Décembre a été très atypique avec des records de hautes pressions, que ce soit en moyenne mensuelle ou en valeur maximale. Conséquences : une sécheresse et un ensoleillement records. Un mois atypique qui clôt une année… atypique, franchement coupée en deux. Frédéric Decker, de MeteoNews, revient sur les événements climatiques marquants de l’année.
Un anticyclone extrêmement statique nous a concerné durant tout le mois de décembre. En région parisienne, le baromètre n’est jamais descendu sous la barre des 1020 hPa (1020.5 hPa le 3 pour le minimum). La pression atmosphérique moyenne mensuelle atteint 1030.1 hPa. Tous mois confondus, il faut remonter à février 1993 pour trouver un équivalent (1030.2 hPa) et à décembre 1991 pour une valeur quasiment égale à 0.1 hPa près (1030.0 hPa). Le record absolu appartient toujours à février 1959 avec 1032.6 hPa de moyenne mensuelle. D’autres mois ont été plus anticycloniques que décembre 2016 : janvier 1992, janvier 1989 ou encore janvier 1964.
Conséquences sur ce mois de décembre : une sécheresse record ! Avec seulement 20 mm de précipitations reçues en moyenne nationale, décembre 2016 bat décembre… 2015 et ses 25 mm ! Certaines stations n’ont pas reçu une goutte d’eau ou le moindre flocon, notamment dans les Alpes où la série de jour sans eau atteint désormais 50 jours en ce tout début janvier. Un record, qui plus est atteint en plein coeur de l’hiver. Décembre 1971 s’était déjà déroulé sans précipitations su une partie des Alpes, mais la série de jours secs s’étaient arrêtée plus vite que cette année. A noter un second semestre particulièrement sec sur l’hexagone avec seulement 262 mm, tout proche du record de 1985 et ses 255 mm, et juste devant
1989 et 265 mm.
Autre record en décembre : l’ensoleillement. Le soleil a brillé 119 heures en moyenne sur le pays, soit une heure de plus que le record de décembre 2013. Fort est de constater d’ailleurs une multiplication des mois de décembre très ensoleillés depuis 2001, pas moins de cinq avec 100 heures ou plus (2001, 2007, 2013, 2015 et 2016) contre trois seulement entre 1946 et 2000 (1972, 1983 et 1991). Cette anomalie récurrente ne concerne toutefois pas d’autres mois de l’année. De nombreuses stations ont battu leurs records, notamment entre la Normandie et les frontières du nord-est, en dehors du Val de Saône souvent resté sous la grisaille.
Décembre 2015, très anticyclonique, avait explosé tous les records de douceur sur plusieurs siècles. Ce n’est pas le cas cette année. Avec une moyenne mensuelle nationale de 6,1 degrés, décembre 2016 se situe 0,2 degré au-dessus de la normale 1981-2010. Des écarts remarquables ont toutefois été observés par endroits en raison d’inversions thermiques très marquées durant la majeure partie du mois. Un déficit de plus de 2 degrés concernent notamment le Mâconnais. Il faut même remonter à décembre 1990 pour retrouver un mois de décembre au moins aussi froid à Mâcon. A l’inverse, le Morvan, les sommets vosgiens, alpins et quelques secteurs du Massif Central ont connu un excédent de 2 degrés voire un peu plus.
Décembre donc exceptionnellement sec et ensoleillé, mais avec des températures de saison, un peu à l’image du deuxième semestre 2016… mais pas à celle de l’année dans son ensemble, marquées par deux semestres radicalement opposés !
Une année classique… et atypique !
Les chiffres annuels de précipitations, globalement proches des normales avec 739 mm de moyenne nationale pour une normale de 769 mm, cachent d’énormes disparités temporales. Le premier semestre a reçu beaucoup d’eau, en particulier les mois de janvier, février et mai, ainsi que juin dans une moindre mesure. Lors des six premiers mois de l’année, la France a reçu 477 mm de précipitations, quatrième valeur la plus élevée derrière 1951, 1977 et 1978. La tendance a ensuite basculé dans l’excès inverse avec une chaleur remarquable voire exceptionnelle de juillet à décembre, avec 262 mm de
pluie seulement, deuxième valeur la plus basse derrière les 255 mm de 1985.
Rappelons les inondations parfois séculaires de fin mai – début juin sur le bassin de la Seine, en particulier sur le Loing en Seine-et-Marne qui a connu une crue record, plus que centennale ! Les pluies records de mai et début juin, parfois plus de 200 mm en 10 à 15 jours, ont contribué bien sûr à ces inondations très tardives et remarquables de la région Centre à la Picardie. Malgré la chaleur de l’été, le nombre de jours d’orage a été bien faible sur la plupart des régions, parfois la moitié seulement des normales (11 jours en Essonne pour une normale de 21). Le nombre de jour de neige est également déficitaire, surtout à cause de la fin d’année anormalement sèche.
Mêmes causes, mêmes effets sur l’ensoleillement. Le cumul annuel moyen national atteint 1923 heures, valeur légèrement inférieure de la normale de 1979 heures. Le découpage est très inégal d’un semestre à l’autre : 827 heures seulement de janvier à juin, deuxième valeur la plus basse juste derrière 2013 (804 heures). Sans être exceptionnel, le bon ensoleillement de la période juillet à décembre rattrape quasiment tout le retard avec 1096 heures. Dix deuxièmes semestres ont toutefois dépassé 2016 avec un record à 1175 heures en 1985. Un mois a battu son record de faiblesse (juin avec 171 heures) et décembre a battu son record de fort ensoleillement (119 heures).
Côté thermomètre, 2016 se démarque des deux années précédentes exceptionnellement chaudes. Bien qu’encore excédentaire, 2016 et ses 12,72 degrés de moyenne nationale annuelle se rapproche de la normale 1981-2010 qui est de 12,30 degrés. Depuis 1946, treize années ont été plus chaudes que 2016, toutes s’étant produites après 1988 dans un contexte de réchauffement climatique confirmé. Trois mois dans l’année ont été déficitaires en températures : mars, avril et octobre. Deux ont été parfaitement conformes à leurs normales : mai et novembre. Les autres ont été plus ou moins
excédentaires, septembre ayant été le plus chaud proportionnellement à sa normale avec 2,1 degrés d’écart positif.
Rappelons que l’hiver 2015-2016 battait tous les records de douceur. Contrairement à l’hiver 2006-2007 qui détenait l’ancien record, le printemps a basculé dans une certaine fraîcheur.
Des chiffres nationaux donc proches des chiffres habituels sur tous les paramètres, cachant d’énormes disparités d’un semestre à l’autre. En dehors des importantes inondations de la fin du printemps et du début d’été, on notera une année très calme et très peu de phénomènes violents ou extrêmes en France en cette année 2016.
Frédéric Decker, MeteoNews SA, mercredi 4 janvier 2017, 10 h.
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