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vendredi 22 novembre

Le 15 aout : l’autre fête nationale française

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Le 15 août, les catholiques célèbrent l’Assomption de Marie. Fête populaire, de nombreux dictons y sont associés, liés à la vie rurale, tels que « Avant la Bonne-Dame, tu peux labourer quand tu veux, après la Bonne-Dame, tu laboures quand tu peux » ou « Pluie de l’Assomption, huit jours de mouillon ».

Un mois et un jour après le 14 juillet, cette date a une importance spéciale pour la France et un caractère national. C’est un jour férié et on compte de nombreuses processions, des feux d’artifice, et autres festivités dans le pays, comme ici ou .

L’Assomption de Marie

L’Assomption de Marie (Dormition dans la tradition orientale) est la croyance orthodoxe et catholique selon laquelle la Vierge Marie, mère de Jésus, a été à la fin de sa vie élevée au Ciel corps et âme. Cette croyance ne se fonde pas sur des passages bibliques mais sur une longue tradition et des textes apocryphes. Elle est définie comme dogme par l’Église catholique en 1950.

« La fête de l’Assomption est née à Jérusalem, mais il est difficile de savoir à quelle époque. L’origine précise de la fête du 15 août tient peut-être à la consécration à cette date, par l’évêque Juvénal (422 – 458) L'Assomption de la Vierge peint par Michel Sittow, vers 1500d’une église dédiée à Marie à Kathisma (étape supposée de la Vierge entre Nazareth et Bethléem). Elle a plus probablement pour origine la consécration d’une autre église à Gethsémani, à côté de Jérusalem, au VIème siècle, là où certaines traditions affirmaient que la Vierge avait fini sa vie terrestre », explique Mgr Michel Dubost, évêque émérite du diocèse d’Évry-Corbeil-Essonne et administrateur apostolique du diocèse de Lyon « Quoi qu’il en soit, la fête fut étendue à tout l’empire par l’empereur Maurice (582 – 602), sous le nom de Dormition (Koimelis) de la Vierge Marie. Elle a toujours été célébrée le 15 août. Cette fête, en Orient, a toujours depuis revêtu une importance particulière : l’année liturgique « s’ouvre » quasiment avec le 8 septembre –fête de la naissance de Marie- et « s’achève » le 15 août, fête de son retour à Dieu : toute l’année liturgique est ainsi placée sous le patronage de Marie.

Comme souvent à cette époque, l’Eglise de Rome est en retard sur l’Eglise de Constantinople : on est sûr que la fête de l’Assomption n’y était pas célébrée sous Grégoire le Grand († 604) mais qu’elle l’était en 690. On pense donc qu’elle fut instaurée par la Pape Serge 1er (687 – 701), lui-même d’origine syriaque.

Elle fut longtemps accompagnée d’une procession nocturne qui a été supprimée par le Pape Pie V (en 1566), à cause des nombreux abus qui l’entouraient. Elle a longtemps été précédée d’un jeûne et, en différents diocèses de l’Europe du Sud, elle pouvait être le temps de la bénédiction du fourrage et de l’offrande des premières récoltes. »

(source : eglise.catholique.fr)

L’autre fête nationale française

C’est au roi Louis XIII que nous devons le caractère « national » du 15 aout. Le monarque aurait d’abord consacrée sa personne et son Royaume à la Vierge Marie « dans le secret de son coeur » avant de l’implorer de lui donner un héritier, alors attendu depuis 22 ans. Une grossesse ne tarde pas à suivre pour Anne Philippe de Champaigne, Le Vœu de Louis XIII (1638)d’Autriche. Dès la confirmation de la grossesse, Louis XIII publie l’édit officiel qui consacre solennellement la France à Marie. Louis XIV naîtra l’année suivante. Il sera également prénommé Louis-Dieudonné car la naissance inattendue de l’héritier du trône est considérée comme un don du Ciel.

Voici quelques extraits du « Vœu de Louis XIII », donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil-six-cent-trente-huit (10 février 1638), qui consacre la France à Marie, en action de grâce :

« Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand’messe qui se dira en son Eglise cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit jour, il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.

Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les Cours de Parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d’autant qu’il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, 1920px-Flag_of_Acadia.svgnotre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir »

La fête nationale des acadiens

Les Acadiens sont une nation francophone vivant en Amérique du Nord, dans les provinces canadiennes du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse (qui forment l’Acadie) et du Québec, ainsi que dans l’État américain du Maine. Les ancêtres des Acadiens proviennent principalement de l’ouest de la France.

La fête nationale de l’Acadie est le premier des symboles acadiens qui fut choisi, lors de la première convention nationale, à Memramcook en 1881. Et c’est le 15 aout qui a été désigné. A l’occasion de cette fête, on organise notamment le fameux « Tintamarre », une tradition qui consiste à marcher à travers les villes en faisant du bruit. La pratique est destinée à démontrer la vitalité et la solidarité de la société acadienne, et pour rappeler la présence des acadiens.

Fête nationale de l'Acadie en 1909, Shédiac (Nouveau-Brunswick)

Fête nationale de l’Acadie en 1909, Shédiac (Nouveau-Brunswick)

L’abbé Marcel-François Richard a défendu le choix du 15 aout :

« En effet, il me semble qu’un peuple qui, pendant plus d’un siècle d’épreuves et de persécutions, a su conserver sa religion, sa langue, ses coutumes et son autonomie, doit avoir acquis assez d’importance pour mériter qu’il adopte les moyens d’affirmer son existence d’une manière solennelle; et cela ne saurait se faire plus efficacement que par la célébration d’une fête nationale qui lui soit propre (…) Nous devons tâcher de nous choisir une fête qui nous rappelle notre origine. J’ose même affirmer que la fête de l’Assomption a toujours été et doit être toujours la fête nationale des Acadiens, descendants de la race française. Louis XIII a fait vœu de consacrer son empire à la Sainte Vierge et il voulut que la fête de l’Assomption fût la fête nationale du royaume. Or peu d’années plus tard, il envoya des colons prendre possession de l’Acadie. »

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