Une réunion publique s’est tenue ce vendredi soir à l’initiative de Gérardmer Écologie Solidarité qui souhaitait aborder avec les Gérômois deux sujets essentiels que sont l’avenir de la station de ski ainsi que la mobilité (qui sera évoquée dans un prochain article) à Gérardmer, point évoqué en parallèle du projet de mise en place de parkings payants. Urgence de se réinventer concernant le domaine et potentiellement une « fausse bonne idée » concernant les parcmètres, Gilles Breyer, Eric Defranould, Pierre Guidat et Catherine Voiry ont exposé les enjeux liés à ces deux sujets avant d’ouvrir le débat au public.
En introduction de cette réunion publique, Eric Defranould a tenu à préciser qu’elle avait été organisée faute de l’avoir été par la municipalité de Gérardmer : « Cela fait environ deux ans que nous avons demandé une réunion publique au maire afin de faire un état des lieux de la station et d’en évoquer l’avenir. Ce soir, on ne va pas revenir sur le passé ni même sur l’année à venir où les choix ont déjà été faits, mais nous souhaitons expliquer l’état des finances lié au déficit de la station et ouvrir une discussion avec le public pour qu’en mars, la future équipe municipale puisse s’appuyer sur l’avis et la volonté de la population qui, pour avoir un avis, doit être bien informée. Nous voulions donc exposer la situation de manière objective. (…) Aujourd’hui, la question se pose plus que jamais : doit-on conserver le domaine et son fonctionnement en l’état, sachant que cela anéantit les investissements et projets à venir, et que ça pourrait également mettre en péril les services publics ? Sachant qu’avec le réchauffement climatique qui est une réalité, même si la météo du jour nous fait un clin d’œil, le schéma actuel n’est et ne sera plus viable. »
« Plus de modèle économique viable »
Des propos qu’a prolongés Gilles Breyer, s’appuyant notamment sur le rapport récent de la Chambre des comptes et sur le rapport ClimSnow de la région Grand Est, datant de 2023 et établi par des experts : « Il s’agit d’une étude financée par la Région et basée sur des relevés de Météo-France. » Rapport qui, suite à une étude station par station, stipule notamment que les stations situées en-dessous de 1 300-1 400 mètres seront particulièrement vulnérables (face au manque de neige), avec une augmentation de la température moyenne de +1,1 à +1,8°C d’ici 2040-2060 selon un scénario modéré, tout en sachant que les experts, lors de leur présentation, s’étaient basés sur des chiffres antérieurs et que la réalité des faits semble déjà dépasser leurs prévisions. « D’ici 2035, il n’y aura plus de modèle économique viable sur le ski à Gérardmer », ajoute Pierre Guidat, qui était présent en tant que socioprofessionnel lors de la présentation du rapport. Et Gilles Breyer de rappeler que la station avait perdu sa capacité d’autofinancement depuis 2019, affichant une dette de 14 millions d’euros (soit 7 000€ par foyer fiscal). Avant de conclure : « On peut craindre que l’or blanc ne se transforme en plomb qui risque de peser lourd sur les épaules des Gérômois ! »
Changement de paradigme
« Il faut aussi rappeler que la grande visite de sécurité du télésiège approche, elle devrait couter environ 800 000 €, si ce n’est plus d’ici là », ajoute Eric Defrnould. « Il est urgent d’inventer autre chose à la Mauselaine, il faut changer la vocation du site, ne pas se fermer de portes et ne pas penser uniquement « tourisme » en laissant également la place en parallèle à l’agriculture, à l’industrie et/ou à la production d’énergie (via les réservoirs d’eau notamment). Il ne faut pas limiter notre champ d’investigation au tourisme et réinventer un autre monde avec le site et les infrastructures dont on dispose. Depuis 10 ans, on s’est adapté à petits pas, mais on n’a rien préparé pour l’avenir. Nous sommes face à un changement de paradigme, même s’il est difficile d’accepter que la ressource en neige est vouée à disparaître », déclare Pierre Guidat qui ne veut cependant pas voir la problématique de manière binaire : fermer la station ou la laisser ouverte, estimant que d’autres façons de faire du ski sont possibles, lorsqu’il y a de la neige, à l’image du ski de fond ou du ski de randonnée. Gérardmer Écologie Solidarité, qui appelle donc les Gérômois à s’emparer du sujet, de même en ce qui concerne la mobilité douce, estimant que c’est notamment via la démocratie participative que le salut a des chances de venir.





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