Ce n’est pas vraiment une surprise : juin 2016 et le premier semestre dans son ensemble ont été particulièrement sombres et humides sur la France. La faute à l’absence de conditions anticycloniques, permettant l’installation des dépressions et de leurs perturbations sur notre pays. Frédéric Decker, de MeteoNews, fait le point sur la situation.
Si l’impression est restée largement défavorable en juin, les températures n’y sont pour rien, affichant des valeurs de saison, et même un chouia au-dessus avec 18,0 degrés de moyenne nationale pour une normale 1981-2010 de 17,8 degrés. Ce résultat est toutefois du à des nuits globalement douces sous l’importante couverture nuageuse, compensées par des journées assez fraîches. Les températures moyennes nocturnes affichent en effet jusqu’à 3 degrés d’excédent localement sur le quart nord-est. A l’inverse, les températures diurnes sont déficitaires à l’ouest d’une ligne Pau-Metz.
La chaleur a été plus rare qu’habituellement malgré un pic assez marqué les 22 et 23 juin. Le minimum du mois est de 2,1 degrés à Mouthe le 20. En plaine, c’est à Saint-Girons, en Ariège, qu’il a fait le plus frais avec 4,9 degrés le 1er à l’aube. Le maximum du mois a été atteint le 22 au Cap Ferret avec 37,0 degrés.
Le bilan thermique du premier semestre indique un léger excédent de 0,4 degré en France (10,8 au lieu de 10,4 degrés), essentiellement du aux mois de janvier et février très doux. Les quatre mois suivants (mars à juin) ont été très proches des valeurs habituelles, voire un peu frais.
Encore beaucoup d’humidité.
Dans le prolongement du printemps très arrosé, juin est resté pluvieux. L’hexagone a en effet reçu 65 mm de pluie en juin 2016 pour une normale de 54 mm, l’excédent est donc de 20%. Les passages pluvieux plus nombreux qu’habituellement auxquels se sont ajoutés des épisodes orageux parfois très marqués expliquent ces cumuls de précipitations importants, en particulier sur le tiers nord du pays. Il est par exemple tombé 160 mm à Strasbourg, 162 mm à Lille, 181 mm à Phalsbourg et jusqu’à 266 mm à Besançon, soit parfois plus de trois fois les normales de saison !
Une relative sécheresse s’est imposée en revanche sur les régions méridionales, en particulier à Marseille où il n’est tombé que 1 mm dans le mois.
Ce premier semestre a été très arrosé sur la France avec un cumul moyen national de 477 mm pour une normale de 363 mm. L’excédent atteint 31%. Depuis 1946, seules quatre années ont atteint ou dépassé ce chiffre : 1951, 1977, 1978 et 1979, le record appartenant à 1978 avec 499 mm. Toutefois, de nombreuses stations du tiers nord du pays ont battu leur record du premier semestre le plus pluvieux depuis les premiers relevés météo.
Ensoleillement… catastrophique !
Dans le prolongement des mois précédents, juin a été boudé par le soleil. L’astre du jour a en effet brillé 171 heures seulement dans le mois sur le pays, un chiffre égalant le record de faiblesse du mois de juin 1997 !
Des chiffres exceptionnellement bas, records, se sont multipliés sur la moitié nord : 84 heures de soleil seulement à Brest (moins de 3 heures par jour !), 90 heures à Rennes, 91 heures à Rouen, 107 heures à Roissy… Cela représente moins de la moitié des normales ! C’est à Calvi, en Corse, que le soleil a été le plus généreux avec 325 heures de présence, chiffre pilepoil dans la normale.
Sur les six premiers mois de l’année, la France a connu 827 heures de soleil, deuxième valeur la plus basse depuis 1946 se plaçant juste derrière 2013 et ses 804 heures. Le déficit atteint 15%. L’an dernier, nous avions eu 1049 heures d’ensoleillement au premier semestre, et le record de fort ensoleillement appartient à 1976 avec 1200 heures tout rond.
Un mois de juin à l’image du premier semestre : à peu près de saison finalement côté températures grâce à des nuits douces mais sous des journées fraîches, très arrosé et extrêmement sombre. L’été météo débute normalement le 1er juin. Il ne s’est pas encore installé cette année. On retiendra bien sûr les inondations dramatiques de la fin mai et début juin du Centre au Bassin Parisien d’une part, et d’autre part les très violents orages du début du mois dans les Hauts-de-France, en particulier entre Mondicourt et Pas-en-Artois où des orages de types séculaires (jusqu’à 100 mm en 1 à 2 heures) ont provoqué des inondations extrêmes.
Frédéric Decker, MeteoNews SA, vendredi 1 juillet 2016, 11 heures 00.
0 commentaire