Après une année de sécheresse en 2015, les agriculteurs font face cette année à un contexte météorologique très pluvieux. Depuis le début de l’année, 737mm de précipitations sont recensés alors que la moyenne des quinze dernières années est de 463mm. Des pluies régulières ont arrosé tout le département, des orages violents, voir de grêle ont eu lieu au mois de juin. Le constat est fait, 60% de hausse d’eau par rapport à une année dite « normale ». Dans un contexte économique difficile avec des cours au plus bas, cette deuxième année compliquée en terme de récoltes va impacter encore plus la trésorerie des exploitations. « 2016 est une année atypique qui se ressent dans toute la France » précise Jérôme Mathieu, président de la Chambre d’Agriculture. Ce mercredi matin, un premier bilan des récoltes sur le le département vosgien s’est tenu au GAEC des Trois Epis, à Auzainvilliers.
Triple peine : baisse des coûts, du rendement et de la qualité
Les conséquences de ces fortes précipitations sont nombreuses tant sur le développement des cultures de vente, des cultures fourragères, sur l’arboriculture ou les miels. « Cela fait maintenant un an que nous sommes dans une situation noire et cela, malgré l’année blanche » explique Philippe Clément, président de la FDSEA.
Trois effets ciseaux existent pour les grandes cultures : des rendements hétérogènes, une qualité médiocre entrainant un déclassement des productions de brasserie et meunier en fourrager et des cours qui restent bas. « La polyculture et l’élevage souffre de cette situation, toutes les cordes de l’arc sont en train de céder et nous allons dans une situation compliquée à gérer pour l’agriculteur. » avoue Jérôme Mathieu.
Côté cultures, les moissons qui ont commencé depuis une quinzaine de jours, présentent des rendements et une qualité en dessous de la normale. On estime les pertes de rendements à environ 10% pour les orges d’hiver, mais avec des grands écarts selon les secteurs : des rendements moyens à faibles sur Neufchâteau et jusqu’à 50% de pertes sur le secteur de Dompaire avec, très localement, des parcelles grêlées. La qualité est très en dessous de la normale et des orges brassicoles sont déclassées vers des destinations fourragères, et seront donc moins valorisées. Les récoltes de colza et de blé sont encore en cours de réalisation.
Coté fourrage, si les quantités récoltées sont importantes (environ 25% de plus qu’une année normale), la qualité des ensilages d’herbe n’est pas au rendez-vous. En cause, le retard des fauches et les mauvaises conditions climatiques lors de la récolte, qui ont apporté des quantités importantes de terre dans l’ensilage et donc des problèmes de butyriques par la suite. Face à cette situation météorologique de plus en plus préoccupante, les conseillers de la Chambre d’Agriculture des Vosges, entre autres, se mobilisent pour accompagner les agriculteurs dans la gestion de leurs parcelles et de leurs stocks. Des conseils individualisés et collectifs, se multiplient afin de trouver des solutions pour combler le déficit des récoltes.
La sécheresse de l’année dernière n’a pas permis aux exploitants de constituer des stocks suffisants pour supporter les caprices de la météo de cette année. Ce sont donc les stocks prévus pour l’alimentation des animaux durant l’hiver 2016-2017 qui ont été entamés. « L’hiver va être rude » annonce Jean-Bernard Mangin, l’un des trois exploitants agricoles du Gaec des Trois Epis.
Comme les agriculteurs, les apiculteurs doivent faire face aux aléas climatiques. Les abeilles souffrent d’un manque d’ensoleillement et les récoltes sont proches de zéro. Au niveau du miel, les miellées de printemps (fleur, acacia, tilleul) sont faibles. Les miellées estivales (sapin, montagne et forêt) sont nulles à ce jour.
A.J.
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