La cohabitation entre les différents usagers des routes des cols vosgiens représente un enjeu important tant pour la préservation du site que pour la sécurité et la sérénité des promeneurs, motards et automobilistes. L’an dernier, le trafic moto sur la route des crêtes a notamment entraîné des nuisances qui ont fait l’objet de plaintes émanant d’usagers et d’associations.
Face à ces problématiques, des mesures informatives ou coercitives existent mais les mesures « classiques » visant à l’adoption de comportements plus adaptés ne sont pas assez efficaces. Alors comment faire ?Il a été décidé d’expérimenter une approche basée sur les sciences comportementales : le nudge. Le nudge, « coup de pouce », en anglais, est une méthode d’incitation douce et peu coûteuse pour inciter à la bonne décision et encourager un individu à faire de meilleurs choix et à adopter des comportements plus vertueux pour l’intérêt général ou pour sa propre sécurité. Des suggestions indirectes qui peuvent, sans forcer, influencer les motivations. Exemple : les petites mouches dans les urinoirs.
Après la réalisation d’une étude exploratoire qui a permis de déterminer des freins aux comportements souhaités, notamment en terme de conduite, des ateliers de « co-création » de solutions, composés des représentants des différentes parties prenantes, ont eu lieu ce lundi pendant toute la journée à la Maison de la Montagne à La Bresse. L’objectif affiché : proposer des solutions innovantes. Se sont ainsi rassemblés des représentants de la Fédération française des motards en colère (FFMC) des Vosges, des gendarmes, des membres de SOS Massif des Vosges. Le préfet Yves Séguy a participé à la clôture de ces ateliers.
Les désaccords entre les participants sont évidents. Mais tous essaient de s’entendre pour proposer des solutions pour garantir « la route du respect ». Une application, des ateliers, des points d’info, des sets de table dans les restaurants, des portiques sonomètres, des panneaux d’évaluation « sourires », des moyens d’incitation à la contemplation, du stationnement pour les motards, des effet d’illusion de gravillonnage pour limiter la vitesse… tout un tas d’idées proposées pour améliorer la tranquillité sur les hauteurs, particulièrement en période estivale. Un compte rendu va être réalisé à partir de cette grande séance de « brainstorming » et des solutions devraient être testées et évaluées. Aucun calendrier n’est encore avancé.
« La route des crêtes est une route mythique », affirme Yves Séguy. Cette voie a été quelques temps une frontière, et se situe au cœur d’un espace écologique majeur. Il convient donc de « trouver la meilleure manière de partager ce bien d’exception ». Selon le Préfet, il est préférable de limiter la réglementation. « Point trop n’en faut ». Contrairement notamment à ce qui se fait outre-Rhin, dans la forêt noire, qui n’est pas franchement le paradis des motards. « Je suis de ceux qui considèrent qu’on ne pourra pas tout faire par la réglementation », affirme Yves Séguy. « Je crois beaucoup à la médiation et aux actions partenariales ». Pas question donc de « stigmatiser » les motards. Et pourtant, « il y a des zones qui appellent à un respect tout particulier ». Il convient donc de « se modérer », que l’on soit motard, automobiliste, ou même cycliste ou promeneurs.
Les nuisances sonores pour les habitants et promeneurs sont évoquées, ainsi que l’impact sur l’environnement. Si l’objectif affiché est la recherche de consensus, des points de vue opposés sont exprimés. Dominique Humbert, président de SOS Massif des Vosges, demande lui plus de contrôle routier sur les routes des hauteurs vosgiennes, car il y aurait selon lui « une totale impunité dans ce domaine ». Il faudra encore un peu de travail pour garantir entre tous une bonne cohabitation.
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