« Tout d’abord je tiens à exprimer chaleureusement ma profonde gratitude à tous les donateurs pour le soutien apporté à la cause Ukrainienne. La mission s’est déroulée comme elle le devait, atteignant ses objectifs, voire en les dépassant.
Vous avez été nombreux à répondre présent ; ainsi cet élan de solidarité nous a permis de véhiculer environ 40 000 € de matériel médical, de médicaments, de nourriture, de nécessaire corporel.
Le travail effectué par quelques membres de l’ASG FOOTBALL a été faramineux pour gérer la collecte, les approvisionnements, la mise en cartons et la préparation au voyage. Merci à eux de m’avoir suivi dans cette nouvelle aventure.
Avec un départ le 14/03/2022 à 15 heures et un retour dans la nuit 17/03/2022 entrecoupé de seulement 10 heures de sommeil, il m’aura fallu quelques jours pour tirer sereinement les enseignements d’un tel périple de 4’000 kms. Je tiens naturellement à associer l’équipe qui m’a accompagné sur le terrain : Fabien TISSERANT, Jean Philippe VERY, Micha KUKONIN.
Les passages frontières partout dans l’Europe étaient en état d’alerte rouge depuis le début de cette invasion. Ceci ne nous a pas simplifié la tâche en termes de temps de trajet, mais nous l’avons géré au mieux avec patience et pédagogie en utilisant nos relations et le but humanitaire de notre mission pour pouvoir passer quelque fois, un peu en force.
Nous avons pris conscience du bien-fondé de ces contrôles lorsque que l’on a constaté qu’il y avait certains trafiquants qui profitaient de la situation désastreuse de ces pauvres gens. Trafic en tout genre, matériel militaire, armes, trafic d’enfant et de femmes. Certaines organisations mafieuses arrachent sans scrupules des femmes de leurs enfants pour les transférer vers d’autres pays.
L’attente d’environ 4 heures à la frontière roumano/ukrainienne nous a permis de constater un scenario désolant : celui des flux de migrants désirant passer la frontière à pied dans les corridors dédiés. Personnes âgées, femmes avec des petits bout de choux par – cinq degré à 23 heures. Nous savions que certains étaient là en attente depuis plusieurs jours et qu’ils seraient seulement pris en charge bien plus tard derrière la frontière où un véritable petit village humanitaire est né.
Micha à mes côtés était dans une désolation complète m’a confié : « mais comment un homme peut dépouiller ma patrie, mon pays de cette façon-là ?».
Finalement, cette attente nous a contraints à entrer dans le pays pendant le couvre-feu sous l’escorte d’un membre des forces spéciales. La consigne nous a été donnée ne pas trainer car nous étions une cible potentielle pour les deux camps et voire d’autres, sachant que notre chargement était précieux pour les trafiquants de toutes natures.
Nous avancions donc dans la pénombre juste au faisceau de nos phares en direction de Tchernivtsy ville de 300 000 habitants. Le sentiment d’avancer vers les ténèbres est très angoissante, face à nous pas une lueur, autour de nous pas une lumière, bâtiment, maison, magasin, tout est plongé dans le néant. C’est vraiment là que je me suis rendu compte que tout ce que j’avais connu jusqu’alors comme beaucoup d’entre nous n’avait rien à voir avec une vraie situation de guerre.
Nos camions mis à l’abri pour le reste de la nuit, notre escorte nous a conduit chez Alex frère de Micha pour prendre quelques repos. A bord du véhicule militaire où le fusil d’assaut était sur le siège passager, nous nous sommes fait interpeler par une patrouille. Tout va très vite, le militaire descend s’expliquer en laissant la consigne de surtout rester calme, pas de geste avec les bras ou de mouvements brusques.
