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« Ils s’appellent Marie, Kim, Alixe, Arthur, Quentin et Nycolas.
3 filles, 3 garçons.
6 lycéens, de 17 et 18 ans.
« – Allô ?
– Les conditions sont bonnes..
– Non !!!!
– On décolle demain »
Ce vendredi 27 Mai, au beau milieu du pont de l’Ascension, une nouvelle tombe sur les téléphones portables : après des mois de préparation et d’attente, une fenêtre météo semble s’ouvrir pour prendre la direction de Chamonix.
L’idée est un peu folle : s’élancer sur l’une des courses les plus mythiques et emblématiques de l’histoire de l’alpinisme : l’ascension du Mont Blanc
Il y a 3 ans, ces élèves rentraient en classe montagne sur la cité scolaire de la Haie Griselle à Gérardmer.
Tous différents, mais animés par une passion commune, celle de la montagne.
Au gré des mois, ils se sont construits des compétences de grimpeurs, un esprit de corps, de groupe, au travers d’activités les amenant souvent à se dépasser.
Mais serait-ce suffisant ?
Et pourquoi ce projet ?
L’un des partenaires majeurs de ce dispositif scolaire est le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne de Xonrupt.
L’un de ses acteurs forts, Michaël Darquy, y est guide de haute montagne.
Le cursus que suivent les élèves est très riche et diversifié, s’appuyant sur un massif Vosgien aux ressources et possibilités très importantes.
Qu’il s’agisse de l’environnement naturel, où des personnes et acteurs qui l’animent, ce territoire regorge d’atouts pour faire naître et voir grandir des vocations.
Mais quoi de plus beau que de voir nos enfants ouvrir leurs ailes au-delà de ce berceau ?
Et pour ces élèves, quoi de plus instinctif et naturel que de regarder alors vers ce qu’il y a de plus haut, de plus beau ?
Chacun fait alors son sac : crampons, frontale, veste, piolet, cordes…
Ils savent faire.
Mais…
Cela suffira t-il ?
1 heure du matin : réveil au refuge des Cosmiques, à 3600 mètres.
Les cordées se forment.
Dernier regard en arrière vers la vallée entièrement plongée dans la nuit.
Une première difficulté se dresse alors : une paroi de 600 mètres, verticale, semée de rimées et de glace. Le Mont Blanc du Tacul.
Nos 6 jeunes alpinistes s’appliquent, ne faisant aucune erreur, et sortent cet itinéraire en moins de 3h.
Une longue transition vers le mont Maudit…
Et une sortie au lever du jour où commence à se faire sentir le mal aiguë des montagne.
Fort.
Très fort…
Se dresse alors la dernière difficulté, celle du col de la Brenva, à 4300 d’altitude.
Si le ciel est bleu, magnifique, se lève alors un vent très puissant qui, à cette altitude, prend des proportions dont nul dans les vallées ne peut en soupçonner l’angoisse et les difficultés engendrées.
Chaque pas est alors une véritable souffrance, amenant chacun à plonger au plus profond de soi-même, sur un sol que l’on ne distingue plus sous une neige soufflée à l’horizontal…
Il ne s’agit plus de tenir.
Mais de bien plus fort et grand que cela.
Tout ce pourquoi il se sont préparés, et pour certains, des raisons bien plus profondes qui les animent alors..
Les mots ne sont plus.
Au bout de l’effort, au prix d’une volonté absolue…
Soudain, les pieds ne montent plus : plus rien ne surplombe alors…
Le sommet.
4810 mètres
Et le regard dans le ciel le plus beau du monde.
Des larmes coulent
Immensément
Nos 8 alpinistes ne forment plus qu’un, une seule entité de joie, de partage d’absolu, d’accomplissement si grand, qu’aucun mot ne saurait véritablement retranscrire et expliquer.
Il n’y a alors plus de professeur, plus de guide, plus d’élèves.
Il y a un groupe, une histoire, un instant..
Un petit moment d’éternité.
Il est une autre histoire ensuite que la descente qui allait alors les attendre.
Cette histoire là, ils la garderont pour eux.
Ce projet est né d’une collaboration entre deux amis.
Nicolas Aubin, professeur d’EPS, qui a monté cette classe montagne, épaulé par plusieurs enseignants de la cité scolaire de la Haie Griselle, et Michaël Darquy.
Il est un accomplissement majeur de ce qui peut être réalisé dans nos écoles, venant enrichir et nourrir le développement d’enfants qui trouvent dans ces dispositifs, des lieux et contextes d’épanouissements si grands.
Il est un partage avec tous leurs camarades de classes, qui les ont poussés, suivis, pas à pas dans cette aventure de plusieurs mois.
Il est une reconnaissance envers leurs enseignants, qui les accompagnent et ont cette conviction que quelque chose de grand peut être construit.
Parents, familles, amis.. Un rayonnement si grand..
Pour une aventure si grande.
Ce début de mois de Juin emmènera chacun vers d’autres cieux : baccalauréat, épreuves orales, départs vers d’autres temps et régions universitaires…
Mais chacun gardera à jamais en soi, ce quelque chose hors de tout qui les liera au-delà de ce que l’on peut appréhender ou expliquer avec « des mots d’en bas ». »
Nicolas Aubin
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