Le débat sur la participation financière des détenus à leur incarcération refait surface au plus haut niveau de l’État. Ce lundi 28 avril 2025, lors du journal télévisé de 20h sur TF1, le ministre de la justice Gérald Darmanin a annoncé qu’il soutenait la proposition de loi portée par le député des Vosges Christophe Naegelen. Une prise de position qui relance un dossier sensible mêlant justice, finances publiques et conditions carcérales.
« Il y a une proposition de loi de Monsieur Naegelen notamment qui a été déposée à l’Assemblée nationale, je vais la soutenir, et nous allons travailler ensemble pour que ce soit un montant qui soit symbolique mais important, pour qu’on arrête avec une sorte de laxisme qui s’est glissé dans nos prisons françaises », a déclaré Gérald Darmanin en direct à la télévision.
Une déclaration appuyée par une lettre publiée dans la foulée sur ses réseaux sociaux, adressée aux agents pénitentiaires. Ces derniers, confrontés à une série d’agressions ces dernières semaines, y trouvent un message de soutien fort de la part du ministre : « Je vais aussi mettre en place la participation des détenus aux frais par jour d’incarcération en modifiant la loi : cette somme récoltée ira directement à l’amélioration de vos conditions de travail. »
Une idée relancée après plusieurs années
Christophe Naegelen n’en est pas à sa première tentative. Le député avait déjà proposé une première version de ce texte il y a plusieurs années, sans qu’elle n’aboutisse. Mais fort de son expérience en tant que co-président du groupe d’étude « Prisons et Conditions Carcérales » de 2022 à 2024, et après plusieurs visites dans les établissements de Fleury-Mérogis, Épinal, Maxéville et Écrouves, il revient avec un projet remanié.
La mesure qu’il défend vise à instaurer une contribution obligatoire des détenus reconnus coupables aux frais liés à leur détention, estimés à environ 100 euros par jour. Le député propose une prise en charge de 20 à 25 % de ce montant, soit entre 20 et 25 euros par jour, excluant toutefois les personnes en détention provisoire.
Selon lui, il s’agit d’une forme de « justice sociale » : « Il me paraît cohérent que les détenus participent à leur propre incarcération, plutôt que de faire peser l’intégralité du coût sur la solidarité nationale », expliquait-il récemment.
Une mesure encore à débattre
L’annonce de Gérald Darmanin marque un tournant, reste à en définir les contours concrets : montant exact, modalités de prélèvement, cas particuliers (détenus sans ressources, indigents), et surtout, les conséquences sur le droit à la dignité et à la réinsertion. Le ministre de la justice insiste toutefois sur le caractère « symbolique mais important » de cette participation.
Retrouvez la lettre de Gérald Darmanin publiée sur ses réseaux sociaux :
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