La 27ème édition du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges bat son plein aux 4 coins de la ville voilà maintenant une journée.
Assurément complexe, sa thématique amène à s’interroger si le monde va-t-il plus vite. Et par extension si ce même monde va-t-il désormais trop vite. Des éléments de réponse à cette vaste interrogation ont été apportés vendredi soir à l’Espace Georges-Sadoul, où s’est déroulée la traditionnelle séance inaugurale, à laquelle ont assisté de nombreux élus – de la Ville, du Département et de la Région – des représentants des autorités civiles, de l’ADFIG et de l’organisation du festival. Avec la question « Un monde qui va plus vite ? » en guise d’arrière-plan, les intervenants se sont succédés 2 heures durant au pupitre installé sur la scène de la salle Yvan-Goll. Exprimant à tour de rôle leurs idées et points de vue quant à l’interrogation qui se trouvait alors derrière eux, tous ont tenu à remercier l’ensemble des acteurs grâce à qui le FIG est de retour chaque automne, que ce soit son président-fondateur Christian Pierret, les membres de l’ADFIG, les nombreux intervenants, les non moins nombreux bénévoles, les employés des services de la Ville et les financeurs du festival.
« La question à se poser est « Un monde qui va plus loin ? ». Nous avons un nouveau rapport au monde, celui de la mobilisation totale, du toujours connecté. Ce rapport a aboli les notions d’espace et de temps. C’est à cela qu’il faut penser, et vite » estime Philippe Pelletier, co-directeur scientifique du festival avec Béatrice Collignon, avant d’annoncer à l’assemblée que le duo de géographes cédera son double siège après cette édition 2016. Pour Christian Pierret, « nous devons désormais nous adapter en permanence. Le monde change de plus en plus vite, bien que plus rapidement pour certains que pour d’autres, alors qu’avant le monde changeait peu d’une génération à une autre. Avec l’accélération des vitesses de déplacement, nous avons l’impression d’une compression de l’espace. Nous vivons sans l’instantanéité du changement, où une information chasse l’autre. Ce monde va certes plus vite, mais pas forcément pour le bien, car son accélération laisse beaucoup d’exclus sur le bord du chemin. Le thème retenu cette année est d’un enjeu sociétal ».
David Valence, qui endossait hier soir à la fois la casquette de maire de Saint-Dié-des-Vosges et de représentant du président du Conseil Régional de la région Grand Est Philippe Richert – excusé – a pour sa part insisté sur l’exercice du discours, un exercice qui « rappelle un certain nombre d’évidences. L’évidence du FIG est qu’il est un festival fait de modernité et d’émotions, nourrit de la passion des géographes ». « Ici, vous êtes dans une ville qui va plus vite et qui croit en la modernité, une modernité résolue. Chers amis Belges, vous êtes à Saint-Dié-des-Vosges chez vous, car nous étions à cet endroit même en Gaulle Belgique il y a maintenant quelques millénaires. Enfin, je veux croire qu’aujourd’hui, demain et après-demain, nous allons former ce rêve, que nous réussirons à repousser tous ensemble les passions mauvaises. Ce rêve, nous ne l’avons pas encore atteint, car ces passions mauvaises sont encore d’actualité ».
« 26 ans est un âge où l’on entre dans la vie active, où l’on obtient ses premières victoires après avoir fait ses premières armes. Le FIG est un beau jeune homme pour qui s’ouvre un avenir prometteur » affirme quant à lui Laurent Monbrun, en maniant la métaphore. Les allocutions terminées, la cérémonie s’est terminée par la leçon inaugurale, donnée comme le veut la tradition par le président du festival. C’est donc l’historien Patrick Boucheron qui, après Antoine Compagnon l’an passé, s’est chargé de prononcer cette leçon un peu particulière. Et de déclarer que « l’idée de l’accélération du monde est un lieu commun, un lieu où l’on s’y retrouve et que l’on habite collectivement. Le monde est mesure car le monde est marchandise. La marchandise du monde est une question politique, puisque dominer est se faire consommateur du temps des autres ». Selon lui, « le monde ne va pas forcément plus vite qu’auparavant. Il faudra 2 à 3 générations pour digérer notre monde. Nous n’avons encore aucune ressource pour comprendre ce qui nous arrive actuellement. Le monde ne va pas assez vite, il est désespérément lent à penser sa mutation. Mais il ne peut en être autrement ». Le Festival International de Géographie se poursuit aujourd’hui samedi et demain dimanche. Le programme ainsi que toutes les informations relatives à cette 27ème édition sont à retrouver sur http://www.fig.saint-die-des-vosges.fr/
J.J.
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