Il est temps d’ouvrir les yeux et de regarder la réalité en face. Pour la majorité municipale « Tout va très bien Madame la Marquise » !
Ainsi peut-on résumer la situation des comptes de la commune présentée par nos élus lors des séances du Conseil Municipal des 28 Mars et 9 Avril derniers
En regardant de plus près, le tableau présenté est sombre et inquiétant. Il suffit pour cela de mettre en exergue quelques éléments clefs pour s’en rendre compte. Une analyse plus détaillée révèle des faiblesses structurelles préoccupantes.
Un budget sous pression
Si les comptes administratifs 2024 affichent une capacité d’autofinancement brute de 2,59 millions d’euros, une part importante provient de la vente d’actifs communaux, notamment de l’ex base de Ramberchamp. Ces recettes exceptionnelles, estimées à 761 000 € en 2024 et 800 000 € prévus en 2025, ne peuvent constituer une solution durable.
La capacité d’autofinancement nette, qui mesure réellement les marges de manœuvre financières de la commune après remboursement des emprunts, s’effondre à 261 000 €, fin 2024 soit un niveau jugé extrêmement faible par les experts financiers. Si pour le profane, ce terme barbare ne veut pas dire grand-chose, il faut savoir qu’il représente la somme (l’autofinancement) disponible pour les investissements nouveaux ! Avec un niveau aussi bas, cela augure mal du développement futur de la commune.
Les chiffres du budget 2025 le montrent bien : 4,1 millions d’euros seulement inscrits en investissement (contre 22 millions pour le fonctionnement) ! dont 1,4 millions pour le remboursement en capital de la dette, soit 2,7 millions seulement pour l’investissement réel !
Pas de quoi mener une politique ambitieuse de développement !
Une dette colossale
Fin 2023 La dette (pour le budget principal) par habitant atteignait 2 515 €, soit près de trois fois la moyenne nationale pour les villes de taille similaire de 5 000 à 10 000 habitants (967 €). Avec ce ratio, sur les 1 191 villes françaises de cette strate démographique, Gérardmer se situait à la 13ème place pour le seul budget principal, et à une peu glorieuse 3ème place des villes les plus endettées si l’on prend en compte la dette des budgets ski !
Fin 2024, la municipalité affiche un endettement de 17,7 millions d’euros pour son budget principal, auquel s’ajoute la dette du domaine skiable, de 14,12 millions d’euros ,soit une dette totale de 31,82 millions d’euros.
La municipalité va même jusqu’à souligner fièrement, au prix d’un abus de langage, que la commune s’ est désendettée à hauteur de 13 millions d’euros entre le 1/01/20 et le 1/01/25 . Merveilleux !
En vérité, la commune, n’a fait et ne fera en 2025 que rembourser ce qu’elle doit au titre des emprunts contractés par le passé, comme le ferait un ménage !
Le désendettement consiste à rembourser des emprunts par anticipation, ce que la commune n’a pas fait ((à l’exception du remboursement en 2024 d’un emprunt relais de 1 million ) et n’est pas en mesure de le faire compte tenu de l’état de ses finances !
Il ne s’agit pas de poursuivre une politique de désendettement comme l’affirme la municipalité mais de payer sa dette !
Avec 17,7 millions, la dette du budget principal se situe en effet fin 2024 quasiment au même niveau que celui relevé en 2019 par la Chambre Régionale des Comptes (18 millions) et déjà présenté comme un facteur de risque
Heureusement, il est précisé que, compte tenu des échéanciers des emprunts contractés, cette dette sera totalement éteinte c’est à dire remboursée en 2049, soit dans 24 ans !
Il est même expliqué sans sourciller que l’annuité va chuter (en fait, diminuer de moitié) à partir de 2032, et 2036 pour le budget principal ,dégageant de nouvelles marges de manœuvre que la municipalité ose même qualifier de conséquentes .
Magnifique !
A condition bien sûr de ne contracter aucun nouvel emprunt et donc de n’entreprendre aucun investissement important d’ici là, soit pendant 11 ans pour ce qui est du budget principal !il faut dire que de toute façon façon, avec un tel niveau d’endettement, il n’est pas sûr qu’une banque accepte encore d’accorder un nouvel emprunt à la commune. Tout le monde comprendra que cette situation limite considérablement les capacités d’investissement de la ville pour les onze prochaines années.
Les géromois(es) ne devront donc pas s’étonner de voir ici ou là quelques voiries, trottoirs ou bâtiments communaux dégradés (du moins ceux qui n’auront pas été vendus) : il faudra patienter !
Il faut donc arrêter de nous faire prendre les vessies pour des lanternes: la commune de Gérardmer reste surendettée et sa situation financière pour le moins préoccupante !
RENÉ BOURQUIN
Association Gérardmer Avenir
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