sous réserve de présenter un programme de démocratie directe.
Il y avait une seule liste candidate, il a été élu, et beaucoup d’habitants étaient dubitatifs par rapport à ce mode de fonctionnement.
Le principe leur a été expliqué.
En fait, c’est un vrai succès. Pourquoi ?
Parce que les habitants savent que ce sont eux qui vont décider ! Ce n’est plus, comme en démocratie participative, une simple consultation dont les élus ne tiendront pas beaucoup compte.
De plus, l’ambiance a totalement changé dans le village, et ceci en soi est déjà une énorme réussite.
D’autres élus sont admiratifs et, en conséquence, ont envie de subventionner les projets que cette commune n’a pas peur d’entreprendre (transition écologique en particulier, comme la construction de l’éolienne qui va se réaliser).
Les personnes qui ont une forme de pouvoir (richesse, « chefs », etc.) dans le village ont-elles une influence sur le débat et le vote ?
Non, car, très vite, on voit si ces personnes parlent pour défendre leur intérêt personnel. ou le bien commun. Si c’est pour leur intérêt personnel, leurs arguments sont alors rejetés et non votés par la majorité.
Exemple dans ce village : un agriculteur important et peu soucieux du respect de certaines règles a vu ses propositions intéressées rejetées et le vote a été contraire à ce qu’il demandait.
Statistique : les agriculteurs ayant des terres de grande taille représentent 0,3 % de la population française, mais ils représentent 12 % des conseillers municipaux.
Peut-on transposer la démocratie directe à l’échelle d’une ville ? Réponse :
Pourquoi pas, si on travaille par quartiers ?
À Gérardmer ?
Et si on organisait un débat de démocratie directe pour choisir le programme que nous voudrions voir proposé en 2026 ?
Avec une boîte à idées à la mairie pour choisir les sujets principaux sur lesquels débattre et réfléchir sans agressivité ?
On entend dire que les Gérômois ne viendraient pas aux débats. Vrai ou faux ?
D.C
1 commentaire
LIBRE
Pour avoir participé à cette réunion débat, c’est remarquable.
Ce n’est pas de l’utopie, mais une belle réalité. Merci DC d’avoir remis cette question à l’ordre du jour à l’approche des élections municipales.
On est beaucoup plus intelligent à plusieurs que tout seul.
Resté enfermé dans un donjon ou dans un bunker avec l’impression d’avoir toutes les vérités, n’a jamais été la solution, ou plutôt oui … mais c’était il y a longtemps, et depuis, les temps ont bien changé.