Communiqué
Au nom du « droit à la sécurité » ou de la lutte contre certaines fraudes, l’usage sans réserve des fichiers, de la vidéosurveillance, de la biométrie et des divers contrôles et traçages électroniques porte atteinte à la vie privée.
Une société du soupçon généralisé.
La multiplication de ces outils voudrait faire croire que ces technologies sont seules à même de garantir une société sûre et que le prix à payer est une transparence toujours plus grande : « ceux qui n’ont rien à se reprocher n’ont rien à cacher et ne devraient donc pas craindre d’être filmés, tracés, identifiés à tout moment ». Loin de construire des rapports apaisés, la « société de surveillance » qui se met en place construit une société du soupçon généralisé où l’innocent risque fort d’être un coupable qui s’ignore, où chacun devient une menace pour l’autre.
La vidéosurveillance
Les systèmes de vidéosurveillance ont été multipliés par la volonté d’un nombre croissant de maires, encouragés par les gouvernements successifs, notamment par une participation importante de l’Etat aux frais d’installation. Mais les frais de fonctionnement et de gestion liés à ces systèmes sont des charges financières lourdes pour les budgets des communes. Par ailleurs, la mise en place de ces outils n’est que rarement précédée d’un large débat citoyen indispensable au bien-fondé de ces installations. Les évaluations scientifiques officielles de la vidéosurveillance à l’étranger ou les études réalisées en France par des sociologues montrent que la vidéosurveillance est peu efficace pour prévenir les délits. La baisse de la délinquance n’est que de 3 à 5 % si les installations ont été décidées après concertation avec la population et associées à des dispositifs humains de prévention. Malgré ces constats édifiants, les promesses de nouvelles installations sont innombrables.
Rappelons que la ville de Nice pourtant équipée de 1500 caméras de vidéosurveillance n’a pas pu en 2016 empêcher l’horrible attentat qui a fait 87 victimes alors qu’un seul policier présent sur le secteur concerné n’aurait pas manqué d’être intrigué par les multiples reconnaissances des lieux par un poids lourd aux dimensions injustifiées en ce lieu.
Rappelons que la cour des comptes dès juillet 2011, dans son rapport traitant de l’organisation et la gestion des forces de sécurité publique, concluait à propos de la vidéosurveillance (ainsi nommée au début!) :
«… Le déploiement et l’utilisation de ces dispositifs s’opèrent dans des conditions de régularité mal contrôlées par l’Etat et parfois en infraction avec la loi. L’absence en France de toute évaluation rigoureuse de l’efficacité de la vidéosurveillance de la voie publique est une lacune dommageable, notamment au regard des dépenses publiques engagées ».
Vivre en sécurité est un projet qui relève fondamentalement du politique et non du technologique.
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