Invité d’honneur du festival de Gérardmer avec Nicolas Meyer, Edgar Wright était à la MCL de Gérardmer samedi après-midi pour une conversation animée par la journaliste Caroline Vié en présence du public et de la presse.
Une rencontre qui a permis d’un savoir un peu plus sur le réalisateur britannique, en commençant par son intérêt tout particulier pour le genre horrifique qui remonte quasiment à sa plus tendre enfance, serait-on tenté de dire. En effet, ce dernier confie qu’il était littéralement obsédé par les films d’horreur avant même d’avoir le droit d’en voir car il était trop jeune. Il imaginait ces films à travers leurs affiches ou les articles qu’il pouvait lire dans la presse spécialisée, fantasmant sur Alien, La Nuit des Morts Vivants, Evil Dead et autres grands classiques de l’époque. Ses parents n’ont pas eu tout de suite de magnétoscope et lorsqu’enfin le jeune Edgar pu regarder Le loup-garou de Londres à l’âge de 10 ans, ils décidèrent à la moitié du film que c’était un petit peu « too much » pour lui et son frère ! Retour à la case départ… A 14 ans, il visionne enfin tous ces films qui le faisaient rêver (ou cauchemarder !!) et, comme il le dit lui-même, il n’est vraiment pas déçu. Le loup-garou de Londres est sans doute le « turning point » pour lui, celui qui l’a le plus marqué. Mais il y a également un fameux documentaire sur la façon dont Sam Raimi avait réalisé Evil Dead : « C’est à ce moment-là que je me suis dit : c’est ce que je veux faire ! » D’autres documentaires similaires suivront, concernant Robert Rodriguez et son El Mariachi ou Pete Jackson et Bad Taste.
Edgar Wright sort son premier film A fistful of fingers en 1995 (qui passe relativement inaperçu) et 9 ans après arrive le fameux Shaun of The Dead, premier opus de la trilogie dite Cornetto, du nom des cornets de glace. « J’avais imaginé cette scène où le personnage principal mange un Cornetto après une gueule de bois, et c’est qui l’aide à en sortir. (…) C’est quelque chose qui m’est arrivée personnellement. Et à une avant-première de mon film, il y avait des Cornetto partout, j’étais super content. Du coup, j’ai refait une référence aux Cornetto dans le film suivant, mais à l’avant-première, pas de Cornetto, on était super déçus. Et un journaliste qui avait remarqué tout ça m’a demandé si finalement ce serait une trilogie… Et j’ai répondu : oui, bien sûr. C’est donc devenu une sorte de prophétie qu’il fallait accomplir, avec 3 films, 3 parfums de Cornetto, 3 couleurs, mais bon, c’est assez largement surinterprété ! » Vous savez tout ou presque sur le sujet des Cornetto !
En revanche, ce que vous ne savait peut-être pas, c’est qu’Edgar Wright a cherché à contacter George A. Romero pour lui présenter son film. Finalement, le réalisateur américain a eu droit a une séance privée dans un cinéma de Floride : « J’ai su qu’il était seul dans la salle, avec juste un agent de sécurité chargé de le surveiller pour ne pas qu’il enregistre. Ce qui est fou, d’autant plus que si une personne sur terre devait avoir le droit de faire de l’argent sur mon film, c’est bien lui !! Quelques semaines plus tard il m’a appelé, c’était lui au bout du fil… » un coup de fil qui en vaut forcément mille pour Edgar Wright qui aura la chance de rencontrer Romero peu de temps après : « Il nous a demandé ce qu’on allait faire après. Alors je lui ai dit, un truc avec des policiers, tout ça… Et il a répondu, surpris : « Alors vous vous retirez ?!!! » (sous-entendu du genre horreur – NDLR). Car pour lui, tu rentres dans ce genre, et tu n’en sors jamais« …
Mais Edgar Wright, au contraire, c’est la versatilité, le mélange des genres, des genres qu’il apprécie et qu’il respecte : « Ces trois films de la trilogie ne sont pas des parodies, ils insufflent quelque chose de nouveau au genre, quelque chose d’inattendu » précise le réalisateur. Cela provient sans doute qu’il aime se servir des genres pour intégrer des thèmes qui sont justement inattendues, mais aussi du fait qu’il met beaucoup de lui et de ses propres expériences dans ses films tout en essayant de ne jamais faire le même film, d’apporter quelque chose de nouveau, de fuir l’ennuie et la redondance. Peut-être est-ce également pour cela qu’il continue à aller voir des films au cinéma, comme un simple quidam, avec du public et en payant sa place, lui qui a conservé son enthousiasme et son âme de fan !
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