« Quand nous parlons d’un migrant qui habite à Gérardmer, on nous demande souvent où il habite et, au fil de la discussion, nous nous rendons compte que beaucoup de personnes ignorent le parcours légal des réfugiés,et quels sont les problèmes qu’ils rencontrent dès qu’ils arrivent en France.
Un exemple : une famille afghane est arrivée à Paris en janvier 2022. Première étape : 50 jours en centre d’accueil en région parisienne, deuxième étape : transfert pour 2 mois (février et mars) à Neufchâteau, troisième étape : nouveau transfert à Gérardmer où un logement meublé leur est attribué au Bergon :
Des logements sont réservés pour les migrants dans l’attente de carte de séjour.
Cela peut être aussi des chambres d’hôtels(en plus ou moins bon état..) dans lesquelles il faut faire les devoirs sur une petite table coincée entre le lit et l’armoire, ou cuisiner sur un réchaud…
Ils peuvent bénéficier des Restau du cœur, de l’aide de la Croix rouge, et, à Gérardmer, d’une offre de vêtements recyclés, au Chalet du Secours Catholique sur la place du supermarché Match .
Si la carte de séjour leur est refusée, ils peuvent faire appel, et si elle est à nouveau refusée ils sont en OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français ).
Pour que leur dossier soit traité, cela peut être rapide (6 mois pour la famille afghane ) ou beaucoup plus long(par exemple 2 ans pour un Irakien et son garçon pour une étude approfondie du dossier et comprendre la légitimité de la demande d’asile ) .
Si cette carte de séjour leur est accordée, ils doivent libérer leur appartement, en trouver un autre à louer, ceci avec l’aide des services sociaux (toutes les aides officielles sont gérées par le CCAS et une assistance sociale) .
Ce nouvel appartement qui va leur être proposé sera sans doute à Épinal ou St Dié.
D’où un nouveau transfert en plein milieu d’année scolaire : les enfants vont quitter des professeurs ou des copains qui les soutenaient, pour devoir encore se réadapter à un nouvel établissement, une nouvelle ville…
En fonction de leur niveau en français, ils doivent aussi suivre des cours de français obligatoires à Épinal ou St Dié .
Par exemple 200 h, 400h ou 500h., 4 jours par semaine en moyenne pour obtenir un niveau minimum et pouvoir alors chercher un travail ( ils ont le droit de travailler uniquement s’ils ont obtenu la carte de séjour).
Cet apprentissage du français est difficile et c’est la première difficulté à dépasser pour pouvoir s’intégrer et travailler.
Certains parlent anglais et cela facilite déjà un peu les échanges. D’autres non, certains ne possédent pas notre alphabet : il leur faut donc déjà apprendre à écrire et lire nos lettres…
Tout cela dans un contexte difficile puisqu’ils arrivent sans meubles, avec très peu de vêtements, pas de matériel scolaire, des problèmes de santé parfois, et que tout est à apprendre et comprendre du fonctionnement de notre société.
Et, de plus, privés d’une famille qui pourrait les aider…
Ils n’auront peut être pas aussi la possibilité, ici de retrouver le métier qui était le leur dans leur pays, et qu’ils aimaient.
Pôle emploi et un dispositif national spécifique peuvent leur offrir des formations pour des métiers en tensions, différents selon les régions.
Le rôle des services sociaux et des associations est donc évidemment très important pour réussir leur intégration .
Quelles sont, à Gérardmer, les associations qui aident les personnes réfugiées ?
La Croix Rouge et les Restau du cœur donnent des cours de français chacun une fois par semaine (le vendredi au mille club près du quartier Kleber, à 13h30 avec les restaurants du cœur) .
Les restaurants du cœur offrent une aide alimentaire deux fois par semaine.
La Croix Rouge offre également des bons d’achat et des vêtements, une prestation mobilité solidaire et un accompagnement pour les formalités administratives.
Le Secours Catholique offre des bons alimentaires pour les situations d’urgence, et donne des cours de français 3 fois par semaine, les lundis, mardis et jeudis à 13h30 à la salle St Gérard près de l’église.
Chaque lundi, dans cette même salle, de 14h00 à 16h, une équipe accueille les personnes en difficulté qui souhaitent une aide ponctuelle, ou ont besoin d’un accompagnement suivi.
Le Comité contre le racisme, le jeudi à 14h30 à la MCL, crée un espace d’échanges pour que chacun puisse parler de son pays, de culture et d’arts, ou autres sujets sur lesquels être heureux de s’exprimer.
Un spectacle avait été organisé en septembre , mélange de danses, chants, musiques, etc des différents pays de nos réfugiés geromois.
Spectacle beau et émouvant…
Asile Accueil 88 à la Maison Blanche au Bergon propose un atelier de français(en partenariat avec le Comité contre le racisme) le mercredi de 16h30 à 18h00, et , chaque veille de vacances scolaires, un « atelier jeux » à la ludothèque.
Asile 88 apporte une énorme aide pour le suivi des papiers, ou la défense de certaines situations dramatiques.
Ils sont extrêmement présents pour soutenir des personnes à qui la carte de séjour n’a pas été accordée, qui sont donc en appel, et dans l’angoisse du résultat…
Nb pour les situations d’urgence : le 115.
Chaque cas est particulier, chaque parcours est porteur de traumatismes, et ce sont des personnes qui ont vécu des peurs et des situations très dures, souvent avec beaucoup de courage et de volonté d’en sortir.
Nous avons vu 4 soeurs et leur Papa apprendre le français en 6 mois, nous posant des questions précises sur la grammaire, le sens d’un mot… Incroyable..
Ils sont pour certains plein d’énergie et de bonne humeur communicatives malgré leur avenir incertain !
Et pour finir.. : le « Grattoir », notre café-accueil-solidaire géromois, est là pour partager le repas des jeudis ou samedis , s’ils le désirent, et apprendre le français en direct en discutant avec les bénévoles du grattoir ou les convives ! Ils peuvent aussi y préparer un repas et nous faire découvrir « la cuisine du monde entier » :
Irak, Géorgie, Afghanistan, Kosovo, Turquie, Syrie, Arménie, Albanie, Algérie, Cameroun, Mali, Italie, Hollande, etc
Des échanges enrichissants qui nous font comprendre leur culture, la situation politique de leur pays et pourquoi ils sont partis ».
Les présidents d’associations cosignataires :
Asile accueil 88 (Anne Marie Riedinger )
Comité contre le racisme ( Lydie Guillemain)
Croix Rouge ( André Jacquelin)
Secours catholique (Paul de Montclos)
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