Vendredi après-midi, les deux groupes d’opposition se sont réunis à la maison de la Montagne dans le cadre d’une communication commune concernant le thème de l’urbanisme à Gérardmer, thème sur lequel Gérardmer Solidaire et Gérardmer Notre Perle « ont pris des positions convergentes en se prononçant pour une révision de l’actuel PLU« , et ce « dès le début de la campagne des municipales« .
« Nous avons le sentiment de ne pas être entendus. »
Pourquoi cette voie de communication publique pour aborder cette question et proposer des solutions : « Aujourd’hui il ne s’agit pas d’une énième communication pour dénoncer une situation hélas bien connue des Gérômois, mais bien d’une intervention d’élus, membres de la commission urbanisme, qui souhaitent s’exprimer sur le sujet afin de proposer, sinon des solutions, du moins des pistes d’amélioration pour mieux maitriser l’hyper-urbanisation de notre ville . Si nous avons choisi de le faire sous forme de communication publique, c’est que dans le huis clos municipal nous avons le sentiment de ne pas être entendus » précisent Eric Defranould et André Jacquelin, élus des deux groupes d’opposition.
« La situation se dégrade chaque jour davantage »
Deux groupes qui convergent sur une même question, un même domaine « très spécifique et très complexe« , et surtout qui demandent plus de pro-activité et de réactivité, moins de fatalisme sur ce dossier qui selon eux « avance avec une lenteur coupable » :
« Depuis le début du mandat on a demandé d’une seule voix que soient lancées en urgence les procédures de modification et de révision du PLU. Il a fallu attendre janvier 2021 pour que la modification soit lancée et juillet 2021 pour que soit adoptée au Conseil Municipal l’ouverture de la procédure de révision. On est bientôt en 2022 et la situation, loin de s’améliorer, se dégrade chaque jour davantage, du fait de l’augmentation exponentielle du nombre des demandes d’urbanisme que les porteurs de futurs projets anticipent de plus en plus pour les soustraire aux restrictions que le PLU révisé pourrait faire naître. (…) Chaque jour que l’on perd hypothèque nos chances de parvenir à endiguer le phénomène… » précisent les deux élus de l’opposition qui ont tenu à faire un point sur la situation.
Sociale, environnementale, démographique – « La partie immergée de l’Iceberg »
« Il y a la partie visible de l’iceberg avec un environnement chaque jour une peu plus bétonné, un recul à vue d’œil de la nature, une détérioration des sites naturels et de la qualité paysagère. (…) La partie immergée c’est tous les problèmes que cette sur-urbanisation ne va pas manquer de poser à terme : l’artificialisation des sols et la dégradation du réseau hydrique avec un récurrence du risque d’inondations comme ce fut le cas en 2018 et 2020. Des relations de voisinage rendues difficiles en raison des faibles distances entre les constructions. Une forte inflation du prix de l’immobilier qui devient difficilement accessible aux résidents permanents (le nombre de permis de construire accordés en 2020 pour les résidences secondaires représente 67% des demandes d’urbanisme). Un solde démographique négatif faisant passer notre ville sous la barre des 8000 habitants. Une menace sur nos ressources en eau et sur les équilibres naturels. Des réseaux et des infrastructures qui deviennent sous-dimensionnées comme la station d’épuration qui en période de haute fréquentation frôle son seuil de saturation et qui ne pourra pas répondre longtemps à cette croissance exponentielle du bâti. On compte 35 locations saisonnières déclarées avec piscine et 85 avec spa. Si à la fin de la saison tout est vidé dans la nature ce sera une catastrophe, et dans le réseau cela perturbera complètement le fonctionnement de la station ! »
Des solutions à trouver et mettre en œuvre rapidement
« La loi ALUR est à l’origine de bien des excès, certes. Mais il manque de la proactivité, il y a un fatalisme ambiant face à une spirale très mal engagée. Notre conviction c’est qu’avec plus de volonté politique on peut freiner la dérive constatée d’où notre double demande :
dans le cadre de la révision nous demandons formellement que soit mise en œuvre en urgence les éléments de procédure qui permettront au Conseil Municipal d’adopter le nouveau Plan d’aménagement et de Développement Durable (PADD), passage obligé pour que le Maire puisse enfin opposer une décision de sursis à statuer aux demandes qui ne seraient pas en conformité avec les orientations fixées dans le PADD. Le sursis à statuer nous apparait comme un outil majeur pour contenir l’emballement auquel on assiste, il est impératif que le Maire se donne les moyens d’en disposer et cela le plus rapidement possible. (…) Il est possible et nécessaire d’adopter un nouveau PADD en parallèle des démarches entreprises concernant le PLU.
De plus, nous demandons que le fonctionnement de la commission urbanisme soit mieux adapté à la situation de crise à laquelle elle est censée répondre. Aujourd’hui y sont examinées les demandes fraîchement déposées et dont l’instruction n’a pas débutée. Cela donne donc lieu à des échanges succincts, même si certaines demandes font l’objet d’un déplacement sur le terrain afin de mieux les contextualiser. Après cette unique et sommaire revue de case, s’ouvre une période d’instruction plus ou moins longue qui échappe totalement au regard des élus… Un tunnel en quelque sorte, d’où la demande ne sortira qu’une fois la décision prise. Il serait souhaitable d’organiser un suivi des dossiers en fin d’instruction, cela sous forme d’un point de nature à éclairer les élus sur les aspects saillants qui ressortent de l’instruction, afin qu’à partir du rendu technique des agents instructeurs, les élus puissent comprendre et donner leur avis la décision qui se profile. »
Sur ce dernier point, André Jacquelin insiste sur le fait que les élus ne souhaitent pas se substituer à la commission soit instruire à sa place « nous n’en avons ni les moyens ni les compétences, mais nous voulons pouvoir comprendre les décisions et répondre aux questions des administrés. » Les deux groupes d’opposition ont donc livré publiquement leurs pistes de réflexion et d’amélioration en souhaitant que leurs propositions soient entendues et débattues…
Pour aller plus loin sur la question – Les éléments de procédure à mettre en œuvre concernant le PADD sont, selon les deux groupes d’opposition :
« Le rapport de présentation, sorte d’état des lieux objectif destiné à mettre en évidence les forces et les faiblesses de l’existant dans tous les domaines se rapportant à la qualité de vie (géographie, climat, histoire, espaces naturels, transports, voirie et parking, habitat, tissu économique, activité touristique et culturelle, etc…). Ce travail doit être l’objet d’une large concertation avec la population qui connait mieux que quiconque le territoire dans lequel elle vit quotidiennement. Il doit évidemment être parfaitement maitrisé et validé par les élus et en particulier l’exécutif de la ville.
Le Plan d’Aménagement et de Développement Durable procède d’une vision du territoire à 20 ou 30 ans fixant les grands principes d’urbanisation qui, en respectant la qualité des lieux, tendront à améliorer l’existant en matière de transport, d’évolution de population, d’équilibres économiques et écologiques, de qualité de construction et d’intégration au site des bâtiments. Document de référence du PLU, il permet de fixer les orientations d’aménagement et de programmation sur le long terme. Une fois adopté, Le PADD donne aux Maire le moyen de surseoir à statuer avant que le PLU ne soit définitivement voté. »
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