Évidement à ce moment-là on est forcément quelque peu tendu, y compris celui-ci qui nous escorte fusil au poing pour rejoindre l’immeuble dans lequel nous allons dormir. Arriver là on nous demande de ne pas allumer aux fenêtres, d’être prêt à descendre en cave si les sirènes retentissent comme ce fut le cas toutes les nuits précédentes.
J’ai alors compris que la population locale vivait terrée comme des rats depuis le début de l’invasion ce qui explique les mauvaises mines, les teints cireux. Il est évident que vivre dans ces conditions laissera de graves séquelles sur le plan psychologique.
Le matin à 6 heures, fin du couvre-feu. Dès lors notre convoi est reparti en direction des points de livraison. Il faut faire vite car nous voulons quitter le pays aussi rapidement que possible.
Sur le site de déchargement les réfugiés sont organisés et la chaine se met en place pour vider et dispatcher les nombreux cartons que nous avions acheminés jusque-là. C’est ici sans doute que l’émotion a été la plus palpable. Les remerciements reçus alors, les accolades, les larmes à destination de notre Pays nous ont beaucoup touché. Cette intensité alors n’a pas besoin de s’exprimer avec des mots.
Nous sommes invités à visiter l’école qui sert d’abri provisoire aux réfugiés qui regagnent les frontières. La cantine est organisée pour servir quelques plats, le gymnase est transformé en un dortoir géant, le préau est rempli d’habits pour permettre à ceux qui ont tout quitté d’avoir un change. Tous les produits médicaux et d’hygiène sont mis sous clefs afin d’être fournis selon les nécessitées, sans abus.
Il est temps de partir ; après quelques photos avec la 1ère Magistrate de NOVOCELITSA, les réfugiés, ma belle-sœur (qui gère cette école) la directrice de l’établissement, nous sommes prêts à prendre le chemin du retour.
Nous embarquons dans le minibus de l’ASG FOOTBALL 5 réfugiés, mes beaux-parents, Roman 17 ans, Andriy 13 ans et leur maman. Les scènes de séparation ont été humainement bien difficiles à vivre. On ne peut s’empêcher de penser dans sa tête : « Et si un jour c’était à nous laisser femme et enfants… »
Il nous a donc fallu encore plusieurs heures pour quitter le pays et entrer en Roumanie. Il nous restait une place dans le bus, nous avons alors tenter de récupérer un réfugié dans les campements frontaliers. Mais personnes n’était prêt à gagner la France. Quelques-uns on demande : « combien faut-il payé ? » Un grand dégout nous a alors envahi car une fois encore dans des situations de totale détresse, des hommes profitent du malheur de leurs semblables pour gagner de l’argent.
Là route fut longue et fatigante pour le convoi. Nous sommes arrivés à Gérardmer à 1 h du matin le vendredi 18/03/2022 après avoir laissé les enfants, leur maman et Micha à Strasbourg.
Nous voilà revenus, fiers du service accompli, la tête et le cœur chamboulés par d’intenses émotions.
Le bilan financier sera définitivement arrêté sous quelques jours. Retenons-en principalement :
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Que les dons reçus s’élèvent à 20’950 euros,
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Que les produits achetés ont coûté 11’916 euros,
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Que les frais de route se sont élevés à 6’333 euros,
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Que les coûts administratifs ont été de 218 euros.
Au total il reste à disposition une somme de 2 483 euros qui seront intégralement versés dans les jours à venir à la mairie de NOVOCELITSA qui gère un centre d’orphelinat.
En outre, il convient de préciser que nous avons reçu de nombreux donc en nature « lit médicalisé, fauteuils roulants, cannes anglaises… » ce qui porte la valeur livrée à nos amis ukrainiens à quasiment 40’000 euros.
Merci pour eux et bonne chance à l’Ukraine. Il ne reste plus qu’à espérer pour eux mais aussi pour le reste du monde que cette antienne qui a maintenant plus d’un siècle se réalise » :
« PLUS JAMAIS CELA ».
Fabrice DEFRANOUX
Président ASG FOOTBALL
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