GERARDMER PATRIMOINE NATURE
Cette association a été créée par des gerômois en septembre 2019 en réponse à la défiguration intensive de leur environnement et à la spéculation immobilière qui en est responsable. Le constat est amer : prolifération de constructions de chalets (plus de 70 unités en 15 mois) pour la plupart résidences secondaires ou locations saisonnières, sur les coteaux. En centre ville, saturation extrême de bâtiments collectifs construits par des agents immobiliers peu scrupuleux, uniquement à des fins financières, au détriment de la nature même de la station gérômoise et de son avenir.
Connue pour son environnement magnifique, son lac, ses promenades, son calme, Gérardmer perd de son identité et les auteurs de cette transformation sont pour la plupart des investisseurs d’origine extérieure à Gérardmer qui veulent eux aussi profiter de la « poule aux œufs d’or ». Les valeurs des terrains, des maisons, augmentent et frôlent l’indécence ; les propriétaires sont incités à les vendre au plus offrant. Ce cycle infernal doit être freiné.
Les conséquences de cette spéculation sont nombreuses :
- La population locale diminue (15 % en 9 ans), les écoles ferment, la population vieillit
- Les sols sont imperméabilisés, les prés à Jonquilles disparaissent
- Les résidences secondaires augmentent (35% des habitations en 2015), avec un nombre élevé de « lits froids » plus de la moitié de l’année
- Gérardmer est en sur-fréquentation en période de congés scolaires, ses structures d’accueil sont saturées (union nautique, pistes de ski, piscine, parkings, trottoirs…)
- Les manifestations non contrôlées se développent au détriment du concept montagne
- Les infrastructures ne suivent pas (réseau eaux pluviales, usées, voiries…)
- Les incivilités et le bruit sont devenus la norme, avec un pic le week-end et en saison
- On déplore un manque de logement pour les locaux, et les saisonniers, qui s’installent en large périphérie
Nous avons par ailleurs observé qu’un candidat déclaré aux prochaines municipales à Epinal, membre éminent du conseil départemental, est le président de nombreuses SCI et de sociétés qui investissent sans vergogne à Gérardmer dans des projets immobiliers défigurant notre ville. Comment peut on se targuer de pouvoir assurer la transition écologique d’Epinal, de vouloir la protéger, et en même temps dénaturer sans scrupules le centre et les rives de notre lac, à seulement 40 km de là ?
La situation change très rapidement et les règles locales ne sont plus adaptées. Le PLU pourtant récent est très permissif, trop facile pour les promoteurs, les contrôles ne sont pas efficaces avant comme après la construction. Il est possible de modifier le plan d’urbanisme sans tarder, d’autres l’ont fait, quitte à frôler les limites de la légalité.
Le but de ce collectif est donc de rassembler et de proposer des solutions concrètes pour freiner la politique d’hyperurbanisation qui semble avoir été facilitée par une réglementation nationale et locale inadaptée. Pas d’opération politique, pas d’opposition stérile à une municipalité, pas de défense des intérêts particuliers. Il se veut rassembleur, constructif, et protecteur de l’intérêt général à long terme.
Au vu de ce constat, le collectif recherche et étudie les actions qui sont engagées dans d’autres communes, face à la même problématique, en France comme à l’étranger. Il engage une action citoyenne constructive. C’est possible, d’autres le font !
- Chamonix, via son courageux maire Eric Fournier, se trouve engagée depuis plusieurs années dans le combat de protection locale et a modifié son PLU, quitte à refuser d’appliquer les directives nationales. Même pas peur !
- Plusieurs villes s’unissent depuis 2014 pour modifier la loi montagne (Le Grand Bornand, La Clusaz, Bourg St Maurice, Les 2 Alpes, Morzine). Certaines ont gelé leur PLU et le modifient actuellement avant que les dégâts ne soient trop importants.
- Biarritz et son agglomération limitent les locations Airbnb à 1 par habitation principale. Finie la foire au logement non déclaré. Les contrôles s’annoncent sévères.
- En Suisse, la guerre est menée dans les stations contre les résidences secondaires. La loi Lex Weber limite à 20 % son nombre, avec possibilité de descendre ce chiffre.
- A Chamalières, le maire Louis Giscard D’Estaing refuse la densification urbaine.
Des solutions existent, il est possible d’agir dès maintenant. On ne peut plus se cacher derrière les régulations nationales, une voie de recours est toujours possible.
Il est urgent de :
- Revoir les règles d’urbanisme : modification du PLU et de l’AVAP
- Contrôles effectifs et plus sévères en fin de construction, et en amont (étude de faisabilité)
- Travailler ensemble (architectes / ABF / Mairie)
- Préserver les terres agricoles et le monde rural
- Construire ensemble un projet d’avenir. L’architecture est un élément clé pour une nature harmonieuse, et doit faire partie d’une réflexion à très long terme. Les constructions et les infrastructures sont faites par définition pour durer plusieurs générations.
Le travail et l’élaboration de solutions dans une vision d’intérêt général et sans objectif ni intérêt particulier ne peuvent se faire que dans le collectif et avec le plus grand nombre.
Nous voulons informer, rassembler, proposer, dénoncer, pour le bien commun et pour l’avenir de notre ville et de notre région.
Une réunion publique aura lieu le 10 janvier 2020 à 18 h, à la Salle des Armes en Mairie de Gérardmer. La recherche de solutions et les propositions concrètes seront privilégiées.
Tous les géromois sont bien sur invités à prendre part au débat.
Anne Huart pour l’association
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